Ce chapitre marque la conclusion de la première partie du livre des Actes où l’activité de Pierre est plus particulièrement soulignée. Le Seigneur avait donné à son apôtre les clés du royaume et Pierre s’en était servi. Malgré la persécution par les autorités religieuses juives, l’assemblée triomphait par Christ. Elle avait brisé les liens du légalisme et avait présenté l’évangile aux nations. L’église rencontre maintenant l’opposition de l’autorité civile et politique. Au début, l’assemblée jouissait de la faveur du peuple (2. 47). La situation est maintenant complètement retournée, car l’exécution de Jacques fait plaisir au peuple.
Une nouvelle persécution est déclenchée contre l’église mais celle-ci triomphe à nouveau. Lors de la première, les disciples avaient été dispersés, à l’exception des apôtres restés à Jérusalem (8. 1). Cette nouvelle persécution s’attaque aux apôtres eux-mêmes, en visant vraisemblablement les plus connus d’entre eux. Comme l’exécution de Jacques le montre, les desseins de Dieu nous dépassent et sa sainte volonté s’exerce d’une manière souvent mystérieuse pour nous parce que nous ne pouvons pas tout voir comme Dieu.
Le Seigneur avait annoncé de grandes épreuves à Jean et à Jacques, deux de ses plus proches disciplesMarc 10. 39. Si Jean, épargné de mort violente, est resté le dernier des douze selon ce que l’histoire nous apprend, son frère Jacques est le premier à tomber sous l’épée. Nous ne savons rien du ministère de Jacques mais il est le premier des apôtres à connaître le martyre. Jacques était pourtant, à vue humaine, l’un des témoins les mieux placés pour rapporter les paroles de Jésus et pour annoncer l’évangile.
Pour la troisième fois Pierre est jeté en prison. Il avait déjà échappé miraculeusement à deux emprisonnements (5. 17-21, 26-42). Mais le Seigneur lui avait annoncé une fin douloureuseJean 21. 18. Le moment était-il venu ?
L’assemblée de Jérusalem n’ignore pas la menace qui pèse sur Pierre. Lorsqu’on est impuissant devant les circonstances, on comprend plus facilement que la prière est le seul recours. D’un côté, l’assemblée s’attend à Dieu dans d’instantes prières. De l’autre, le peuple attend la mort de Pierre (verset 11). Qui va remporter la victoire ?
Toutes les précautions sont prises pour que Pierre ne puisse s’échapper cette fois-ci. Quatre escouades de quatre soldats chacune (une pour chaque veille de la nuit), sont placées dans la prison. Deux soldats veillent devant la porte. Normalement un prisonnier était enchaîné par la main droite à la main gauche d’un soldat. Pour Pierre des mesures supplémentaires sont prises. Chacune de ses mains est enchaînée à celle d’un soldat. Malgré la perspective d’être condamné à mort le lendemain, Pierre dort paisiblementPsaume 4. 9. Dieu veille et l’assemblée n’est pas assoupie. Elle use de sa seule arme, la prière2 Corinthiens 10. 4 ; Éphésiens 6. 18. Livré aux mains des hommes, l’apôtre est toutefois dans les mains de Dieu et il sait que rien ne peut empêcher Dieu de le délivrerPsaume 121. 2-8.
Dans sa première lettre, Pierre nous exhorte à rejeter sur Dieu tout notre souci1 Pierre 5. 7. Ces paroles prennent un relief particulier quand on pense combien Pierre était paisible en prison.
Dans notre condition humaine, nous ne pouvons prévoir comment Dieu répond aux prières. Parfois son intervention est si surprenante qu’après coup seulement nous reconnaissons l’intervention de sa main puissante.
Un ange survient, réveille l’apôtre et les chaînes tombent. Chaque détail de cette délivrance miraculeuse est soigneusement enregistré. Dès que Pierre est hors de la prison, l’ange disparaît car Dieu opère des miracles seulement dans ce qui est hors de nos capacités. Il ne se substitue pas à ce que nous pouvons faire nous-mêmes.
Après avoir réalisé qu’il n’est pas sujet à une vision, Pierre se rend dans la maison de Marie, la mère de Jean-Marc (et la sœur de Barnabas si Jean-Marc était neveu de Barnabas du côté maternel).
La porte de fer de la prison s’est ouverte d’elle-même, mais Pierre a dû frapper longtemps à la porte de la maison où se tenait une réunion de prières. La servante Rhode (Rose) reconnaît la voix de l’apôtre mais n’ouvre pas dans sa hâte d’annoncer la nouvelle de la délivrance. La foi des plus humbles n’est pas toujours acceptée par tous. Il faut du temps aux croyants pour reconnaître que leurs prières sont exaucées, mais le Seigneur “peut faire infiniment plus que ce que nous demandons ou pensons” Éphésiens 3. 20. L’attitude des frères montre combien ils s’attendaient peu à une délivrance rapide. C’est son ange, disent-ils, pensant peut-être que Pierre était déjà mort et que leurs prières n’étaient alors plus nécessaires ou se rappelant que les anges sont les serviteurs des croyantsHébreux 1. 14 ; Matthieu 18. 10. De toute manière, Dieu répond au-delà de leur foi.
Pour venger son déshonneur, Hérode fait subir le supplice aux gardes innocents. La loi d’alors voulait que si un criminel échappait, son garde subisse la même punition. Le roi devait connaître quelque chose de la puissance de Dieu puisqu’il savait que Pierre avait échappé d’une manière extraordinaire. Plutôt que de s’humilier, il accroît sa culpabilité en faisant mourir des gardes innocents.
Hérode descend ensuite à Césarée à l’instigation des Tyriens et des Sidoniens. Dans leur désir désespéré de plaire au roi, ils n’hésitent pas à lui accorder des attributs divins. En acceptant la position que lui donnent ses vassaux, Hérode est une image de l’homme de perdition, l’Antichrist, qui se proclamera dieu2 Thessaloniciens 2. 4. Hérode est frappé sur son trône, le siège de son orgueil démesuré. Connaissant la loi, il a failli au premier des commandementsExode 20. 3. L’ange a frappé Pierre pour le réveiller (verset 7). Un ange frappe Hérode pour le juger. Il est puni immédiatement et meurt. “On ne se moque pas de Dieu” Galates 6. 7. Dieu ne punit pas tout péché sur-le-champ, mais il est certain qu’Il les jugera tous un jourHébreux 9. 27 ; 2 Pierre 2. 9 ; Jude 15.
La conclusion de ce récit est remarquable par sa sobriété. “La Parole de Dieu croissait et se multipliait”. Sa sphère d’influence s’élargissait et la persécution n’avait que fortifié les disciples dont le nombre ne cessait de grandir.
Barnabas et Saul reviennent de Jérusalem où ils avaient apporté le don des frères d’Antioche (11. 30). Cette indication marque la transition avec un nouveau développement de l’œuvre missionnaire. Jusqu’à présent toute l’activité partait de Jérusalem. Un nouveau centre s’ouvre maintenant à Antioche.