Le chapitre 18 se relie au chapitre 16, et reprend les deux grands sujets du royaume et de l’assemblée d’un point de vue pratique. L’ensemble du chapitre est marqué par l’esprit de grâce et d’humilité qui devrait toujours caractériser ceux qui sont à la fois des fils du royaume (verset 1 ; 13. 38) et des frères dans l’assemblée (verset 15).
Ce n’est pas cet esprit qui semble animer les disciples à ce moment-là (verset 1). Le Maître vient de leur montrer le chemin de l’abaissement ; eux ambitionnent la grandeur dans le royaumeLuc 22. 24. Jésus leur rappelle que ce qui importe en premier, c’est d’entrer dans le royaume, dans cette sphère morale où Dieu règne. Pour cela, il ne faut pas être grand mais petit.
La conversion est une nécessité absolue pour en prendre le chemin ; ce changement de direction implique le renoncement à sa propre justice, la confession de ses péchés devant Dieu, l’acceptation de sa grâce qui pardonne et délivre. Cette attitude est en contraste absolu avec l’orgueil et les prétentions de l’homme naturel ; elle correspond à l’image de la simplicité, de l’humilité et de la confiance d’un petit enfant : c’est pourquoi Jésus place l’un d’eux au milieu des disciples. Il faut devenir comme cet enfant, et commencer par naître de nouveauJean 3. 3, 5.
Le royaume des cieux appartient donc à ceux qui ressemblent aux petits enfants (19. 14) ; c’est à eux que le Père a révélé les choses du ciel (11. 25). Nous comprenons bien que dans tout cet enseignement, le Seigneur parle à la fois des petits enfants en contraste avec les adultes, mais aussi de ceux qui portent le caractère de ces petits en qui le mal ne s’est pas encore développé.
Jésus répond ensuite à la question des disciples (verset 4), et présente la vraie grandeur dans le royaume. Le plus grand est celui qui s’abaisse le plus ; le Seigneur en laissera le parfait exemple (20. 26-28) Philippiens 2. 5-8. L’esprit du monde est marqué par l’orgueil et la prétention, l’amour-propre et la vanité. Au milieu d’un tel courant, le croyant se fait petit, effacé, sans recherche de vaine gloire. Il ne peut atteindre cette grandeur morale qu’en fixant les yeux sur son modèle, Jésus Christ.
Enfin, dit le Seigneur, “quiconque reçoit un seul petit enfant tel que celui-ci en mon nom, me reçoit”. Il s’associe tous ceux dont le monde ne fait pas de cas, les faibles, les humbles, les méprisés, les opprimés. Les vrais fils du royaume reproduisent les vertus enseignées par le Père qui est dans les cieux. Ils ont égard à ces “petits enfants” dont le Seigneur prend soin ; lui-même saura leur donner en son temps leur récompense (25. 40).
Comme une pierre saillante peut faire trébucher un passant sur le chemin, ainsi pouvons-nous, par nos paroles ou notre conduite, faire tomber quelqu’un dans l’erreur ou le péché. Les occasions de chute peuvent donc survenir dans notre manière d’agir à l’égard d’autrui, et particulièrement à l’égard des “petits” (versets 6, 7) ; elles surviennent aussi sur notre propre chemin, par notre faute (versets 8, 9). Il est inévitable, dit le Seigneur, que se produisent des occasions de chute. Nous sommes dans un monde de scandales, voué au malheur à cause de cela (verset 7). Que les incrédules placent des pierres d’achoppement sous les pas des croyants, cela n’est pas surprenant. Satan, le chef de ce monde, met toutes ses ruses en œuvre dans ce but. Mais que des personnes qui se disent chrétiennes scandalisent ces “petits qui croient en moi”, dit Jésus, par des raisonnements trompeurs, des discours provocants ou des conduites immorales, le Seigneur l’enregistre et leur rendra selon leurs œuvres. Un homme auquel on pendrait au cou une meule de pierre, serait irrémédiablement noyé dans les profondeurs de la mer. Le sort des hypocrites fauteurs de scandales sera bien pire encore1 Samuel 2. 12-17, 34.
Le croyant prend donc garde à ne pas être une pierre d’achoppement pour son frère. Il veille aussi sur lui-même (versets 8, 9), car les tentations sont multiples autour de lui, et la source du mal est dans son cœur naturelRomains 7. 20. La main peut accomplir des choses mauvaises, le pied peut conduire dans des lieux dangereux, l’œil ouvre la voie à la convoitise (5. 28-30). Si l’on s’est laissé surprendre, il faut réagir sans délai, sinon le mal portera ses fruits. Le jugement de soi-même ne se fait pas sans souffrance, sans mutilation peut-être, mais le geste est nécessaire ; il évitera la chute qui laisse toujours des traces douloureuses. L’incrédule, lui, laisse agir le mal dans ses membres, même s’il s’en défend. Il n’a ni discernement, ni puissance spirituelle pour s’en séparer ; il se dirige aveuglément vers “la géhenne du feu” éternel.
Les petits enfants ont un grand prix pour le Seigneur ; ils ont aussi besoin d’un Sauveur, car tout être humain qui naît dans ce monde est marqué par le sceau du péché, et se dirige vers la mort, salaire du péché. Jésus est venu pour sauver ces petits (verset 11) ; et tous ceux qui décèdent avant l’âge où l’on est responsable de sa conduite devant Dieu, sont au bénéfice de l’œuvre expiatoire de Christ. Le Seigneur montre l’intérêt particulier et l’affection qu’il leur porte ; ils sont continuellement représentés devant Dieu par les anges qui servent en leur faveur. Ne méprisons aucun d’entre eux, mais portons-les plutôt dans notre cœur, comme Jésus lui-même le fait. Les mêmes égards sont dûs à ceux qui, comme les enfants, gardent une simplicité naturelleRomains 14. 1, 10, 13.
Jésus n’est pas venu pour les propres justes, qui sont en grand nombre (verset 13 ; 9. 13) Luc 15. 7, mais pour sauver la brebis perdueÉsaïe 53. 6. Sa grande joie est de la chercher (verset 12) Luc 19. 10, de la trouver, et de la conduire dans le chemin du salut et de la vie éternelle. Dieu s’est donc occupé des “petits” afin de les sauver (verset 14), mais il désire aussi qu’aucun homme ne périsse, mais que tous viennent à la repentance2 Pierre 3. 9.