Jérémie reçoit l’ordre de se rendre chez un potier pour le regarder travailler. Dieu l’avertit : “Là je te ferai entendre mes paroles” (verset 2). Dans ce lieu empreint de simplicité, sinon de pauvreté, il va lui enseigner une leçon très importante pour la vie de la foi : Dieu lui montre sa souveraineté et sa puissance et réduit à néant l’orgueil et la prétention de l’homme.
Le prophète descend dans la maison du potier, l’observe en silence alors qu’un vase prend lentement sa forme entre les doigts de l’habile artisan. Soudain, le vase est gâché et se réduit en une masse informe dans les mains du potier qui la pétrit un instant puis la replace sur le tour. Alors, un nouveau vase s’élève et le potier l’affine progressivement. Cette fois le potier achève son ouvrage et considère l’objet avec satisfaction : c’est bien ainsi qu’il lui plaisait de le faire. Le tour évoque l’instrument dont Dieu se sert pour notre formation dans les circonstances quotidiennes.
Le divin potier a son dessein dans son cœur et l’argile dans sa main. “Ne puis-je pas faire de vous comme fait ce potier, ô maison d’Israël ? dit l’Éternel. Voici, comme est l’argile dans la main du potier, ainsi êtes-vous dans ma main” (verset 6). On peut remarquer que, pour accomplir son travail, le potier tient une main à l’intérieur du vase, l’autre à l’extérieur. Il agit à notre égard à la fois par un travail intérieur du cœur et par la pression de circonstances extérieures.
En appelant Jérémie à son service de prophète, l’Éternel lui avait déjà démontré qu’Il est souverain (chapitre 1). Par l’illustration du potier, il montre maintenant à son serviteur comment il s’apprête à agir envers Israël, vase gâté par le péché, non point sur la base de ce que mérite Israël, mais pour l’accomplissement de ses desseins immuables.
La souveraineté de Dieu se manifeste ici sous plusieurs aspects. Personne ne peut mettre en doute la justice de Dieu qui épargne une ville comme Ninive, après avoir pourtant annoncé son jugement ; mais cette nation coupable s’était repentie et humiliée. Pourtant Jonas avait eu du mal à reconnaître ce droit souverain de DieuJonas 4. 1. Mais le peuple juif était encore moins disposé à accepter un autre aspect de ce droit, tout aussi réel. Si l’Éternel avait parlé de bénir une nation – c’était le cas pour Israël – et qu’elle se détourne pour faire ce qui est mauvais à ses yeux, il se repentirait du bien qu’il voulait lui faire. Il a pouvoir sur l’argileRomains 9. 21. Il agit comme il le juge bon, avec une justice toujours parfaite. Et si Israël avait reconnu son iniquité et s’était tourné vers le Seigneur en confessant ses fautes, le jugement annoncé lui aurait été épargné.
Dieu invite Jérémie à supplier encore les hommes de Juda : “Revenez donc chacun de sa mauvaise voie” (verset 11), mais ils répondent déjà avec une terrible effronterie : “C’est en vain ; car… nous ferons chacun selon l’obstination de son mauvais cœur” (verset 12). Ils veulent suivre chacun son propre chemin, sans Dieu, dans la rébellion et le mensonge. Si l’on rejette “une bonne conscience” 1 Timothée 1. 5, après avoir été pendant longtemps sous la direction de Dieu, on peut être entraîné dans toute sorte de mal.
La patience de Dieu est manifeste, mais le jugement, longtemps retenu, est maintenant tout proche. “La vierge d’Israël a fait une chose très horrible” (verset 13) ; ils brûlaient de l’encens à de vaines idoles. Ils avaient délibérément quitté les sentiers anciens pour un chemin non frayé et Dieu doit déclarer : “Je les disperserai… je leur tournerai le dos” (verset 17). Des siècles de dispersion du peuple juif loin de son pays ont démontré l’accomplissement de ces paroles.
Le prophète de l’Éternel est considéré comme un ennemi. Il en est fréquemment ainsi de celui qui déclare sans détour la vérité de Dieu, même au milieu des croyants. Paul devra dire aux Galates : “Je suis donc devenu votre ennemi en vous disant la vérité ?” Galates 4. 16 Ils s’écrient avec orgueil : “La loi ne périra pas de chez le sacrificateur ni le conseil de chez le sage, ni la parole de chez le prophète” (verset 18) ; autant de personnes que Dieu n’avait ni choisies, ni envoyées (23. 21). Mais leurs faux enseignements convenaient si bien à ceux qui les écoutaient ! Dans leur ressentiment contre Jérémie, ce fidèle homme de Dieu, ils s’encouragent à le frapper de leur langue, à le noircir en portant contre lui de fausses accusations. Le prophète s’écrie : “Ils ont creusé une fosse pour mon âme” (verset 20). Les pharisiens ont eu la même attitude à l’égard du Seigneur. Par leurs questions perfides et leurs calomnies, ils auraient voulu ébranler sa perfection morale et le faire périr comme blasphémateur. Comme Ézéchias quand l’ennemi l’insultait2 Rois. 19. 14-16, Jérémie se tourne vers l’Éternel et lui remet sa cause. Il demande que le jugement tombe sur ses détracteurs. Ce sera aussi le langage du résidu juif au temps de la grande tribulation. La venue de Christ en gloire aura pour conséquence la délivrance de ce résidu par la destruction de ses ennemis.