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Essayer maintenant
Dans le calme de la nuit, Jésus se rend au-delà du Cédron, dans un lieu bien connu de ses disciples, hors de la ville où se trame un complot contre luiJean 18. 2. Dans ce jardin familier de Gethsémané (pressoir d’huile), notre Seigneur va, par anticipation, éprouver dans son âme sainte tout le poids de la colère de Dieu contre le péché dont il se chargera à la croix.
Huit disciples sont invités à s’asseoir à l’entrée du jardin. Les trois autres, Pierre, Jacques et Jean, sont choisis pour assister à sa détresse, et si possible veiller avec lui. Ils avaient été les trois témoins de sa puissance en résurrectionLuc 8. 51 ; Philippiens 3. 10, et de sa gloire (17. 1). Ils sont appelés maintenant à entrer dans “la communion de ses souffrances” (verset 38).
Jésus était resté jusque-là dans la sérénité d’esprit de celui qui avait résolument dressé sa face vers Jérusalem, le lieu du sacrifice. Il dévoile à cette heure, à la vue de ces trois confidents, son angoisse profonde. Son âme est enveloppée de tristesse ; il va la livrer à la mort, en sacrifice pour le péchéÉsaïe 53. 10, 12. Cette mort approche avec toute son horreur, et projette sur son âme pure et sainte son ombre terrifiante. Elle est l’affreux salaire du péché, et l’homme sans péché devra la traverser pour en délivrer l’homme pécheur.
Par la faute du premier homme, Satan dispose de la force de la mort ; il veut posséder sans partage ce monde ténébreux. Il a laissé Jésus pour un tempsLuc 4. 13 après avoir été vaincu, malgré ses ruses, par la Parole de Dieu. Maintenant, il pense pouvoir effrayer l’homme parfait, afin de le détourner du chemin de “l’obéissance jusqu’à la mort”. Il sera vaincu à nouveau après la fervente prière de GethsémanéPhilippiens 2. 8 ; Hébreux 5. 7.
Jésus laisse ses trois disciples et s’en va un peu plus avant. Il se trouve seul à seul avec le Père, dans la plus intime communion, car lui seul peut sonder le contenu de la coupe que le Père lui présente. Il a cependant laissé Pierre, Jacques et Jean à proximité, pour veiller une heure avec lui, en assistant à distance à son combat, à ses supplications, à ses cris, à ses larmes ; mais les disciples s’endorment.
Jésus tombe maintenant sur sa face ; avons-nous éprouvé nous-mêmes cette façon de nous mettre à genoux devant Dieu dans la douleur de l’âme ? Peut-être comprenons-nous mieux, alors, celle de notre Sauveur. En trois prières, ardentes et sans doute prolongées (Jésus parle d’une heure pour la première, et les disciples se sont endormis), l’homme parfait “répand” entièrement son âme devant son Dieu. L’Esprit Saint nous en rapporte quelques mots : source inépuisable d’adoration.
La première prière exprime le désir angoissé du Seigneur : lui le saint et le juste, ne pouvait qu’être saisi d’effroi à la vue de la coupe de la colère de Dieu. Lui seul la sondait dans toute sa plénitude, et savait ce que signifiait le châtiment divin qui serait sur luiÉsaïe 53. 5, à cause du péché dont il se chargerait à la croix2 Corinthiens 5. 21. “Que cette coupe passe loin de moi” ! Ce ne pouvait être que son saint désir. Cependant, il était venu dans ce monde dans le but exclusif d’accomplir la volonté de Dieu. Son corps avait été formé en vue de ce service, et le jour du sacrifice était làHébreux 10. 5-7, 9, 10. En face du jugement de Dieu et des ténèbres qui vont l’envahir, il achève pourtant sa prière dans une soumission sans réserve : “comme toi tu veux”.
Jésus se lève de sa prière et trouve les disciples endormis. Ils avaient été déjà accablés de sommeil sur “la sainte montagne”, en présence de la gloire de leur MaîtreLuc 9. 32, 33 ; ils dorment maintenant en présence de ses souffrances ; plus tard, ils comprendront mieux1 Pierre 1. 11, 12.
Le Seigneur avait invité ses disciples à veiller avec lui ; son âme accablée avait attendu quelque compassion de l’homme, mais en vainPsaume 69. 21. Il leur demande maintenant de veiller pour eux-mêmes, et de prier afin de ne pas entrer en tentation. Le tentateur (4. 3) était en activité, et Jésus veillait et priait pour le vaincre.
Le Seigneur s’adresse à Pierre, tout en reprenant les trois disciples. Celui-ci avait eu l’esprit prompt, bien disposé à résister au jour de la tentation, mais il ne connaissait pas la faiblesse de sa chair, et Satan le fera bientôt trébucher.
Jésus vient de s’adresser à ses disciples avec une grâce pleine de calme ; il retournera deux fois encore devant son Père, dans le terrible combat de son âme. Ces prières sont celles de la pleine acceptation de la coupe ; ce n’est plus : “s’il est possible”, mais : “s’il n’est pas possible… que ta volonté soit faite”. Il connaissait cette volonté depuis toujours, mais au moment où elle causait tant d’effroi à son âme, il désirait l’accomplir sans réservePsaume 40. 9, car c’était ce que son Père, qu’il aimait, avait trouvé bon devant lui (11. 26) Jean 14. 31.
Jésus vient de prendre la coupe de la main de son PèreJean 18. 11 ; les disciples peuvent dormir maintenant et se reposer. L’heure de la croix s’approche ; les résultats seront glorieux : les péchés expiés, la mort vaincue, l’ennemi défait. Nous pouvons nous reposer aussi, nous qui avons mis notre confiance dans l’œuvre de la croix, et qui sommes du côté du vainqueur.
Jésus va être livré entre les mains des pécheurs ; ceux-ci sont “guidés” par JudasActes 1. 16 : “celui qui me livre”, dit Jésus. Mais dans son amour, il s’est aussi livré lui-même pour nousÉphésiens 5. 2. C’est lui qui s’avance et qui se place entre des mains iniques, pour être cloué sur la croix. Cependant il ne s’avance pas seul ; il dit aux disciples : “Levez-vous, allons”. Ceux-ci n’iront pas loin ; ils vont réaliser la mesure de leur foi à l’heure de la tentation.