En montant à Jérusalem, Jésus avait pris ses disciples à part (20. 17-19), pour leur révéler ce que feraient les nations dans leur cruauté : on se moquerait de lui, il serait fouetté, il serait crucifié. Ces trois épreuves nous sont maintenant rapportées.
Le supplice du fouet (verset 26) était réservé aux condamnés à mort ayant commis des crimes très graves. Celui qui est innocent donne maintenant son dos à ceux qui frappent ; ils le labourent et y tracent leurs longs sillonsÉsaïe 50. 6 ; Psaume 129. 3 ; aux souffrances physiques s’ajoutent des souffrances morales, insondables pour nous. Viennent ensuite d’autres formes de persécutions qu’infligent à Jésus des soldats pervers, attroupés en nombre (une cohorte de 600 hommes). Ils prennent plaisir à faire souffrir un homme sans défense. Isolés, ils auraient sans doute eu une certaine retenue ; assemblés, ils maltraitent avec cruauté leur victime.
Leur dureté de soldat n’explique pas tout ; ils méprisent certainement les Juifs avec autant de force que les Juifs les haïssent. Devant eux se tient un homme qui s’est proclamé roi des Juifs devant le gouverneur ; ils vont donc, comme tel, le ridiculiser. Ils l’ont déjà dévêtu pour le fouetter ; ils lui ôtent à nouveau ses vêtements et l’enveloppent d’un manteau rouge : sa gloire royale est ainsi tournée en dérision. Puis ils tressent une couronne, composée de ces épines de Judée acérées et blessantes. Le fruit d’un sol maudit à cause du péché de l’hommeGenèse 3. 18 repose maintenant sur la tête de l’homme parfait. Ils placent enfin dans la main droite de Jésus, en guise de sceptre, un roseau dérisoire ; puis ils vont l’outrager.
Les chefs du peuple, dans leur haine, avaient traité Jésus avec mépris (26. 67). Eux le font avec une moquerie insensée, et cet opprobre brise le cœur de JésusPsaume 69. 20. Ils s’agenouillent et le saluent en dérision ; ils lui crachent au visage et arrachent le poil de sa barbeÉsaïe 50. 6 ; ils frappent sa tête avec le roseau, ils lui donnent des souffletsJean 19. 3. Pilate survient alors ; sans honte, il fait sortir Jésus ainsi revêtu devant la foule, et prononce cette parole inoubliable : “Voici l’homme” Jean 19. 5 !
Un jour, c’est au nom de cet homme, Jésus, que tout genou se ploiera. Il paraîtra dans un vêtement éclatant de lumière (17. 2) ; le titre de dignité écrit sur son vêtement ne sera pas seulement : roi des Juifs, mais “Roi des rois et Seigneur des seigneurs” Apocalypse 19. 16. Plusieurs diadèmes orneront sa têteApocalypse 19. 12, et la plus glorieuse de ces couronnes sera d’or fin ; elle proclamera sa justice, sa majesté et sa magnificencePsaume 21. 4, 6. Sa main droite ne tiendra plus le roseau, mais le sceptre de ferPsaume 2. 9 ; Apocalypse 2. 27.
Puis les soldats conduisent Jésus, chargé de sa croix, vers le lieu du supplice. A la sortie de la ville, ils l’en déchargent et la font porter par Simon, un étranger qui passe par là en revenant des champs. Celui-ci ne se sent guère concerné par cette étrange procession, aussi les soldats le contraignent-ils à se charger de la croix pour la porter après JésusLuc 23. 26.
Jésus parvient à Golgotha, un lieu situé près de Jérusalem, mais hors de la “sainte ville”. Il devait être offert en sacrifice pour le péché hors de la porteLévitique 4. 12, 21 ; Hébreux 13. 11, 12. Golgotha est le lieu du crâne ; il évoque la souillure et la mortNombres 19. 16. Là, Jésus portera nos péchés et souffrira la mort de la croix.
Auparavant les soldats offrent à Jésus un peu de leur vin acide qu’ils mélangent à de l’huile de myrrhe, amère comme du fielMarc 15. 23 ; Psaume 69. 21. Cette mixture était censée atténuer les souffrances des suppliciés, aussi Jésus n’en veut-il pas boire. Il “goûtera” la mort dans toute son amertumeHébreux 2. 9.
Jésus est placé maintenant sur le bois maudit ; c’était de cette mort qu’il devait mourirJean 12. 33 ; 18. 32 pour attirer à lui-même les hommes qui le crucifiaient. Qui sondera l’amour infini de notre Seigneur sur la croix ! Là, il est devenu malédiction pour nousGalates 3. 13 ! Deux brigands sont crucifiés avec lui ; Jésus est mis au rang des iniquesMarc 15. 28, il occupe la place centrale de l’infamie : “Jésus au milieu” Jean 19. 18. Il est dévêtu une dernière fois avant d’être cloué sur la croix ; il doit endurer cette honteHébreux 12. 2 à la vue de tous ceux qui passent par là. Une douleur poignante s’exprime au-dedans de lui : “Mais moi, je suis un ver et non point un homme, l’opprobre des hommes et le méprisé du peuple” Psaume 22. 7.
Quatre soldats veillent sur les crucifiés jusqu’à leur mort. Ils partagent les vêtements de Jésus pour en tirer quel qu’argent ; c’est sans doute tout ce qu’ils retiendront de la mort du Fils de Dieu. Jésus, du haut de la croix, verra le sort jeté sur ses vêtements et sur sa robe ; il en éprouvera une profonde et secrète souffrancePsaume 22. 19.
Un écriteau est placé au-dessus de sa tête ; il peut être lu par tous, car il est rédigé en trois langues courantes : l’hébreu religieux, le grec culturel, le latin officiel : “Celui-ci est Jésus le Nazaréen, le roi des Juifs” (verset 37) Jean 19. 19-23. Telle est son “accusation”, le motif de sa condamnation. Pilate l’a rédigée lui-même ; que pouvait-il bien écrire, puisqu’il ne trouvait aucun crime en cet homme ? Ainsi, il se moque une dernière fois et de Jésus et des Juifs ; il emploie à l’adresse de Jésus l’appellation méprisante de Nazaréen, puis inscrit : le roi des Juifs. Puisque Jésus s’est proclamé tel, le voici maintenant crucifié ! Les Juifs aussi peuvent voir maintenant leur roi cloué sur la croix ; même s’ils s’élèvent avec véhémence contre cette affirmation qu’ils estiment sacrilège, le gouverneur aura le dernier mot.
Jésus est bien le Christ, le roi des Juifs ; il revendiquera bientôt son titre. Il reste aussi le NazaréenActes 22. 8, même dans la gloire. Celui qui s’est ainsi abaissé jusqu’à la mort de la croix, Dieu l’a haut élevé et l’a fait “Seigneur de tous”.