Nous avons vu que le jugement prononcé par le moyen de Jérémie s’étendait à toutes les nations qui sont en relation avec Israël. Ce jugement est détaillé dans les chapitres 47 à 51.
Dieu commence le jugement par son peuple et le met de côté comme centre de son gouvernement sur la terre. Il va confier l’autorité suprême aux nations (non Israélites) dans la personne de Nebucadnetsar, roi de Babylone. Les jugements prononcés sur les nations se limitent aux événements qui ont pour but d’établir la domination de ce roi sur elles. Babylone elle-même est jugée ensuite. Cependant on y trouve quelques traits qui correspondent au gouvernement de Dieu tel qu’il sera manifesté aux derniers jours. C’est ainsi que certaines nations dont le territoire ne fait pas partie de celui d’Israël seront rétablies à la fin (Égypte, Moab, Ammon, Élam) alors que ceux dont le territoire appartient à Israël, ne le seront pas (Philistins, Hatsor, Damas). Le cas d’Édom est particulier ; bien que son territoire soit en dehors d’Israël, il subira une destruction complète à cause de son acharnement perfide envers Israël1.
Le Pharaon Neco, roi d’Égypte, avait tué Josias, roi de Juda. Il avait ensuite emmené captif en Égypte un fils de Josias, Joakhaz, que le peuple du pays avait choisi pour être roi, et l’avait remplacé par son frère Jehoïakim.
Lorsque Nebucadnetsar a attaqué Juda, Jehoïakim et son peuple ont voulu s’appuyer sur l’Égypte pour échapper à sa main. L’armée du Pharaon paraissait bien en mesure de dominer la Babylonie. Elle s’était avancée jusqu’à l’Euphrate avec des hommes forts bien équipés, montés sur des chars. L’ambition du Pharaon était sans bornes, sa puissance impressionnante comme le Nil en crue. Mais Dieu avait décidé de livrer l’Égypte au roi de Babylone et ses hommes forts sont tombés devant l’armée de Nebucadnetsar.
La chute de l’armée du Pharaon ne se limitera pas à une défaite hors de son pays. Elle connaîtra une déroute complète, les réchappés de ses soldats et les mercenaires énumérés au verset 9, tous du nord-est de l’Afrique, ont tourné le dos pour retourner chez eux. Mais l’armée de Nebucadnetsar les poursuivra et désolera le pays d’Égypte qui sera entièrement livré en la main des Chaldéens, le peuple du nord. Alors l’Égypte, ses dieux et ses rois seront jugés tous ensemble. On mesure la folie de Juda qui avait cru y trouver refuge, malgré les avertissements de Dieu.
Toutefois, ce ne sera pas une destruction totale et définitive. “Après cela”, dans un temps indéterminé, l’Égypte sera de nouveau “habitée, comme aux jours d’autrefois”. Plusieurs prophéties confirment cette restauration de l’Égypte, non seulement dans les temps qui ont suivi la destruction de Babylone, mais au temps de la fin, encore à venir aujourd’huiÉsaïe 19. 24, 25 après les conflits qui l’opposeront encore à Israël et au roi du NordDaniel 11. 40.
L’annonce d’une restauration future (verset 26) rend d’autant plus poignante cette exclamation.
Dieu a souvent parlé au Pharaon pendant sa prospérité, mais celui-ci n’a pas écouté et il a endurci son cœur, comme son prédécesseur aux jours de Moïse. Le moment propice pour se tourner vers Dieu est passé. Il ne reste plus que le jugement.
“Le Pharaon… n’est qu’un bruit” qui peut effrayer un instant, mais qu’en reste-t-il ? Combien de grands personnages dans ce monde ont ce caractère ! On parle beaucoup d’eux, de leurs exploits, pendant quelque temps, puis ils tombent vite dans l’oubli, parfois le méprisEcclésiaste 4. 16.
Dieu interviendra plus tard pour relever l’Égypte, mais quel temps perdu, et quelles souffrances endurées pendant ce temps. C’est un sérieux avertissement pour nous. Dieu me parle aujourd’hui, par tel ou tel verset de sa Parole… par ce verset 17. Est-ce que je le reçois de sa part ? Il m’arrête peut-être par une circonstance difficile, maladie, accident ou simple contretemps, et je comprends qu’il a quelque chose à me dire. Suis-je disposé à m’arrêter pour écouter ou est-ce que je me détourne pour suivre coûte que coûte mon propre chemin ?
Ne nous laissons pas séduire par la pensée que Dieu est plein de grâce et qu’il saura bien nous ramener de l’égarement. Nous sommes en danger de laisser passer le temps de la patience de DieuÉsaïe 7. 13.
Les Juifs avaient cru pouvoir, au mépris de la parole de Dieu, s’appuyer sur l’Égypte pour échapper au roi du Nord. Voilà que leur appui allait être complètement renversé. C’était la fin de leur espérance, la perspective tragique d’être entièrement livrés à leur ennemi. C’est alors que l’Éternel vient à leur rencontre avec des paroles d’encouragement : “Ne crains pas… Ne t’effraye pas”. Remarquons les titres qu’il leur donne ici : “Mon serviteur Jacob… Israël”. C’était leur rappeler qu’ils avaient totalement oublié les promesses divines, mais aussi que les pensées de Dieu et son dessein à leur égard demeurent les mêmes jusqu’à leur plein accomplissement. Ceux qui les mènent en captivité seront entièrement détruits, mais Israël sera corrigé avec mesure (10. 24) pour être rétabli à la fin. Seulement – et l’Éternel le rappelle encore une fois – le juste gouvernement de Dieu doit suivre son cours : “Je ne te tiendrai point pour innocent” (Comp. Exode 34. 7).
Ce chapitre nous encourage parce qu’il nous montre que Dieu nous aime alors même qu’il nous discipline.