Simon Pierre avait tout quitté pour suivre le Seigneur. Il va donc mettre tout ce qu’il possède à la disposition de son Maître : sa maison d’abord. Elle deviendra le pied-à-terre du Sauveur, de celui qui, plus tard, après la fin de son ministère en Galilée, n’aura pas un lieu où reposer sa têteLuc 9. 58. Plusieurs fois, en effet, il est question de Jésus et de ses disciples qui se trouvent dans la maison qui semble bien être celle de Pierre.
En y entrant, Jésus trouve la belle-mère de Pierre couchée avec la fièvre. La situation était préoccupante ; aussi lui en parle-t-on aussitôt. En la prenant par la main, Jésus la fait se lever, et aussitôt la fièvre la quitte. Image de l’agitation, la fièvre entrave tout service valable. Le grand médecin est là, et il est là pour guérir et non pas seulement pour soigner comme les médecins humains. Le texte ne nous dit pas quelle était la nature de cette fièvre, ni quelle en était la cause. Cela pouvait être banal et passager, mais rien n’est trop petit pour le Seigneur. N’hésitons donc pas à exposer tous nos besoins par la prière au Seigneur. Nous lui laisserons alors le choix de la décision, sachant qu’elle sera pour notre bien et pour nous rendre aptes à servir celui qui a tout fait pour nous.
Lors de la délivrance du démoniaque de la synagogue, la renommée de Jésus s’était déjà répandue tout à l’entour dans la Galilée (verset 28). Ici, aux abords de la maison de Pierre, la ville entière se trouve rassemblée pour apporter à Jésus tous ceux qui se portaient mal. Quel témoignage éloquent est ainsi rendu à la puissance de Jésus ! Ce témoignage rend Capernaüm particulièrement responsable et aggravera sa culpabilité lorsque cette ville rejettera finalement celui que Dieu lui avait envoyé. Le Seigneur devra l’exprimer dans une douloureuse complainte : “Et toi Capernaüm, qui as été élevée jusqu’au ciel, tu seras abaissée jusque dans le
Sur le matin, longtemps avant le jour, le Seigneur reprend son incessante activité. Mais c’est d’abord dans un endroit désert qu’il reste seul avec Dieu son Père. En effet, la prière, première occupation du matin, n’est jamais négligée par le Serviteur dépendant. Quel exemple pour nous, qui avons encore plus besoin de ces moments de recueillement ! Les foules vont l’assaillir dans leur engouement et leur exaltation passagère. Tous te cherchent, vient-on lui dire (verset 37). Mais lui, avec calme et dignité, peut répondre : “Allons ailleurs dans les bourgs voisins” (verset 38). Il se déplace ainsi au gré des besoins dont il a conscience, ne cherchant nullement à tirer avantage de la renommée dont il est momentanément l’objet. Il n’a qu’un seul objectif devant lui : annoncer la Parole et réduire au silence les manifestations de l’Ennemi. “C’est pour cela que je suis venu” répond-il encore, pleinement conscient de sa mission divine. Ce travail inlassable sera relevé par l’apôtre Pierre dans la maison de Corneille : “Lui qui a passé de lieu en lieu, faisant du bien, et guérissant tous ceux que le diable avait asservis à sa puissance ; car Dieu était avec lui” Actes 10. 38.
Le verset 39 peut être considéré comme un résumé préalable du ministère du Seigneur Jésus dans la Galilée. Il ne convient pas d’essayer de tracer géographiquement le chemin parcouru par le Seigneur. Les diverses narrations que nous en font les évangiles ne sont que partielles et sont présentées dans un but spirituel. Ce qui ressort de ce premier chapitre de l’évangile selon Marc est la consécration totale du Seigneur Jésus, consécration à son Dieu, active et utile pour soulager la misère de son peuple.
Dans ces versets se présente une nouvelle manifestation de l’état de misère où se trouvait le peuple. La lèpre était autrefois inguérissable, et elle est une figure du péché. Le lépreux devait se tenir en dehors des localités et crier devant lui : “Impur, impur !” Lévitique 13. 45, 46 Mais Jésus est venu apporter la délivrance, et aucune plaie ni aucune souillure ne peuvent laisser le Seigneur indifférent. Ce lépreux a conscience de la puissance infinie de Jésus, mais il doute de son bon vouloir. Habitué à être repoussé par chacun, peut-il espérer une heureuse exception ? “Si tu veux, tu peux…”, c’est la foi mêlée de doute, foi en la puissance, mais doute au sujet de l’amour. Ce lépreux n’est-il pas le fidèle portrait de l’homme ? “Ah ! si Dieu était vraiment bon…” entend-on souvent. Mais il y a, dans cet épisode, un encouragement pour chacun. Pour de multiples raisons, on peut se sentir repoussé par la société, mais Jésus ne repousse personne. N’a-t-il pas étendu la main pour toucher ce malade impur et contagieux, étant ému de compassion ? Vous qui êtes atteint par une maladie grave, peut-être même une maladie honteuse, ne craignez pas de vous adresser à Jésus en lui déclarant tout ce qui vous concerne. Il vous dira à vous aussi : “Je veux, sois net”, sois net de ton péché, sois purifié de tout ton passé. Vous pourrez alors dire comme David : “Bienheureux celui dont la transgression est pardonnée et dont le péché est couvert ! Bienheureux l’homme à qui l’Éternel ne compte pas l’iniquité” Psaume 32. 1, 2.
Nous avons vu que Jésus ne recherchait pas la popularité qu’aurait pu lui procurer sa renommée. Comme un serviteur fidèle, il se conforme aux prescriptions de la loi. Ordonnant au lépreux guéri de ne rien dire à personne mais de se montrer au sacrificateur, il lui indique quel est le plus important des services : l’obéissance à la parole de Dieu. S’il avait obéi, un témoignage efficace aurait été rendu au fait que Dieu était parmi le peuple. Croyant mieux faire, cet homme publie et divulgue ce qui était arrivé. En conséquence, Jésus ne peut plus entrer ouvertement dans la ville. Il n’est pas facile de voir la raison profonde de l’ordre donné par Jésus concernant le silence à observer dans ce cas. Mais à voir le résultat qu’entraîne la désobéissance, nous pouvons mieux comprendre l’injonction du Seigneur. Il en est toujours ainsi : notre rôle est d’obéir, peut-être sans comprendre, car le Seigneur sait mieux que nous ce qui est bon ou ce qui est au préjudice du témoignage. Toutefois, le résultat final est que l’on sort de la ville pour venir à Jésus. C’est bien ce à quoi nous sommes invités : sortir vers lui, hors des distractions de ce monde, pour apprendre à le connaître, à l’aimer et à le servir avec fidélité.