Les exhortations précédentes ont produit sur Josué un effet immédiat ; par le moyen des officiers (les magistrats du peuple), l’ensemble du camp se prépare à la traversée du Jourdain et à la conquête du pays. Un chrétien nourri de Christ et soumis à la Parole aura, même à son insu, une influence heureuse sur d’autres.
Ensuite, rien n’est fait hâtivement. Les officiers invitent le peuple à se tenir prêt dans trois jours. Pour nous, l’énergie humaine est sans valeur pour traverser le fleuve de la mort et vaincre l’ennemi dans ses places fortes. Si la vérité de Dieu est la ceinture de nos reins1 et si nous revêtons l’armure complète de Dieu avant le combat, nous serons assurés de la victoire.
Les trois jours évoquent pour le chrétien la période de temps connue de la mort et de la résurrection de ChristLuc 9. 22. C’est le signe de JonasMatthieu 12. 40, le fondement même de l’évangile1 Corinthiens 15. 3, 4. À la sortie d’Égypte, trois jours s’étaient déjà écoulés depuis la nuit de la Pâque, jusqu’à la traversée de la mer Rouge et le chant du cantique de la délivrance.
Et maintenant, au bout de trois jours, le peuple part de Sittim, la dernière étape de la traversée du désert. Conduit par Josué et instruit par ses officiers, il est invité à suivre l’
La dernière partie du chapitre présente le cas attristant et instructif des deux tribus et demie – Ruben, Gad et la moitié de la tribu de Manassé – qui avaient déjà fait le choix d’habiter en deçà du Jourdain.
Le début de leur histoire est donné dans le livre des Nombres. Ayant vu que les pays de Jahzer et de Galaad convenaient bien à leurs nombreux troupeaux, ils étaient venus à MoïseNombres 32. 1, 2 en exprimant leur désir de ne pas traverser le Jourdain. Leur décision délibérée était de s’installer dans les plaines de Galaad, “de ce côté du Jourdain, vers le levant” Nombres 32. 19. La juste indignation de Moïse ne les a pas fait revenir sur leur choix.
Le compromis accepté par Moïse constate, hélas, la première brèche dans l’unité du peuple : “Nous nous équiperons promptement pour marcher devant les fils d’Israël” Nombres 32. 17 ; l’engagement était que tous les hommes de guerre de ces deux tribus et demie accompagneraient leurs frères pour aller à la guerre et achever la conquête du pays avant de rejoindre leurs familles en GalaadNombres 32. 20, 21, 27. L’accord a été clairement confirmé, sur-le-champ, à Éléazar et à Josué, pour qu’il soit respecté le moment venu. Moïse leur accorde alors leurs possessions dans le lieu de leur choix. Mais où était la pensée de Dieu dans cette affaire ? Ces deux tribus et demie sont pour nous l’image des chrétiens terrestres qui ont leurs pensées et leurs affections aux choses visibles et ne connaissent Christ qu’à travers les circonstances de la terre. Toutefois, leur bonne volonté et leur sincérité sont réelles. Ils ajoutent même au rappel de leur engagement pris devant Moïse (1. 17), cette exhortation que Dieu lui-même avait faite à Josué : “Fortifie-toi et sois ferme” (1. 18).
La suite de l’histoire de ces deux tribus et demie a confirmé que leur choix n’était pas selon les pensées de Dieu. Déjà au moment d’accompagner leurs frères au combat (4. 13), seuls quarante mille hommes se présentent, alors que le dénombrement du peuple montre que leurs hommes de guerre étaient au moins de cent dix mille2.
L’affaire de l’autel de Hed (chapitre 22) est déjà l’occasion de malentendus et de difficultés. Plus tard, ces tribus ne répondront pas à l’appel de Barak et Débora au combat contre les ennemis du peupleJuges 5. 15-17. Et ces tribus seront les premières à tomber aux mains de l’ennemi : “Savez-vous que Ramoth de Galaad est à nous ? Et nous nous taisons, sans la reprendre de la main du roi de Syrie” 1 Rois 22. 3. Mais, plus triste encore, elles connaîtront les premières, de la part de Dieu, la captivité loin du pays : “Et le Dieu d’Israël réveilla l’esprit de Pul, roi d’Assyrie, et l’esprit de Tilgath-Pilnéser, roi d’Assyrie, et il transporta les Rubénites, et les Gadites, et la demi-tribu de Manassé, et les emmena à Khalakh, et à Khabor, et à Hara, et au fleuve de Gozan, où ils sont jusqu’à ce jour” 1 Chroniques 5. 26.
Le choix de ces tribus était semblable à celui de Lot3 déjà ébloui par les mêmes lieux, qui étaient, en apparence seulement, “comme le jardin de l’Éternel” Genèse 13. 10. Leur choix a porté plus tard ses fruits amers.
La vraie patrie du chrétien est le pays même, au-delà du Jourdain, figure de la mort et de la résurrection de Christ que l’Esprit de Dieu applique à son âme.