Une nouvelle étape s’ouvre maintenant dans l’histoire du peuple. L’assemblée d’Israël se transporte du camp de Guilgal à
Jusque-là, le peuple s’était réuni au camp de Guilgal, le lieu du roulement de l’opprobre de l’Égypte (figure pour nous du jugement de la chair par la mort de Christ). Guilgal avait été le point de départ des combats et le secret des victoires. Puis le peuple était venu à Ébal où l’autel avait été bâti. Il avait eu confirmation de la loi écrite sur les pierres, au moment où il prenait formellement possession du pays de la promesse.
Maintenant le camp d’Israël se transporte à Silo (la paix), au nord de Béthel. La tente d’assignation (le tabernacle) y est établie ; la distribution du pays par le sort y sera faite, en présence de Josué et d’Éléazar le sacrificateur (19. 51).
Josué invite alors l’assemblée des fils d’Israël à se fortifier pour achever la conquête du pays (18. 3) et à mesurer l’étendue de sa possession. De même, l’apôtre Paul demande pour les Éphésiens que les yeux de leur cœur soient éclairés pour savoir quelles sont les richesses de la gloire de l’héritage de Dieu dans les saintsÉphésiens 1. 18 ; et ensuite qu’ils comprennent avec tous les saints, quelles sont les dimensions (probablement celles des desseins de Dieu), et d’en connaître le centre, “l’amour de Christ qui surpasse toute connaissance” Éphésiens 3. 18, 19.
Trois représentants (un témoignage complet) de chacune des sept tribus sont donc envoyés pour parcourir le pays et en établir le relevé. Les deux tribus de Juda et de Joseph avaient déjà reçu leur héritage (18. 5), alors que Lévi recevait confirmation de la sacrificature de l’Éternel (18. 7). Les résultats du relevé sont consignés dans un livre conservé à Silo en présence de Josué. Les sept tribus connaissaient donc les limites de leur héritage. En prendre effectivement possession était une autre étape. Il en est de même pour nous, chrétiens. La puissance de Dieu envers nousÉphésiens 1. 19 nous fait connaître notre héritage. Mais c’est par la puissance de Dieu en nousÉphésiens 3. 20 que nous pouvons y habiter par la foi. Le passage de la connaissance objective des bénédictions divines à leur réalisation subjective s’acquiert par le combat contre les puissances spirituellesÉphésiens 6. 11, 12. C’est un combat de la foi, à laquelle il faut ajouter la vertu, c’est-à-dire le courage moral2 Pierre 1. 5.
Benjamin était le fils de la peine de sa mère Rachel (Ben-oni). Son père Jacob l’avait appelé par la foi le fils de sa droite (Benjamin) Genèse 35. 18. Il était aussi le bien-aimé de l’Éternel qui devait habiter auprès de luiDeutéronome 33. 12.
La portion de Benjamin est précisément contiguë à celle de Juda, c’est-à-dire la plus proche de Jérusalem. Le caractère de violence naturelle, déjà discerné par Jacob (un loup qui déchire) Genèse 49. 27 exposera cette tribu aux tristes événements de Guibha au temps des Juges. Néanmoins, Benjamin demeure un magnifique type de Christ : “Que ta main soit sur l’homme de ta droite, sur le fils de l’homme que tu as fortifié pour toi” Psaume 80. 18.
Siméon, associé à son frère Lévi, avait entrepris de venger le déshonneur de leur sœur Dina par la violenceGenèse 34. 25. Ils demeuraient en conséquence sous la sentence de leur père d’être divisés en Jacob et dispersés en IsraëlGenèse 49. 7. Mais combien il est merveilleux de voir que Dieu, tout en confirmant la prophétie de Jacob à l’égard de Lévi, accomplit sa pensée de mettre à part cette tribu pour le service de son sanctuaire.
La part de Siméon n’a pas été comparable : sa tribu est demeurée en petit nombre, habitant au milieu de son frère Juda (19. 9). Dix-sept villes leur sont attribuées parmi les cent douze villes de Juda1.
Zabulon était le sixième enfant de Léa et le dixième fils de Jacob par sa naissance. Son histoire, depuis le début, nous parle des dangers des relations avec le monde du commerce et des affaires (la côte, les navires et Sidon) Genèse 49. 13.
Sa part en Israël lui échoit non loin du lieu où son cœur le portait. Dieu s’est toutefois conservé au milieu de cette tribu un résidu pour son cœur : “Gardant leur rang, n’ayant point un cœur double” 1 Chroniques 12. 34.
Proche de Zabulon par sa naissance (cinquième enfant de Léa), Issacar obtient sa portion à côté de celle de son frère. C’est l’image du repos dans le monde et de l’esclavage qui en est la suite inéluctableGenèse 49. 15. Toutefois, un résidu parmi cette tribu conservera l’intelligence de la pensée de Dieu pour son peuple : “Des fils d’Issacar qui savaient discerner les temps pour savoir ce que devait faire Israël” 1 Chroniques 12. 33.
Aser, dont la part devait être la prospérité royaleGenèse 49. 20, échange maintenant sa bénédiction pour les lieux de la Phénicie : Sidon, la grande ville et Tyr, la ville forte, toutes deux images du “présent siècle mauvais” Galates 1. 4.
Limité à l’orient par le Jourdain, le territoire de Nephthali touchait les possessions d’Aser, de Zabulon et d’Issacar. C’est la Galilée, où le Seigneur accomplira la plus grande partie de son ministère de grâce : “Le pays de Zabulon et le pays de Nephthali,… Galilée des nations : le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière” Ésaïe 8. 23, 1.
La biche lâchéeGenèse 49. 21, goûtant la liberté, était bien maintenant “rassasiée de faveur et comblée de la bénédiction de l’Éternel” Deutéronome 33. 23.
Dans une même famille, les frères les plus proches selon la chair2 ont des destinées bien différentes. Avec Dan, nous avons la source de l’apostasie, et le développement de la violence.
L’énergie apparente du lion de BasanDeutéronome 33. 22 était en fait au service du mal : “un serpent sur le chemin et une vipère sur le sentier” Genèse 49. 17. La triste histoire de cette tribu confirme la prophétie de Jacob. C’est l’esprit de Caïn (la violence et le meurtre) qui bâtit une ville en lui donnant le nom de son fils Hénoc (19. 47) Genèse 4. 17.
La violence conduit à la première manifestation publique de l’idolâtrie parmi le peuple de Dieu : Jonathan, petit-fils de Moïse, est établi sacrificateur des faux dieux, alors que la maison de Dieu était encore à SiloJuges 18. 30, 31. De quoi nos cœurs naturels ne sont-ils pas capables ! Dan n’était-il pas un fils des patriarches qui avaient honoré Dieu par leur foi ?
Cette partie de l’histoire d’Israël se termine heureusement sur une note élevée. En dépit de son âge et du déclin de ses forces naturelles (13. 1 ; 23. 1), Josué reçoit de Dieu l’énergie pour bâtir la ville de Thimnath-Sérakh qui lui est donnée en héritage. Il y habite (19. 50), au milieu de son peuple et de sa tribu, car Josué était ÉphraïmiteNombres 13. 9 ; 1 Chroniques 7. 27. L’Éternel aura plus tard une compassion particulière à l’égard d’ÉphraïmJérémie 31. 20 ; Osée 14. 8. Ainsi s’achève le partage du pays à Silo, devant l’Éternel, à l’entrée de la tente d’assignation, là où le peuple était assemblé en présence de son Dieu. Dieu, “qui a commencé en vous une bonne œuvre, l’achèvera jusqu’au jour de Jésus Christ” Philippiens 1. 6, de sorte qu’avec David nous pouvons dire : “L’Éternel achèvera ce qui me concerne. Éternel ! ta bonté demeure à toujours. N’abandonne pas les œuvres de tes mains” Psaume 138. 8.