Après la double victoire de Jéricho et d’Aï, six nations du pays se coalisent pour faire la guerre à Josué et à Israël (versets 1, 2).
Ce sont précisément – à l’exception des Guirgasiens qui ne sont pas mentionnés ici – les nations qu’Israël devait déposséder. Le passage de l’arche à travers le Jourdain (3. 10, 11) avait déjà montré que le Dieu vivant était là pour détruire ces nations et donner leur pays en héritage à son peupleNéhémie 9. 8. Les instructions divines étaient formelles à leur égardDeutéronome 7. 1, 2. Il fallait les détruire entièrement et ne jamais traiter alliance avec elles.
L’une d’elles, le Hévien (les Gabaonites), occupe dans le récit une place particulière. Ce peuple habitait les quatre villes de Gabaon, Kephira, Beéroth et Kiriath-Jéarim (verset 17). Par ruse, les Gabaonites entreprennent de s’introduire au milieu du peuple d’Israël pour échapper au jugement qui devait les atteindre. C’est l’épisode du chapitre 9, dont les conséquences immédiates pour Israël sont tirées au chapitre 10. Ces deux chapitres nous enseignent comment une chute dans la marche du chrétien (ou du peuple de Dieu) sur la terre peut porter des fruits amers pour toute la vie.
Avant que la guerre ouverte ne se déclare entre Israël et les nations, il faut faire face aux ruses des Gabaonites. C’est ainsi que le chrétien doit tenir ferme contre les “artifices du diable” Éphésiens 6. 11 déguisé en “ange de lumière” 2 Corinthiens 11. 14, avant d’engager le conflit contre Satan exerçant la violence du “lion rugissant” 1 Pierre 5. 8.
Les Gabaonites trompent le peuple d’Israël. Ils disent venir d’un pays très éloigné (verset 9), alors qu’ils étaient voisins (verset 16). Se présentant même au nom de l’Éternel, ils ajoutent la flatterie religieuse, une arme redoutable dans la main de l’adversaire. C’est un exemple frappant de la prudence des fils de ce siècle par rapport à leur générationLuc 16. 8. Comment blâmer ces hommes de chercher ainsi par des moyens humains à échapper au jugement ? Toutefois, à la différence de Rahab, ce n’est pas la foi qui les fait agir, mais une prudence humaine qui emploie des artifices charnels. Plus tard, la femme cananéenneMatthieu 15. 22-28, appartenant à une race vouée au jugement, viendra aussi à Christ par la foi pour recevoir le salut.
La responsabilité de Josué et du peuple d’Israël était tout autre que celle des Gabaonites, car les oracles de Dieu lui avaient été confiésRomains 3. 2. Le camp était bien à Guilgal, là où la pensée de Dieu pouvait leur être révélée ; mais, malheureusement, on oublie d’interroger la bouche de l’Éternel (verset 14). La Parole avait été honorée à Sichem (8. 32), et maintenant la prière est négligée à Guilgal. Une position collective conforme à l’enseignement de la Parole ne nous préservera pas si nous ne recherchons pas constamment la pensée de Dieu par la prière dans chaque circonstance !
De plus, les hommes d’Israël prennent des provisions des Gabaonites : ils goûtent la communion avec le monde. C’est aussi ce qu’a fait l’assemblée sur la terre. L’histoire de Pergame correspond à la période où l’empereur Constantin établit la puissance romaine civile comme protection de l’église céleste. L’Esprit Saint doit déclarer à celle-ci : “Je sais où tu habites, là où est le trône de Satan… parmi vous, là où Satan habite” Apocalypse 2. 13, c’est-à-dire dans le monde.
Les inquiétudes légitimes des hommes d’Israël (verset 7) sont balayées par la décision hâtive mais irrévocable de Josué et des princes de l’assemblée (verset 15). Ceux-ci font la paix avec les Gabaonites, traitent alliance avec eux et s’obligent par serment au nom de l’Éternel, le Dieu d’Israël (verset 18). La vérité éclate trois jours plus tard ; on comprend les murmures de l’assemblée d’Israël contre les princes. Mais, de la même manière que le péché d’un seul, Acan, avait souillé toute l’assemblée, la décision de Josué et des princes engage maintenant tout le peuple d’Israël.
Que ceux à qui le Seigneur a confié dans les assemblées une place particulière de responsabilité veillent soigneusement sur eux-mêmes. Qu’ils écoutent leurs frères pour ne pas engager l’assemblée locale dans un chemin qui n’est pas celui de la vérité !
Lors de la défaite d’Aï, le peuple s’était confié dans sa propre force et avait dû faire l’expérience de sa faiblesse. Dans l’affaire des Gabaonites, les principaux du peuple s’appuient sur la sagesse de l’homme sans consulter Dieu. La convoitise d’Acan montre en figure comment le monde et le péché peuvent s’introduire dans le cœur du chrétien. L’infidélité d’Israël à l’égard des Gabaonites montre maintenant comment le monde peut pénétrer dans la marche du peuple de Dieu.
En définitive, les Gabaonites ont la vie sauve (verset 26) : telle est la souveraine grâce de Dieu, bien que leur action soit aussi inexcusable que celle de l’économe injuste dans le récit déjà citéLuc. 16. 8. En conséquence, s’ils sont dès lors associés au peuple de Dieu, ils restent étrangers et serviteurs pour toujours, à cause de leur tromperie (verset 23).
La faute d’Israël dans l’affaire des Gabaonites était plus grave que celle d’Acan, en raison de ses conséquences lointaines dans toute l’histoire du peuple.
Quatre siècles plus tard, les résultats se manifestent lorsque Saül, dans son zèle pour les fils d’Israël, avait cherché à les frapper2 Samuel 21. 2. Trois ans de famine pour le peuple entier et la mort infamante des sept fils du roi sont les tristes fruits de l’égarement de Saül qui avait rompu le serment fait au nom de l’Éternel. Combien la chair, même dans un roi, est éloignée de la pensée de Dieu ! Saül épargne les Amalékites alors qu’il fallait les détruire1 Samuel 15. 11, mais il porte la main sur les Gabaonites, au lieu de les laisser vivre tranquillement au milieu du peuple. Lorsque Israël s’est purifié de la faute de Saül à leur égard, “après cela, Dieu fut propice au pays” 2 Samuel 21. 14.
L’histoire des Gabaonites parmi les fils d’Israël se poursuit par deux notes plus heureuses dans l’histoire du peuple :
Une application pratique importante pour nous de ce récit, c’est de veiller à ne pas nous engager légèrement dans des situations personnelles vis-à-vis des autres – nos frères ou des personnes du monde – dont nous ne pourrions plus nous libérerProverbes 6. 1, 2 ; Romains 13. 8. En effet, la fidélité à Dieu exige de satisfaire scrupuleusement à tous les engagements que nous avons contractés : c’est le premier témoignage à rendre vis-à-vis du monde.