Sittim a été le dernier campement d’Israël dans le désert, là où les espions étaient revenus auprès de Josué après leur mission (2. 1, 23). Le nom de ce lieu de passage (qui signifie acacia) rappelle le bois dont était faite l’arche. Partant de Sittim, le peuple vient au Jourdain pour y passer la nuit et là attend trois jours avant de recevoir les instructions de la part des officiers (verset 2). Cette période évoque pour nous les trois jours de la mort et de la résurrection de Christ.
Le chemin d’Israël à travers le Jourdain est inséparablement lié à l’arche. Pendant la traversée du désert, le peuple était accompagné par la nuée (figure de la présence de Dieu) et par l’arche (figure de Christ et de son œuvre). L’arche précédait Israël dans ses étapes pour lui préparer un lieu de reposNombres 10. 33-36. Maintenant, elle va lui ouvrir un chemin à travers les eaux profondes du jugement (le Jourdain). Dans cette scène, l’arche est présentée sous les quatre caractères de Christ particuliers à chacun des Évangiles.
Invité à suivre l’arche portée par les sacrificateurs, le peuple doit laisser entre elle et lui une distance d’environ deux mille coudées1. Qui pouvait suivre celui qui s’est avancé seul pour rencontrer à notre place la puissance du jugement et de la mort ? Déjà les disciples, au jardin de Gethsémané, étaient à un jet de pierre de leur Seigneur qui seul, dans l’angoisse du combat, anticipait dans son âme le passage du vrai Jourdain, le baptême de la mortLuc 22. 41.
Le passage de l’arche au travers du Jourdain ouvrait un chemin nouveau, inconnu de tous, sauf de la foi :
C’était le temps de la moisson des orges et le fleuve regorgeait par-dessus tous ses bords, au plus fort de ses crues alimentées par la fonte des neiges de l’Hermon. Peut-il y avoir une image plus saisissante des eaux du jugement dans lesquelles notre Sauveur est entré ? “Un abîme appelle un autre abîme à la voix de tes cataractes ; toutes tes vagues et tes flots ont passé sur moi.” Psaume 42. 8
Lorsque les sacrificateurs qui portaient l’arche atteignirent le bord du Jourdain, les eaux coulant de l’amont s’arrêtèrent en un monceau jusqu’à Adam (verset 16). Cette ville, qui n’est mentionnée qu’ici, porte le nom de l’homme par lequel le péché et la mort sont entrés dans le mondeRomains 5. 12. Mais Christ (l’arche) nous communique la vie éternelle par sa mort (le Jourdain).
Les eaux en aval s’écoulèrent vers la Mer morte, de sorte que toute la nation a pu passer de pied ferme à sec (verset 17). L’effet du pouvoir de la mort est interrompu dans sa source et sa portée par l’invincible puissance de Dieu agissant en faveur de son peuple. L’entrée dans le pays – figure des lieux célestes – est libre désormais, mais seulement en Christ.
À la Mer Rouge, la traversée s’était faite, de nuit, entre les deux murs formés par les eaux à leur droite et à leur gaucheExode 14. 22. Dans la présence perceptible de la mort et poursuivi par ses ennemis, le peuple n’avait probablement pas l’intelligence profonde de la délivrance opérée par Dieu. Mais, au-delà de la mort, la victoire est célébrée dans un cantique avec une explosion de joie.
Au Jourdain, au contraire, la traversée s’effectue de jour, avec une conscience plus profonde des merveilles opérées par Dieu. La mort et le jugement sont moins proches, mais les regards de la foi se portent sur l’arche (Christ) qui les a traversés pour nous. Ce sont plutôt le recueillement et le silence qui marquent la solennité de la scène.
L’Éternel prend ici le titre de “Seigneur de toute la terre” (versets 11, 13). Le “Dieu Très haut, possesseur des cieux et de la terre” Genèse 14. 19, agit pour introduire son peuple dans le pays de sa possession. Dans la période actuelle, Israël est mis de côté à cause de son infidélité et Dieu prend son titre de “Dieu des cieux” Daniel 2. 37. Christ, rejeté comme Roi, ne fait pas valoir les droits dont il parle à ses disciples après sa résurrection : “Toute autorité m’a été donnée dans le ciel et sur la terre” Matthieu 28. 18.
Aux derniers jours, le débordement des nations contre Israël sera comme un fleuve de tribulation, dont le Jourdain en crue est une saisissante image. Christ, par sa mort, s’est déjà identifié à son peuple terrestre au milieu de ces épreuves futures : “Dans toutes leurs détresses, il a été en détresse, et l’Ange de sa face les a sauvés” Ésaïe 63. 9. Alors, Christ sera la sécurité et la délivrance de son peuple terrestre. Il prendra en main sa cause en exerçant le jugement que Dieu lui a confié comme Fils de l’hommeActes 17. 31.