L’arche repose maintenant sur la montagne d’Ararat, mais Noé devra prendre patience sept mois, car les eaux diminuent lentement. Ararat (terre sainte) nous parle d’un lieu hors de la souillure d’un monde placé sous la sentence de jugement. Le croyant actuel y goûte en esprit une heureuse communion avec celui que Dieu a établi sur Sion, la montagne de sa saintetéPsaume 2. 6. Sa foi contemple les sommets des montagnes qui se dégagent, et l’héritage futur qui apparaît. Il porte ses regards hors d’une scène vouée au jugement, pour contempler celui qui occupe la place suprême au-dessus de toute puissance1 Pierre 3. 20-22 ; Éphésiens 1. 21.
Puis Noé ouvre la fenêtre. L’ouverture de la porte n’est pas son affaire, pas plus que ne l’avait été sa fermeture ; c’est ce que Dieu se réserve en un temps connu de lui seul. Par contre, Noé peut suivre l’assèchement progressif de la terre.
Le Seigneur lui-même engagera ses disciples à discerner les signes des temps ; Il parlera d’événements encore futurs. Le résidu fidèle de ce peuple devra donc avoir ce discernement dans l’attente de la délivranceMatthieu 24. 3-42 ; Luc 21. 28-31. Les signes iront croissant dans la précision de leur signification, et dans leur douloureuse intensité. Mais alors des signes d’espérance leur seront joints : le tendre rameau et les feuilles du figuier, et c’est cela qu’il faudra considérer : “Regardez en haut et levez vos têtes, parce que votre rédemption approche”. C’est ce que faisait Noé, car la fenêtre de l’arche s’ouvrait vers le ciel.
Le patriarche lâche alors le corbeau, cet oiseau impurLévitique 11. 13-15. Celui-ci va et revient, car les eaux sont toujours là ; il ne rentre pas dans l’arche ; elle était pour lui une prison plutôt qu’un lieu de sûreté. Il cherche maintenant sa nourriture dans ce qui est mort et corrompu. L’homme déchu et dégradé se satisfait aussi d’un tel monde ; le croyant s’en éloigne1 Corinthiens 15. 33.
La colombe ne pose pas son pied sur ce qui est impur. Elle descendra et demeurera un jour sur celui qui seul dans ce monde sera pur et saint, le Fils de Dieu. La colombe est une figure de l’Esprit Saint ; celui-ci ne prend pas sa place dans un monde jugé, mais dans le cœur des saints et dans la maison de Dieu ; dans le monde nouveau, Dieu répandra son Esprit sur toute chairJoël 3. 1-5 pour la délivrance et la prospérité universelle.
Au jour de Noé, la colombe est un gage de paix pour un monde renouvelé : elle apporte une feuille d’olivier dans son bec. Israël aura en son temps la grappe d’Eshcol, les grenades et les figues comme gages de l’héritage, mais son cœur restera incrédule.
Au verset 13, Noé ôte la couverture de l’arche et se prépare à sortir. Ceux qui étaient dans l’arche ont été gardés jusqu’à la fin dans la puissance du salut de Dieu, couverts par la protection divine. Bientôt Dieu couvrira le résidu de son peuple jusqu’à la fin des grandes eaux, et l’Éternel qui rassemble Israël le fera sortir de l’arche. Alors les conditions seront remplies et établies pour une nouvelle alliance ; ce peuple nouveau, sur lequel l’Esprit de Dieu sera répandu, pourra enfin goûter le repos.
Puis celui qui avait dit à Noé : “Entre dans l’arche, toi et toute ta maison”, peut lui dire maintenant : “Sors de l’arche, toi et tous les tiens avec toi” ; tout sort de l’arche (versets 17-19). En son temps, la terre renouvelée et purifiée sera remplie de tout ce qui, par la grâce de Dieu, aura traversé les temps de la tribulation et aura été préservé pour sa gloire.
La première chose que fait Noé est de revendiquer les droits de Dieu sur cette terre purifiée. Il y bâtit un autel, certainement avec une abondance d’actions de grâces dans son cœur. Sur la scène même où le jugement est passé, l’odeur agréable de l’holocauste peut monter (litt. une odeur de repos).
A Morija, David offrira l’holocauste1 Chroniques 21. 26 ; 2 Chroniques 3. 1, et l’ange de l’Éternel remettra l’épée dans son fourreau. En ce même lieu, le jugement divin tombera un jour sur Jésus Christ s’offrant en sacrifice à Dieu – un parfum de bonne odeur – : il remplira le cœur de Dieu et des saints de repos et de bonheur.
Le grand privilège des croyants aujourd’hui, est de maintenir l’odeur agréable de l’holocauste pendant toute la nuit de l’absence de leur SeigneurLévitique 6. 2, jusqu’au matin où elle montera de la terre entière.
Noé, en exprimant sa reconnaissance à celui qui l’a sauvé, a satisfait le cœur de Dieu. Il a présenté une plénitude d’offrandes pures, faible image de celui qui s’offrira lui-même à Dieu sans tache.
Au temps actuel, les croyants sont invités à suivre cet exemple : “Nous avons un autel” Hébreux 13. 10 dressé hors du monde, dans un lieu saint et pur. Là sont offerts des sacrifices spirituels, dans le sentiment de la patience de Dieu ; car l’homme dans la chair reste le même (verset 21). Il existe un courant de pensée dans la chrétienté et dans certaines sectes, qui prétend que la paix et la prospérité sur la terre seront obtenues par l’amélioration de l’homme, ou d’un nombre choisi d’entre eux. Mais Dieu n’agrée que l’homme en Christ, en vertu du sacrifice offert (verset 20).
Quant à l’ordre de la nature, tout sera maintenu par la grâce de Dieu (verset 22), malgré les perturbations. Quand viendra le règne de Christ, cette terre connaîtra des jours de rafraîchissement et de reposActes 3. 19 ; l’ordre divin rétabli se maintiendra dans un déroulement continu et harmonieux, “tant que seront les jours de la terre”.