Il ne devrait y avoir, dans la famille de Dieu, que des rapports dignes de lui. Le Seigneur a déjà évoqué la sainteté de l’autel divin, et la nécessité de venir adorer avec une conscience pure (5. 23). Les différends entre frères se règlent toujours d’une façon heureuse, si ceux-ci marchent dans la lumière du Seigneur. Jésus évoque maintenant une situation plus éprouvante : un frère vient d’être gravement offensé par un autre, en parole ou en acte. Ce péché est souvent la conséquence d’une mauvaise disposition d’esprit du fautif à l’égard de son frère. Ce dernier, s’il est spirituel, agira comme le Seigneur aurait agi lui-même, avec cette grâce et cette douceur qu’il a toujours manifestées envers chacun, et envers ses disciples en particulier.
Ce n’est pas à d’autres frères qu’il convient d’abord d’en parler ; ce serait la voie ouverte au trouble. Dans une démarche faite avec le Seigneur, il faut aller vers le frère offenseur : “va”. Un différend peut quelquefois se régler aujourd’hui par une conversation téléphonique, une faute grave, non. Une lettre n’est pas opportune non plus ; elle peut aggraver la situation. Jésus dit : “va”, puis il ajoute : “reprends-le, entre toi et lui seul”. C’est une affaire qui jusque-là reste secrète, et c’est bien ainsi ! Reprendre son frère n’est pas l’agresser par des considérations vindicatives, mais l’écouter puis l’éclairer pour le convaincre. Peut-être l’offensé a-t-il des préjugés, des pensées qui ont besoin d’être rectifiées ; les motifs étant établis, la situation peut lui apparaître sous un jour différent. Le Seigneur montre enfin le but final : gagner son frère, toucher sa conscience et son cœur en vue de la réconciliation. Le jugement tranchant, nous devons le réserver à nous-mêmes (verset 8) ; notre frère sera gagné par la douceur, qui n’exclut pas la vérité. Le péché confessé est alors “couvert” à la gloire de Dieu1 Pierre 4. 8, et la communion fraternelle rétablie.
Le frère qui a péché n’a pas été gagné : la démarche a pu être maladroite ; le fautif reste convaincu de son innocence ou de son bon droit. Il peut être aussi de mauvaise foi, ce qui est grave. Un ou deux témoins sont alors choisis parmi des frères pieux, sages, paisibles, et capables d’apprécier la situation. Ils devront eux aussi parler, convaincre (verset 17), puis témoigner éventuellement, si leur mission échoue. L’Écriture insiste souvent sur la nécessité d’un double ou triple témoignage pour établir la vérité ; cette règle était obligatoire en IsraëlDeutéronome 19. 15 elle reste intangible aujourd’hui2 Corinthiens 13. 1. Pour être efficace, l’action des témoins doit s’effectuer dans la discrétion absolue ; si malgré tout le frère qui a péché s’obstine, les témoins en rendent compte à l’assemblée sur la demande de l’offensé.
L’assemblée est donc le dernier recours sur la terre, car il est exclu qu’une difficulté entre frères, si grave soit-elle, soit soumise au jugement du monde1 Corinthiens 6. 1-8. Mais un frère qui refuse d’écouter l’assemblée se met dans une situation redoutable, il aura affaire au Seigneur. Jésus ne dit pas ce que l’assemblée devra faire ; l’Esprit Saint le lui montrera selon le cas, et au moment opportun. Mais le frère lésé, tout en reconnaissant que le maintien d’une vraie communion avec son frère est impossible, n’aura à son égard ni indifférence ni mépris (5. 44). Il attendra patiemment le temps de la repentance, comme le Seigneur le fait à l’égard des pécheurs dans ce monde (verset 17).
Jésus a présenté l’assemblée comme un édifice spirituel qu’il va personnellement construire (16. 18). Elle sera édifiée sur le fondement de sa personne, après sa mort, sa résurrection, son ascension dans la gloire, et la venue du Saint Esprit pour la former. Elle trouvera son expression locale dans les assemblées réunies au nom du Seigneur (verset 20). Le Seigneur leur confère par anticipation une autorité pour agir et décider en son nom1.
L’assemblée locale est donc investie de ce pouvoir de lier et de délier, de décider de ce qui doit l’être pour un bon ordre, pour un fonctionnement et un accroissement heureux. En conséquence, toute décision est prise dans un esprit de communion par l’ensemble2 Corinthiens 2. 6, selon l’enseignement des Écritures et la direction de l’Esprit Saint. Ce qui est lié ou délié par une assemblée locale l’est “sur la terre” et vaut pour toutes les assemblées de Dieu, car le ciel le prend en compte. Le Seigneur marquera ensuite visiblement du sceau de son approbation toute décision spirituelle prise dans sa dépendance.
Jésus rappelle que la puissance de Dieu est à la disposition du croyant qui prie avec foi. La sollicitation divine par la prière est plus pressante encore lorsque la demande est présentée d’un même cœur par plusieurs fidèles. L’accord sur ce qui est exposé est nécessaire ; il n’est réel pour Dieu que dans la soumission à sa ParoleJean 15. 7 ; 1 Jean 5. 14, 16, et la recherche de la pensée de l’EspritRomains 8. 26, 27.
La prière en commun s’exprime entre autres dans le cadre de l’assemblée réunie au nom du Seigneur2. Ne négligeons pas les réunions de prières ; elles permettent à l’assemblée de maintenir sa vie, de recevoir la bénédiction d’en hautPsaume 133, et de résister à l’adversaire1 Pierre 4. 7 ; 5. 8. La faiblesse est quelquefois ressentie, les participants peuvent être en petit nombre (deux ou trois), mais si la communion d’esprit est réalisée, l’exaucement sera sans limite (verset 19).
La pensée de Dieu avait été d’habiter au milieu de son peuple, dans un lieu choisi par lui, pour le bénirExode 20. 24 ; Deutéronome 12. 5 ; 2 Chroniques 7. 16. Israël infidèle a été mis de côté pour un temps. Dieu habite maintenant dans l’assemblée par son EspritÉphésiens 2. 22 ; 1 Corinthiens 3. 16. Le Seigneur fait ici une promesse particulière (verset 20) dont la foi s’empare avec bonheur. Sa présence n’est pas visible aux yeux de l’homme, mais elle est réelle, et les croyants en jouissent profondément. Elle est assurée, selon sa grâce, à ceux qui sont assemblés autour de lui pour la louange, la prière, ou la présentation de la Parole, selon cet énoncé :