A nouveau dans la synagogue en un jour de sabbat, le Seigneur Jésus rencontre ses accusateurs. Dans ce lieu où la parole de Dieu est lue, celui qui en est l’expression parfaite a en face de lui deux formes de la misère de l’homme : l’infirmité et l’orgueil. Jésus est venu pour guérir l’infirmité, même si l’orgueil religieux s’y opposait. La parole prophétique se réalise : “Le méchant épie le juste, et cherche à le faire mourir” Psaume 37. 32, ou encore : “Ils observent mes pas, car ils guettent mon âme” Psaume 56. 7.
La présence de l’homme à la main desséchée doit fournir aux pharisiens l’occasion recherchée pour accuser Jésus. Mais elle doit permettre à Jésus de montrer que la grâce va bien au-delà des limites qu’imposerait l’interprétation rigide de la loi. Le ministère de Jésus est un ministère de grâce. Il ne peut donc en aucune façon se laisser lier par le légalisme.
En disant à l’homme infirme de se lever devant tous, le Seigneur va ouvertement relever le défi que le silence observateur des pharisiens lui avait lancé. Leur refus de répondre à la question précise de Jésus démontre la perversion de leur cœur qui fait de la loi divine, sainte, juste et bonne, un obstacle à l’accomplissement du bien. Nous devons prendre garde à ne pas tomber dans une erreur semblable.
Le regard d’indignation de Jésus résulte de la tristesse de son cœur. Il voit dans l’état d’esprit de ces personnes ce qui caractérise les mauvais bergers d’Israël blâmés par le prophète, et qui porte préjudice à tout le peupleÉzéchiel 34. 1-6. Mais lui, le Serviteur parfait, est venu pour prendre soin de son troupeau, pour chercher la brebis perdue, ramener l’égarée, bander la blessée et fortifier la maladeÉzéchiel 34. 16. Il en donne la preuve en cet instant en demandant à l’homme d’étendre sa main, et elle est rétablie. Devant l’évidence de la puissance et de la grâce du Seigneur, ses ennemis ne répondent que par un conseil secret pour décréter sa mort, conseil qui les unit, alors qu’ils appartiennent à deux partis totalement opposés.
Laissant ses ennemis à leur complot, Jésus se retire de là pour aller vers la mer. Il y rencontre une multitude qui le suit et le recherche, se jetant même sur lui afin de le toucher. Risquant d’être bousculé par cette foule, il demande une petite barque pour s’y tenir afin de pouvoir mieux enseigner tout ce peuple. Quel contraste avec la scène précédente ! Cela fait ressortir la différence entre les vrais besoins de l’homme et l’orgueilleuse suffisance des chefs religieux.
En quittant la synagogue, le Seigneur anticipe le rejet qu’il subira de la part de son peuple. Alors l’évangile débordera les frontières d’Israël, comme dans ces versets où nous voyons des étrangers se mêler à la foule des Galiléens. La grâce de Dieu est sans borne, de sorte qu’elle ne se laisse pas limiter par le légalisme.
La mention des esprits impurs qui se jetaient devant Jésus confirme ce qui a été dit, à savoir que Jésus ne peut recevoir le témoignage des démons. Qui donc peut proclamer qui est Jésus Christ, sinon ses rachetés seuls ?
Se plaçant un peu en retrait, le Seigneur se tient sur la montagne dans le but de choisir ses futurs messagers. L’évangile selon Luc fait précéder ce récit d’un détail de toute importance : “Il s’en alla sur une montagne pour prier. Et il passa toute la nuit à prier Dieu” Luc 6. 12. Marc, par contre, précise ce que Luc ne dit pas, c’est qu’il établit les douze pour être avec lui, car il voulait des compagnons dans son service d’amour. Ensuite seulement, il les envoie prêcher et leur donne autorité pour agir en faveur de son peuple et accomplir à leur tour ce que le parfait Serviteur leur a si bien montré. Ils le réaliseront surtout après avoir reçu le Saint Esprit, mais déjà, au cours du ministère du Seigneur, ils peuvent expérimenter la réalité de la puissance divine.
Judas est choisi aussi ; on peut se demander pourquoi. N’y a-t-il pas, dans la tragédie de Judas, une démonstration dramatique de ce que le cœur naturel est capable d’accomplir ? L’environnement favorable, l’enseignement et l’exemple parfaits du divin Maître, le fait même d’avoir été mandaté pour une mission particulière, rien ne peut changer l’état du cœur. Seules la grâce et la puissance divines, avec la foi qui se les approprie, sont le moyen par lequel l’homme peut être sauvé.