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Essayer maintenant
Judas, comme les autres disciples, vient de respirer l’odeur du parfum. Cependant, il est resté totalement étranger à cette scène d’adoration ; elle ne fait que révéler l’état de son âmeJean 12. 6. Judas était depuis longtemps sous l’emprise de l’amour de l’argent ; ce péché terrible l’entraîne maintenant à la mort. Pourtant, il a vécu pendant trois années en présence de Jésus et de la brillante lumière de Dieu. Sous ce faisceau, Simon Pierre avait sur-le-champ reconnu son état de pécheurLuc 5. 8. Judas, lui, reste dans les ténèbres, car sa conscience n’est pas atteinte. D’avare, il devient voleurJean 12. 6, et hypocrite en laissant penser qu’il se soucie des pauvres. Il devient enfin complice du meurtre de son Seigneur, en le trahissant pour de l’argent. Quel enchaînement terrible à partir d’une tendance coupable non jugée !
Depuis longtemps, les principaux du peuple désirent faire mourir Jésus, mais ils reculent par crainte des réactions de la foule. Judas le sait, et va les satisfaire en leur livrant son Maître aussi discrètement que possible. Chacun y trouvera son compte, et ce compte est évalué à trente pièces d’argent ! Tel était le prix, en Israël, d’un serviteur tué par inadvertanceExode 21. 32 ; tel est le “prix magnifique” auquel Jésus a été estimé par les chefs du peupleZacharie 11. 12, 13.
Le jour de la dernière Pâque est arrivé, et Jésus a fort désiré la manger avec ses disciples avant de souffrirLuc 22. 15. L’heure est venue maintenant, et le Seigneur sait que lui, la vraie pâque, va être sacrifié1 Corinthiens 5. 7. Il était l’Agneau de Dieu préconnu, l’agneau pascal par excellence.
La pâque est intimement liée à la fête des pains sans levain (verset 17) ; elle est placée sur un terrain saint, car l’absence de levain témoigne symboliquement de la séparation du mal ; l’apôtre Paul le rappelle avec fermeté aux Corinthiens. Nous ne pouvons évoquer et commémorer la mort du Seigneur sans nous tenir sur ce terrain-là. Les disciples, sans comprendre la portée d’une telle fête, obéissent promptement et apprêtent la pâque (verset 19). Ils se rendent vers un homme qui connaît aussi le Maître ; son empressement témoigne en sa faveur (verset 18) Marc 14. 14, 15. Jésus le nomme à ses disciples, et lui accorde l’honneur et la joie de venir chez lui pour un repas mémorable. “Mon temps est proche” lui dit-il ; mais avant qu’il soit “accompli” Jean 7. 6-8, le Seigneur doit connaître la mort.
Le soir tombe maintenant ; c’est pour Jésus la fin d’une longue période au cours de laquelle il a été méprisé. Mais ce jour de Pâque sera plus douloureux encore : Pierre, son cher disciple, va le renier ; Judas va le livrer entre les mains des hommes, et ceux-ci vont le crucifier. Lorsqu’il se met à table avec les douze, le Seigneur a tout cela devant lui.
Jésus adresse un dernier appel à la conscience de Judas : “l’un d’entre vous me livrera”. Il le sait depuis le commencement, et l’a pourtant choisiJean 6. 70, 71 ; le diable agit maintenant dans le cœur de ce disciple pour l’entraîner avec lui à la perdition. Judas reste ainsi pour toujours l’exemple tragique de ceux qui ont préféré les ténèbres, et sont éternellement perdusJean 17. 12.
Judas a été plus de trois ans dans l’intimité du Sauveur sans vouloir être sauvé, enveloppé de l’amour de Jésus sans en être touché. Le Maître vient de lui laver les piedsJean 13. 2, 10, 11, mais Judas a déjà tendu la main pour recevoir le salaire de la trahison. Cette main, il la trempe dans le plat avec celle de Jésus, pour recevoir le morceau de choix. Il ose le faire après avoir posé cette question hypocrite : “Est-ce moi, Rabbi” ? Il sait pourtant que ce geste désigne le traître (verset 23). Satan s’empare alors de sa proie et conduit Judas dans la nuitJean 13. 18, 27, 30.
Les disciples se sont regardés l’un l’autre, remplis de tristesse. Lequel d’entre eux serait capable d’une telle trahison ? Serait-ce moi ? Ils interrogent le Maître, chacun à leur tour. En visitant leur cœur, ils ont dû penser qu’ils en étaient tous capables ; ainsi est le cœur de l’homme dans ses recoins ténébreux ; ainsi est le nôtre ! Jésus a dû mourir pour que son sang nous lave de tout cela.
Le traître a été désigné au début du souper ; il est sorti promptement. Les autres disciples sont sans doute soulagés, mais certainement attristés : quelle chose terrible que d’entendre le Maître prédire le malheur de l’un d’entre eux ! N’avaient-ils pas marché avec Judas pendant des années sans se douter que “le diable”, c’était luiJean 6. 70 ! “Malheur à vous, hypocrites” ! disait Jésus aux pharisiens (23. 13, 23, 27), mais l’un des douze disciples était tel.
Le Fils de l’homme est donc livré par un de ses intimes ; les Écritures l’avaient annoncé à l’avancePsaume 41. 9 ; 55. 13, 14. Elles s’accomplissent maintenant selon le conseil déterminé de DieuActes 2. 23 ; 4. 28. Elles avaient prédit le chemin du Fils de l’homme qui s’en va, dans la figure du bouc azazel, “le bouc qui s’en va” Lévitique 16. 8, 20-22. Jésus s’en est allé loin de Dieu ; il est descendu dans cet abîme ténébreux, portant l’éternité de notre châtiment. Il s’en est allé pour acquérir le trésor caché dans le champ (13. 44), pour acheter aussi la perle de très grand prix (13. 46), son épouse qu’il a aimée, et pour laquelle il s’est “livré” lui-mêmeÉphésiens 5. 25.