Paul et Barnabas montrent un esprit missionnaire remarquable : ils persévèrent et persévèrent encore. Comme eux, nous sommes tous appelés à être fidèles, non à avoir du succès.
Chassés d’Antioche de Pisidie, les deux serviteurs du Seigneur arrivent à Iconium, une ville qui passait pour être la capitale de la Lycaonie. Elle était située en un endroit fertile du plateau lycaonien.
On retrouve la même scène qu’à Antioche. Paul et Barnabas entrent dans la synagogue et parlent de telle manière que des Juifs comme des Grecs croient. Cette fois-ci, les Juifs s’opposent en soulevant les païens et non les notables de la ville comme à Antioche. Malgré ces difficultés, Paul et Barnabas peuvent demeurer assez longtemps dans cet endroit. Ils sont pleins de courage car leur secret est de s’appuyer sur le Seigneur. Ils sont certains d’être dans un bon chemin car le Seigneur agit puissamment. En confirmation du message de grâce, des miracles (litt. : des signes) et des prodiges se font par leurs mains. Et c’est dans cette ville que, pour la première fois, Paul et Barnabas sont nommés apôtres (envoyés), un titre de gloire. Ainsi le Seigneur agissait avec eux et par euxMarc 16. 20 ; Hébreux 2. 3.
N’oublions jamais que ce n’est pas par nos propres efforts que les âmes sont sauvées, mais par la puissance du Seigneur. Quand nous présentons la Parole de Dieu, ce n’est pas seulement ce que nous disons qui est important, mais la manière dont nous parlons. Comme Paul et Barnabas nous devons apporter une parole de grâce. La population de la ville est partagée. L’opposition grandit au point que païens, Juifs et chefs de la ville décident de les lapider. Les apôtres ne sont pas obstinés et savent se retirer à temps. Ils s’enfuient dans d’autres villes de la province tout en évangélisant. Quelle sagesse ! Quel équilibre !
Les apôtres arrivent à Lystre, une colonie romaine. C’est là que Paul guérit un homme impotent des pieds dès sa naissance. Cet infirme entend la parole que Paul annonce. Elle produit une foi réelle que Paul discerne en le regardant attentivement. Il voit qu’il a la foi pour être guéri (ou sauvé). Son infirmité même est l’occasion de son salut. Sachant intervenir quand il le faut et certain que le Seigneur guérira cet homme, Paul dit à haute voix pour que chacun l’entende et puisse juger par lui-même de la réalité du miracle : “Lève-toi droit sur tes pieds !” L’homme saute et marche. Ce récit nous montre que l’obéissance à la Parole du Seigneur est toujours accompagnée de la force nécessaire pour l’accomplir.
À Iconium comme à Lystre, les marques distinctives de l’apostolat de Paul (signes, prodiges et miracles) 2 Corinthiens 12. 12 sont produites avec puissance pour :
Si à Iconium, les miracles divisèrent la ville (verset 4), à Lystre la guérison miraculeuse de l’homme impotent des pieds enthousiasma les foules, quoique d’une manière superficielle, au point qu’elles dirent dans leur dialecte que Paul était une incarnation de Mercure et Barnabas de Jupiter1. Les habitants de Lystre imaginaient que leur ville recevait la visite du dieu suprême et de son porte-parole. Les deux apôtres ne connaissaient pas la langue lycaonienne. Mais quand ils apprennent que les foules, dans leur folie, veulent leur offrir des sacrifices, ils déchirent leurs vêtements en signe de consternation. L’idolâtrie est si enracinée dans le cœur de l’homme que c’est à grand-peine que Paul et Barnabas dissuadent la population de commettre cet acte d’idolâtrie.
Dans les paroles que les apôtres prononcent en s’élançant parmi la foule, nous voyons un exemple remarquable de disponibilité et d’à-propos. D’emblée ils attirent l’attention, non sur eux-mêmes car ils ont les mêmes passions que ces hommes, mais sur Dieu, le créateur de tout l’univers, qui se révèle dans la nature. Il est le Dieu unique alors que les Grecs s’étaient imaginés une multiplicité de dieux. Pour eux, ces dieux vivaient retirés sur l’Olympe, inaccessibles. Mais Dieu ne se désintéresse pas de l’humanité. Il donne des pluies et des saisons fertiles pour qu’elle puisse se nourrir, en démonstration évidente de sa bontéMatthieu 5. 45. En écrivant aux Romains, Paul déclare que le témoignage de la nature laisse les hommes sans excuseRomains 1. 20.
Paul et Barnabas savaient adapter leurs messages à leur auditoire. En parlant aux Juifs dans une synagogue, ils annoncent Jésus comme le Messie promis (13. 16-41). Lorsqu’ils s’adressent aux païens lors d’une prise de contact, ils soulignent que Dieu se révèle dans la nature. Imitons cet exemple quand nous devons témoigner à qui que ce soit.
La persécution ne se fait pas attendre sous l’influence grandissante des Juifs. En force ils arrivent d’Antioche et d’Iconium, gagnent les foules et lapident Paul, le laissant pour mort. L’apôtre rappelle cet événement dramatique aux Corinthiens2 Corinthiens 11. 25. Les foules sont versatiles. Un honneur rendu peut se transformer rapidement en haine. Pour le Seigneur les acclamations de “Hosanna” sont rapidement devenues les cris haineux de “Qu’il soit crucifié” Matthieu 21. 9 ; 27. 22, 23.
Hier Paul était un dieu. Aujourd’hui, il est le rebut de la société. Son corps est traîné hors de la ville. Alors que les disciples se tiennent autour de lui, Paul se lève miraculeusement et c’est debout qu’il entre dans la ville. Quelle dignité dans cette scène !
Le lendemain, Paul ne rebrousse pas chemin. Le travail n’est pas terminé. Il ne fait que commencer ! L’effort pour évangéliser toute cette région ne peut être déjoué par l’ennemi. Avec Barnabas, il poursuit son chemin. Ce n’est qu’à Derbe qu’ils reviennent sur leurs pas, non sans avoir fait beaucoup de disciples dans cette ville, car tout travail d’évangélisation doit être consolidé par un ministère pastoral. Avec un grand courage, ils repassent dans les trois villes où ils avaient été persécutés pour fortifier les nouveaux convertis et les recommander aux soins du Seigneur en les avertissant des souffrances réservées à ceux qui entrent dans le royaume de Dieu. Ils en étaient des exemples vivants.
Dans chaque assemblée, Paul et Barnabas choisissent avec soin des anciens. Les expressions utilisées excluent une procédure par élection. Comme il fallait beaucoup de discernement aux apôtres pour choisir parmi les nouveaux convertis ceux qui seraient capables de surveiller le troupeau, ils le font dans le jeûne et la prière.
La stratégie missionnaire comprend trois aspects : évangéliser, fortifier et recommander au Seigneur qui seul a le pouvoir de garder les âmes qui viennent à Lui au milieu d’un monde hostile. Ayant terminé l’œuvre pour laquelle ils avaient été recommandés à la grâce de Dieu, les deux serviteurs reviennent à leur point de départ. Dans leur disponibilité et leur humilité, ils illustrent remarquablement cette parole du Seigneur : “Ainsi, vous aussi, quand vous aurez fait toutes les choses qui vous ont été commandées, dites : Nous sommes des esclaves inutiles, ce que nous étions obligés de faire, nous l’avons fait” Luc. 17. 10. C’est certainement dans cette disposition d’esprit que les deux serviteurs rapportent à l’assemblée d’Antioche “les choses que Dieu avait faites avec eux”. Cette expression montre bien qu’un évangéliste n’est jamais l’auteur d’une conversion, mais seulement un instrument dans la main d’un Dieu qui est au-dessus de tout. La marque du vrai serviteur est de s’effacer devant son Dieu.