Une question préoccupe maintenant les Juifs ; les corps des suppliciés passeront-ils la nuit sur le bois, contrairement à l’ordonnance de la loiDeutéronome 21. 22, 23 ? Seront-ils pendus là un jour de grand sabbatJean 19. 31 ? Ils demandent à Pilate l’autorisation de mettre à mort les crucifiés en leur rompant les jambes ; c’est ainsi que sont achevés les deux brigands. Jésus a déjà expiré ; c’est pourquoi l’un des soldats lui perce le côté avec sa lance. Le sang de notre Sauveur s’écoule ; le sacrifice est consommé, la mort de la sainte victime est ainsi certifiée.
Les Juifs ont été à l’initiative d’un tel geste ; ils sont tenus par l’Écriture pour responsables de cette dernière profanationJean 19. 37. Ils ont déjà décidé de mettre en terre le corps de Jésus avec celui des autres malfaiteurs ; mais Dieu ne le permet pasÉsaïe 53. 9. Un homme riche en prend soin, et l’ensevelit dignement dans sa sépulture.
Joseph d’Arimathée est un homme qui a les moyens d’accomplir ce que Dieu lui met à cœur. Il est membre du conseil (du sanhédrin), mais conseiller honorable, lui, homme de bien et justeMarc 15. 43 ; Luc 23. 51. Comme les autres chefs du peuple, il a entendu Jésus de son vivant ; il a aussi relevé ce que les autres disaient de lui. Il a choisi Jésus, en secret toutefois par crainte des JuifsJean 19. 38. Il est devenu “disciple” (verset 57) sans pourtant suivre le Maître, mais il s’est totalement séparé des actions iniques des hommes du conseil. Le moment est venu pour lui de braver l’opprobre, et de se montrer au côté du crucifié. Nous aussi, si nous sommes fidèles, serons un jour ou l’autre mis à l’épreuve pour montrer de quel côté nous sommes. Nous avons pu choisir Jésus “en secret”, mais il nous demandera, le moment venu, de porter son opprobre et de témoigner franchement pour lui.
Joseph d’Arimathée se rend vers Pilate ; sa notoriété le lui permet. Il sait que Jésus est mort, et demande au gouverneur la permission d’enlever son corps. Pilate est sceptique ; il ne peut décider sans certitude, et s’informe auprès du centurion romainMarc 15. 44. Jésus est bien mort ; dès lors, les Juifs peuvent agir à leur guise.
Joseph précède donc les Juifs dans leur projet ; le corps de Jésus ne sera plus touché par leurs mains, mais enseveli par “des mains pieuses”. L’homme riche se hâte d’acheter un linceul, puis il se rend au pied de la croix, et descend le corps de JésusMarc 15. 46 ; Luc 23. 53. Il est rejoint par Nicodème, lui aussi chef des Juifs mais touché par la grâceJean 19. 39-42. Ils enveloppent le corps de linges parfumés, puis d’aromates, et l’entourent du linceul net.
L’amour ensevelit ainsi celui que la haine avait crucifié. Dieu avait pris soin du corps de Jésus nouveau-né, par les mains d’une tendre mère ; il veille sur lui au moment de sa mort, pour que son Bien-aimé reçoive les derniers honneurs. Joseph avait déjà taillé son propre sépulcre dans le roc, dans un jardin tout proche de GolgothaJean 19. 41, 42 ; ce lieu n’avait pas encore été visité par la mort. Joseph place pieusement et hâtivement Jésus dans son propre sépulcre, car le grand sabbat vient de commencer. Il roule une grande pierre devant l’entrée du tombeau et s’en va. Sans doute pense-t-il préparer pour Jésus une autre grande sépulture.
Marie de Magdala et Marie mère de Jacques et de Joses (verset 61) sont restées là, assises, surmontant leur douleur par la pensée d’embaumer elles aussi le Maître. Elles ont regardé comment son corps a été déposéLuc 23. 55, 56 ; mais alors que Joseph vient de partir, une question se pose déjà : “Qui nous roulera la pierre” Marc 16. 3 ?
Le lendemain se lève ; c’est le jour du sabbat (verset 62), et Jésus le passe dans la tombe. Ce jour de repos avait été donné par Dieu à son peuple comme signe de l’alliance qu’il avait conclue avec lui ; elle est maintenant rompue, car le Messie mis à mort est ce jour-là dans le tombeau. Mais les principaux du peuple ne restent pas inactifs. Ils s’assemblent encore, vont vers Pilate, et rappellent les paroles de Jésus : “après trois jours, je ressuscite”. Comment l’ont-ils appris ? Le Seigneur s’en était entretenu avec ses disciples dans le particulier (16. 21 ; 17. 23 ; 20. 19). Lorsqu’il en avait donné une figure à l’adresse des Juifs, ces méchants hommes l’avaient dénaturée (26. 61). Devant le signe clair de son séjour dans le sein de la terre, ils étaient restés incrédules (12. 40). Peut-être avaient-ils réalisé malgré tout ce que Jésus voulait dire, c’est pourquoi à cause de cela ils le traitent maintenant de séducteur, et ce signe est à leurs yeux une imposture (versets 63, 64) 1. Si par malheur ses disciples venaient à dérober le corps de Jésus pour pouvoir dire au peuple : Il est ressuscité des morts, ce dernier “égarement” serait autrement plus grave que celui que proférait Jésus de son vivant. Quel raisonnement pervers ! Ont-ils cru un instant, eux, que Jésus pouvait ressusciter ? “Maintenant qu’il est couché, il ne se relèvera plus” Psaume 41. 6, 9. Il y a, il est vrai, le précédent de Lazare…
“Ordonne donc”, disent-ils insolemment à Pilate ; mais celui-ci ne se soucie pas d’un Juif mort, c’est leur affaire. Ils ont une garde, celle du temple ; qu’ils l’utilisent comme ils l’entendent ! Ces notables religieux se hâtent maintenant d’accomplir leur indigne travail en ce jour de grand repos. Ils scellent la pierre du sépulcre, le rendent sûr, pensent-ils, et placent leurs soldats de garde. Mais ceux-ci ne seront là que pour témoigner de la résurrection de Jésus.