Jusqu’à présent Satan n’a pas réussi à entraver la progression de l’église par les persécutions. Il cherche à la détruire maintenant de l’intérieur. Son attaque était subtile et très dangereuse. Humainement, elle devait aboutir soit à placer les chrétiens sous la loi de Moïse, soit à provoquer une division dans l’église avec l’église de Jérusalem et l’église des nations. Mais dans sa sagesse et sa miséricorde, Dieu avait prévu une issue. De plus, Il a permis que cette question soit soulevée pour qu’elle soit définitivement réglée à sa gloire. La liberté de la grâce et l’unité de l’église ont été maintenues. Enfin, le problème devait être résolu là où il avait surgi, à Jérusalem. Car le mal doit être traité à la racine sous peine de se répandre plus loin.
L’orgueil de quelques Juifs dans l’assemblée de Jérusalem était blessé. Il semble bien qu’ils ne pouvaient supporter que le signe distinctif de gloire d’un Juif, la circoncision, appartienne au passé. Ils n’acceptaient pas davantage la présence de croyants issus des nations dans des assemblées hors de leur sphère d’influence immédiate.
Des Juifs de cette tendance néfaste descendent de Judée à Antioche de Syrie, la citadelle du christianisme issue du paganisme. Certes ils ne refusent pas l’évangile et n’enseignent pas que l’on peut être sauvé par la loi mais, pour eux, il faut être circoncis pour être vraiment sauvé. Pour eux, Christ ne suffit pas. Il faut d’abord se faire juif avant de devenir chrétien. D’une manière très subtile, ils cherchent à introduire le
La situation est grave à Antioche d’autant plus que le légalisme fait facilement des adeptes en flattant l’orgueil de l’homme. Une contestation s’élève suivie d’une grande discussion. D’un côté se trouvent des frères1 influencés par les fauteurs de troubles venus de Judée. De l’autre côté, Paul et Barnabas défendent la vérité et la liberté chrétienne.
Que fallait-il faire afin d’éviter une première scission dans l’assemblée ?
Les frères de l’assemblée à Antioche décident d’envoyer Paul et Barnabas et quelques-uns des leurs à Jérusalem pour résoudre ce problème. Dieu ne permet pas que cette question soit tranchée à Antioche. Ils montent à Jérusalem, non parce que l’assemblée à Jérusalem a une plus grande autorité, mais parce que les apôtres et les anciens s’y trouvent et sans doute, parce que des frères de cette assemblée ont causé des troubles. Le problème ne peut être réglé qu’à son lieu d’origine.
Une assemblée locale n’est jamais autonome (litt. : ayant une loi à soi). Si localement elle est souveraine dans l’exercice de son autorité, elle ne peut agir d’une manière indépendante à l’égard d’une autre assemblée.
En se rendant à Jérusalem, Paul et Barnabas ne parlent pas de leurs difficultés mais racontent la conversion des nations. Devant l’œuvre de Dieu, les frères se réjouissent d’une grande joie. Chypre, Antioche de Pisidie, Iconium, Lystre, Derbe, autant d’endroits où l’évangile a triomphé malgré la persécution et de grandes difficultés. Les dangers qui menacent l’église n’ont pas ruiné leur ministère.
La délégation est reçue par toute l’assemblée à Jérusalem mais l’affaire sera débattue seulement par les apôtres et les anciens. Ce que Paul rapporte dans l’épître aux Galates (2. 6-10) a eu lieu en privé ; il s’agit ici d’un rassemblement plus large pour résoudre le problème.
Une grande discussion a lieu, mais seuls des apôtres ou des anciens comme Pierre, Barnabas, Paul et Jacques prennent ensuite la parole devant l’assemblée. Pierre donne deux raisons pour démontrer que les non-Juifs sont aussi acceptés par Dieu :
Par conséquent les Juifs et non-Juifs sont sauvés d’une seule et même manière. Comment donc vouloir mettre les païens devenus chrétiens sous le joug d’une loi qu’aucun Juif n’a pu porter ? L’argument est irréfutable.
Dans son intervention, Pierre montre une grande humilité à l’égard des nations. Il ne place pas les Juifs sur un piédestal et ne dit pas que les nations sont sauvées comme les Juifs, mais que les Juifs sont sauvés comme les nations. À ces paroles, la multitude se tait. Cette tournure semble indiquer que d’autres membres de l’assemblée de Jérusalem sont présents quoique les débats soient menés par quelques frères estimés.
Il est remarquable que cette dernière mention de l’apôtre Pierre dans le livre des Actes soit en rapport avec son intervention concernant le salut des nations car c’est bien lui qui, le premier, a ouvert la porte du salut aux non-Juifs en se rendant chez Corneille.
Barnabas et Paul ajoutent leur témoignage sans que personne ne vienne les interrompre. Pierre a raconté le commencement de l’œuvre de salut envers les nations. Barnabas et Paul rapportent comment l’œuvre s’est développée. Il est probable que Barnabas est mentionné en premier parce qu’il était mieux connu des frères de Jérusalem. Il raconte les faits et Paul confirme, respectant ainsi le principe des deux ou trois témoins par lesquels toute chose doit être établieDeutéronome 19. 15 ; Matthieu 18. 16 ; 2 Corinthiens 13. 1 ; 1 Timothée 5. 19.
À son tour, l’apôtre Jacques prend la parole pour exposer le programme divin de salut de toutes les nations en citant des paroles des Écritures bien connues des Juifs. Il démontre que l’appel des païens est en accord avec les promesses faites à Israël. Jacques n’affirme pas seulement que les païens peuvent être sauvés, un fait enseigné par de nombreux prophètes de l’A.T., mais il souligne surtout que Dieu a tiré des nations un peuple pour son nom. C’est l’église ou l’assemblée de ceux qui, selon l’étymologie du nom, ont été appelés « hors de » toutes les nations pour ne former qu’un seul corps. Par conséquent, pourquoi obliger les païens à devenir des prosélytes juifs ?
La citation des Écritures que Jacques fait est tirée principalement du prophète AmosAmos 9. 11, 12. Elle est basée sur la version en grec des Septante qui ont voulu spiritualiser le texte original d’Amos en remplaçant le mot « Édom » par « adam » pour en faire le « reste des hommes » à la place du « reste d’Édom ». Pour éviter tout malentendu et par égard pour les frères d’Antioche, on peut penser que Jacques utilise délibérément la version des Septante répandue dans la diaspora juive.
Ferme mais conciliant, Jacques termine en proposant de ne pas inquiéter ceux des nations. Ils sont dispensés des exigences de la loi. Toutefois, qu’ils s’abstiennent des viandes sacrifiées aux idoles (voir verset 29), de la fornication, de la viande étouffée (considérée comme un mets raffiné par les païens quand le
Combien il est important de toujours s’appuyer sur les Écritures quand des décisions doivent être prises. L’autorité de la Bible est suprême. En citant le prophète Amos, Jacques emporte la décision. Cela est d’autant plus remarquable que les fauteurs de troubles venaient précisément de l’entourage de JacquesGalates 2. 12.
Dans les Actes, ceux qui croient Jésus Christ et le confessent sont appelés à deux reprises les « croyants » (2. 44 ; 5. 14) et très souvent les « disciples » (6. 1, 2, 7, etc.). Le disciples (élève) est une personne qui reçoit et suit l’enseignement d’un maître, comme le furent les douze qui suivirent Jésus pendant son ministère terrestre. Un disciple n’est pas seulement un élève mais aussi quelqu’un qui adhère au contenu de l’enseignement qu’il suit. Les disciples sont appelés des « frères » à de nombreuses reprises, particulièrement quand il s’agit de souligner les relations des croyants entre eux puisqu’ils appartiennent tous à la famille de Dieu (Actes 12. 17 ; 15. 23 ; 16. 2). On peut remarquer que le terme dans le sens de « frères » chrétiens apparaît pour la première fois au début du ministère de Paul, l’apôtre des nations (9. 30). Son usage aurait été inapproprié auparavant, car la notion de l’universalité de l’évangile était encore étrangère aux disciples juifs.
Les termes de « disciple » et de « frère » reflètent deux aspects différents, mais complémentaires, de la vie chrétienne. On les trouve juxtaposés en Actes 18. 27.