Jésus vient de réveiller ses disciples, mais l’un des douze n’a pas dormi. Pendant la nuit, il a tramé son forfait et guidé une foule vers le lieu de la trahison. Quel contraste entre la scène de gloire où viennent de briller les perfections de l’homme Christ Jésus, et cette scène de violence où l’homme dégradé se déchaîne.
Les principaux sacrificateurs et les anciens du peuple ont armé la foule ; eux attendent tranquillement dans le palais (verset 57). Ils ont pensé que Jésus se défendrait, et qu’il fallait une foule de combattants pour se saisir de lui. Ces “chefs” n’ont pas connu le Seigneur de gloire1 Corinthiens 2. 8 qui pouvait anéantir ses ennemis d’une parole. Maintenant, il se livre lui-même entre leurs mains car l’heure est venue (verset 55) Luc 22. 53 ; Jean 16. 32.
Une grande foule est sortie “comme après un brigand” (verset 55) avec des épées et des bâtons. La foule est versatile ; maintenant elle est aveuglée. Elle s’est laissée armer contre son bienfaiteur, celui qui “allait de lieu en lieu, faisant du bien”. Il ne faudra pas longtemps pour qu’elle s’écrie, sous l’incitation de ses chefs : “Qu’il soit crucifié” ! (27. 20-23).
Judas agit maintenant avec une promptitude et une détermination effrayantes. Il était sorti de table avec précipitationJean 13. 30. En entrant dans le jardin à la tête de ces méchants hommes, il s’approche aussitôt de Jésus et le baise avec empressement. Il le salue d’une salutation familière, qui signifie littéralement : Réjouis-toi ! Il l’embrasse, et peut en même temps s’écrier : “Saisissez-le”. Le baiser de ce traître deviendra tristement proverbial.
Admirons la douceur avec laquelle Jésus répond à Judas. Son cœur est sans doute brisé par l’opprobre et par la trahison, mais il répond au geste injurieux du traître par une question calme, touchante, qui sera cependant une dernière flèche pour la conscience et le cœur de ce disciple. Ami, c’est pour cela que tu es venu ! Ami1, quel mot pour s’adresser à celui qui maintenant “lève son talon” contre Jésus. Mais Judas ferme l’oreille !
Pendant ce temps, Pierre a dégainé son épéeJean 18. 10 ; il n’a pas compris la pensée du SeigneurLuc 22. 36-38 ; il est dépassé par les événements. Il a dormi quand il aurait dû veiller ; il frappe maintenant au lieu de rester tranquille. Si ce geste accompli dans un élan coupable n’avait pas été désavoué, il aurait à coup sûr discrédité le Maître. Mais celui-ci fait face calmement : “Remets ton épée en son lieu” ; d’un geste plein de grâce, il guérit le blesséLuc 22. 51, puis il reprend Pierre. Il avait enseigné : “Aimez vos ennemis” ; “si quelqu’un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l’autre” (5. 39, 44).
Les victoires du croyant restent spirituelles ; l’épée, au cours de l’histoire de l’Église, n’a conduit qu’au déshonneur, et souvent à l’extermination (verset 52). Dans un temps à venir, en face des persécuteurs, elle devra être remplacée par la patience et la foi des saintsApocalypse 13. 10.
Le Seigneur détruira un jour l’adversaire d’un seul souffle de sa bouche2 Thessaloniciens 2. 8. Il prend ici la place d’un homme dépendant ; il avait affaire à son Père qui pouvait mettre à sa disposition une multitude de l’armée céleste ; un seul de ces anges aurait suffi pour détruire Jérusalem et exterminer ses habitants2 Samuel 24. 16.
Mais le chemin tracé par le Père pour le Fils était celui de la souffrance, du renoncement et de la mort. Il était inscrit à l’avance dans les Écritures, et Jésus les accomplissait. Il en appelle constamment, lors de ces heures éprouvantes, à ce qui était écrit de lui (versets 24, 31, 54, 56) Jean 13. 18 ; 15. 25 ; 18. 4. Moïse, les Psaumes et les prophètes avaient rendu à l’avance témoignage des souffrances qui devaient être sa part.
A cette heure, il ressent douloureusement les outrages de la foule armée. La méchanceté de l’homme va maintenant s’élever contre lui comme une marée croissante, mais elle mettra d’autant plus en évidence l’amour de Dieu répondant à la haine de l’homme.
Les disciples se sont enfuis à l’heure de l’épreuve ; Jésus le savait, et le leur avait dit à l’avanceJean 16. 32. Il avait posé la question : “Vous croyez maintenant” ? Où donc est leur foi, l’instant d’après ? Mais qu’aurions-nous fait à leur place ? Reconnaissons plutôt : Que faisons-nous maintenant ? Aujourd’hui, les adversaires ne s’emparent pas de Jésus avec des épées et des bâtons, mais avec des armes intellectuelles ou philosophiques subtiles, qui s’allient à l’incrédulité. En face d’eux, le Seigneur désire des fidèles qui n’aient pas honte de son témoignage2 Timothée 1. 8 ; 2. 3, 4.
Les disciples, désemparés, se sont donc enfuis ; par contre les chefs du peuple attendent leur victime ; ils avaient tenu conseil ensemble pour se saisir de Jésus par ruse (versets 3, 4). Leur complot réussit ; ils vont pouvoir supprimer celui qu’ils traitent d’imposteur, car il les gêne, il trouble leur conscience. Ils sont déjà assemblés pour le faire comparaître devant eux, lorsque Jésus entre au palais, lié et conduit par la troupe. Pierre suit le Seigneur, mais de loin ; il perd ainsi la force que donne la proximité de Jésus. Il ne réalise pas le danger d’être avec les méchants, de s’asseoir à leur siège (verset 58) Psaume 1. 1. Il va bientôt tomber dans leur filetPsaume 10. 9, 10.