Jésus l’avait promis : quelques disciples assisteraient de leur vivant à son apparition dans le royaume (16. 28). Cette promesse encourageante se réalise six jours après. Jésus choisit Pierre, Jacques et Jean ; ils vont être les témoins de sa gloire. Ils avaient déjà vu sa puissance en résurrection (9. 25) ; ils seront invités, plus tard, à entrer dans la communion de ses souffrances (26. 37).
Jésus mène ces trois disciples sur une haute montagne, symbole de sa domination lors du règne millénaire. Là, il est transfiguré1, manifesté devant ses disciples dans une gloire éclatante. Celle-ci était voilée jusque-là par la “forme d’esclave” qu’il avait prise volontairementPhilippiens 2. 7, mais elle se discernait par la foiJean 1. 14. En cet instant, son visage resplendit comme le soleil ; il anticipe la splendeur du “soleil de justice” qui jugera ce monde, mais lui apportera aussi la guérisonApocalypse 1. 16 ; Malachie 3. 20. Ses vêtements deviennent d’une blancheur immaculée ; ils représentent la pureté inaltérable, la sainteté de celui qui était parfait dans sa marche et dans son service, comme il l’était dans son être intérieur.
Deux grands hommes de Dieu apparaissent en gloire avec Jésus, et les disciples les reconnaissent. Moïse et Élie étaient à juste titre vénérés des Juifs. La loi divine avait été donnée à Israël par Moïse. Élie, ce grand prophète, avait eu pour mission de ramener le cœur du peuple d’Israël à son Dieu et à sa loi. Leur ministère (la loi et les prophètes) n’avait pas produit de fruit durable, car la nation rebelle avait refusé de se soumettre à la volonté de Dieu et à ses commandements. Cependant, leur témoignage à la justice de Dieu subsiste, et conduit à ChristRomains 3. 21 ; 10. 4. Ces deux hommes parlent maintenant avec Jésus de sa mort prochaineLuc 9. 31 ; c’est sur ce fondement que reposera désormais la réalisation des promesses divines en rapport avec le royaume.
Pierre et ses compagnons se sont endormis pendant que Jésus priait. Ils se réveillent de leur sommeil, mais ont déjà perdu quelques beaux rayons de la gloire du Seigneur. Les paroles de Pierre s’en ressentent : il reconnaît le privilège unique du moment, et voudrait anticiper la fête des tabernacles (des tentes) Lévitique 23. 42 ; Zacharie 14. 16 ; mais Jésus vient d’évoquer sa mort, sans laquelle aucune bénédiction ne peut survenir. De plus, bien que le nommant en premier, le disciple place le Fils de Dieu au rang des hommes qui parlent avec lui : une tente pour chacun. Ces hommes de Dieu honorés à juste titre, même par Jésus, ont cependant eu leurs faiblesses ; l’homme venu du ciel, lui, n’a jamais failli.
Pierre parle encore, lorsqu’une nuée lumineuse apparaît ; elle couvre Jésus et ses disciples, voile la scène et rend invisibles Moïse et Élie. Cette nuée était autrefois pour Israël le signe de la présence et de la faveur divine ; elle maintenait cependant le fidèle à distance de DieuExode 40. 34, 35 ; 2 Chroniques 7. 1, 2. Ici les disciples, bien qu’effrayés, peuvent se tenir dans la nuée, signe de la proximité des personnes divines.
La voix du Père se fait alors entendre avec les mêmes accents qu’au Jourdain, lorsqu’elle revendiquait la gloire du Fils de Dieu qui avait pris place au milieu des pécheurs repentants (3. 17). C’est Jésus qu’il faut écouter maintenant ; il n’est pas seulement, comme Élie et Moïse, un porte-parole des commandements et des messages divins : il est lui-même la Parole de Dieu, Dieu dans la plénitude de sa grâce et de sa vérité. Son langage nouveau, célesteJean 3. 31, exprime en perfection l’amour qui unit le Père à son Fils bien-aimé.
Le plaisir que le Père avait éprouvé dans la vie de Jésus avant son baptême, se prolonge avec une égale satisfaction durant tout son ministère (12. 18) ; la voix venue du ciel le confirme au moment où Jésus se dirige vers la croix.
Les disciples sont tombés le visage contre terre ; ils n’étaient pas préparés à la solennité de cette scène, et n’ont pu sur le moment en goûter l’intimité. Mais Jésus d’un geste touchant les relève, et les rassure : “N’ayez point de peur” (14. 27). Les disciples garderont une impression inoubliable de la contemplation de la gloire du Seigneur. La nuée restera dans le souvenir de Pierre comme une “gloire magnifique”, et la voix du Père rendant “honneur et gloire” à son Fils, comme un témoignage renouvelé de l’amour divin, pour toutes les générations2 Pierre 1. 16-18.
Les enfants de Dieu, aujourd’hui, sont rendus agréables dans le Bien-aiméÉphésiens 1. 6 ; ils sont admis par grâce à cette communion avec le Père et avec le Fils1 Jean 1. 3. Ils sont invités à contempler sans voile la face du Seigneur glorifié, pour être à leur tour “transformés” moralement de gloire en gloire, à l’image du Bien-aimé2 Corinthiens 3. 18 ; 4. 6.
Jésus descend maintenant de la “sainte montagne” et reprend l’humble chemin de “l’homme de douleurs”. Il enjoint aux disciples de ne pas parler de cette vision de gloire du Fils de l’homme, avant sa résurrection ; il reste le Messie méprisé.
Les disciples restent aussi sur cette vision d’Élie apparu dans la gloire du royaume (verset 11). Les prophètes n’avaient-ils pas annoncé un précurseur, préparant le chemin du MessieÉsaïe 40. 3-5 ; Malachie 3. 1 ; 4. 5, 6, en vue du rétablissement de toutes choses dans le royaume futur (verset 11) Actes 3. 21 ? Élie est venu, répond le Maître, dans la personne de Jean le baptiseur (verset 13 ; 11. 10-14) ; il n’a pas été reconnu. De même le Messie sera rejeté et “retranché”.
Un autre témoin, investi de la puissance d’ÉlieApocalypse 11. 6, se lèvera à la dernière heure au milieu du peuple apostat ; lui aussi sera mis à mort. Alors viendra inévitablement “le grand et terrible jour de l’Éternel”.