Sur l’ordre de Jésus, les disciples voguent en direction de l’autre rive. Ils peuvent avoir la certitude que celui qui les envoie saura les garder jusqu’à ce qu’il les ait rejoints. Mais lorsque la tempête est là, la confiance fait place au tourmentMarc 6. 48. Le vent est contraire, la barque est battue par les vagues et n’avance guère. Le temps passe ; à la quatrième veille de la nuit (vers trois heures du matin), la situation devient très éprouvante, car les corps et les esprits sont bien fatigués ; c’est à ce moment que Jésus s’approche.
Les disciples ne reconnaissent pas cet homme qui marche sur la mer ; pourtant qui le pouvait sinon celui qui domine les éléments (8. 27). Ils croient voir un fantôme et crient de peur. Combien l’esprit de l’homme est faible, et combien les circonstances angoissantes peuvent altérer la perception de ceux qui pourtant connaissent le Seigneur ! Mais lui ne laisse jamais les siens longtemps dans l’angoisse : “Ayez bon courage ; c’est moi, n’ayez point de peur”. La voix rassurante de Jésus se fait reconnaître dans la tempête.
Nous, croyants, sommes tous engagés dans une traversée difficile. La nuit est sombre et les vents sont contraires. La mer est parfois agitée, nous avons peur de sombrer ; mais Jésus veille et prie pour nous “sur la montagne”. Il intercède continuellement en notre faveur jusqu’à la délivrance finaleHébreux 7. 25. Le matin vient, et la quatrième veille est sur le point de se terminer. Nous devons nous réjouir de ce que la venue du Seigneur est proche, au lieu d’être troublés par les circonstances du moment. Jésus les domine, il marche sur la mer et nous encourage à regarder à lui. Pour la foi, il n’est pas une ombre indistincte, mais un phare lumineux.
Dans un temps futur, les fidèles du peuple juif traverseront une mer terrible. Ils connaîtront la grande tribulation, la “détresse de Jacob”. Alors Jésus viendra à leur rencontre et deviendra leur sauveurÉsaïe 63. 8. Ils entendront sa voix connue : “Ne crains point… tu és à moi. Quand tu passeras par les eaux, je serai avec toi” Ésaïe 43. 1, 2. Ils reconnaîtront comme leur Messie celui qu’ils ont crucifié, et le recevront comme “Fils de Dieu” en lui rendant hommage (verset 33).
Pierre a distingué la voix de son Maître. Dans un élan de foi, bravant les circonstances adverses, il veut aller à Jésus, et le Seigneur dit : “Viens”. Nous assistons là à une scène unique, relatée par Matthieu seulement : un homme marchant sur les eaux de la mer à l’appel de Jésus, dans la confiance de la foi. Ce miracle ne s’est sans doute jamais renouvelé, mais il manifeste, comme d’autres semblables, que le Dieu tout puissant peut soutenir les siens au-dessus des lois de la nature, comme à travers les éléments les plus destructeurs. En cet instant, Pierre est véritablement “gardé par la puissance de Dieu, par la foi” 1 Pierre 1. 5.
Pourquoi faiblit-il soudain ? Celui qui a dit : “Viens”, va-t-il le laisser sombrer ? Pierre cesse un moment de fixer les yeux sur Jésus, et se laisse épouvanter par la force du vent. Pourtant il doit bien savoir que même par temps calme, il ne peut faire un seul pas sur les eaux sans la puissance de Dieu. Il a douté, dit le Seigneur, et cela lui est fatal ; une minute de foi de plus, et il se serait trouvé dans les bras du Maître. Mais Jésus répond aussitôt à son cri de détresse, le prend par la main et le fait monter avec lui dans la barque.
Nous sommes tous appelés à connaître l’épreuve en traversant la mer agitée par le vent. Puissions-nous avoir la belle attitude de ce disciple, qui marche sur la mer pour venir à Jésus qui l’appelle :
La foi s’appuie sur Christ et sur sa parole : Viens, hors de la nacelle, sans protection apparente ; tu pourras marcher sur les eaux comme moi-même. Dans sa marche constante au-dessus des circonstances, le Seigneur reste le parfait modèle pour le croyant qui vit de foi et de piété.
Cependant lequel d’entre nous n’a pas un jour commencé à enfoncer par manque de foi ? “Seigneur, sauve-moi” est le cri instinctif de celui qui connaît la seule ressource. Jésus tend alors la main selon sa parfaite miséricorde, mais il souligne aussi la faiblesse de la foi. Tirons profit de ses répréhensions, et n’oublions pas de rendre grâces à celui qui délivre ; il est “véritablement le Fils de Dieu” (verset 33).
Jésus et ses disciples abordent à l’autre rive. L’épreuve est terminée à la gloire du Fils de Dieu ; mais le Fils de l’homme continue sans se lasser son travail d’amour. Il était venu pour guérir “tous ceux qui se portaient mal” (verset 35 ; 4. 24 ; 8. 16 ; 9. 12) ; il passe à nouveau dans ces villes du nord de la Galilée où il est reconnu. On s’empresse de lui apporter de nouveaux malades. Quelle puissance émane de lui ! Il suffit de toucher le bord de sa robe (verset 36 ; 9. 21), et la guérison est complète.
Présentons-nous à Jésus tous ceux qui se portent mal, dans nos maisons ou parmi nos connaissances ? Il est le divin médecin ; il guérit ceux qui le touchent. Souvenons-nous aussi avec reconnaissance que c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris1 Pierre 2. 24.
Bientôt également, cette scène l’évoque, il viendra pour guérir son peuple : “la guérison sera dans ses ailes” Malachie 3. 20. Après la tempête, il introduira le résidu juif dans ses terres, et comblera le pays de bénédictions.