L’exemple de Jacob nous montre que le travail de pasteur n’est pas une tâche facile, ni de tout repos. Il s’agit de s’oublier soi-même, de servir et de donner, plutôt que de s’attendre à recevoir. C’est une position de dévouement total pour les intérêts des croyants. Jacob a dit à son beau-père Laban : « Ces 20 années j’ai été avec toi ; tes brebis et tes chèvres n’ont pas avorté, et je n’ai pas mangé les béliers de ton troupeau. Ce qui a été déchiré, je ne te l’ai pas rapporté ; moi j’ai dû en souffrir la perte (c’est-à-dire : je ne t’ai pas rapporté de bête trouvée déchiquetée, j’en ai payé le dédommagement) ; tu as redemandé de ma main ce qui m’avait été volé de jour et ce qui m’avait été volé de nuit. J’en étais là, que, de jour, la sécheresse me dévorait, et de nuit, la gelée ; et mon sommeil fuyait mes yeux » (Genèse 31. 38-40).
Ces versets évoquent les souffrances de Jacob dans le désert, lorsqu’il supportait la chaleur extrême le jour, et le froid intense la nuit. Malgré ces conditions difficiles, il n’a pas laissé les brebis seules ; il a souffert avec elles. Il s’est constamment occupé d’elles, sans se laisser vaincre par le sommeil, car il savait que les brebis étaient sous sa responsabilité. Il devait veiller, subvenir à leurs besoins, les protéger car il était responsable de leur bien-être, même si elles appartenaient à quelqu’un d’autre. Quelle leçon pour ceux qui sont bergers du troupeau de Dieu aujourd’hui !
« Obéissez à vos conducteurs, et soyez soumis, car ils veillent pour vos âmes, comme ayant à rendre compte ; afin qu’ils le fassent avec joie, et non en gémissant, car cela ne vous serait pas profitable » (Hébreux 13. 17). En lisant ce verset, nous pensons avant tout à la soumission des brebis aux bergers et à ceux qui les conduisent. Mais ce passage nous montre également la responsabilité du berger. Celui qui a été appelé par Dieu pour accomplir un service de pasteur doit s’occuper des âmes des personnes qui ont été confiées à ses soins. Chaque croyant doit être considéré comme un trésor. Que fait-on avec un trésor ? On doit s’en occuper et le garder de tout son cœur. Pendant qu’il avait la charge du troupeau de Laban, Jacob était personnellement responsable de la vie et de l’état de chaque brebis. Il devait rendre compte au propriétaire de chacune de ces précieuses brebis, et des pertes éventuelles. De même, les bergers du troupeau du Seigneur devront un jour rendre compte à Dieu de la manière dont ils se seront acquittés de leur tâche. C’est à ce moment-là qu’ils seront récompensés pour leur travail.
L’exemple de Jacob nous montre combien il est important de connaître chaque brebis et de s’en occuper en tenant compte de son état et de ses limites. Un jour, Jacob avait dit à son frère Ésaü : « Mon seigneur sait que les enfants sont délicats, et que je suis chargé de petit et de gros bétail qui allaite ; et si on les presse un seul jour, ils mourront, – tout le troupeau. Que mon seigneur, je te prie, passe devant son serviteur ; et moi je cheminerai tout doucement au pas de ce bétail, qui est devant moi, et au pas des enfants, jusqu’à ce que j’arrive auprès de mon seigneur, à Séhir » (Genèse 33. 13-14). Il disait cela pour échapper à son frère, mais cela correspondait certainement à une réalité : Jacob savait que faire avancer ses brebis trop vite aurait été néfaste pour elles. Celles qui étaient plus âgées pouvaient supporter davantage que les plus jeunes, mais trop exiger des plus jeunes n’était pas bon. Nous voyons ce même principe dans la famille de Dieu en 1 Jean 2 où l’apôtre s’adresse à trois groupes distincts de personnes : à des enfants, à des pères et à des jeunes hommes. Il parle à chacun selon son degré de maturité. Les croyants ne sont pas tous égaux – certains ont besoin de « lait » et d’autres de « viande ». Le pasteur devrait connaître ce dont chacun a besoin et ce que chacun est capable de supporter.
Ce ne sont pas les brebis du troupeau qui servent le pasteur, c’est l’inverse. Le pasteur souffre pour le bien du troupeau, sans penser à lui-même. Il protège les brebis et subvient à leurs besoins. Il s’investit entièrement pour elles, sans compter son temps ou son énergie. Il ne place pas ses plaisirs ou ses aspirations personnelles au premier plan, ne se met pas en avant, reste humble et discret sur son travail. Il souhaite que les brebis prospèrent ; elles ne sont pas à lui, mais au bon Berger qui a donné sa vie pour nous tous. Et c’est dans la communion avec le Seigneur, dans son amour, que le pasteur puise sa force.