“Je me souviens de toi, de la grâce de ta jeunesse, de l’amour de tes fiançailles, quand tu marchais après moi” (verset 2). Quel touchant rappel de l’époque où Dieu était tout pour son peuple. La manière dont l’Éternel commence son message démontre son attachement envers Israël. L’amour du Seigneur ne se démentira jamais, même lorsqu’il sera obligé de les frapper sévèrement : “Je t’ai aimée d’un amour éternel, c’est pourquoi je t’attire avec bonté” (31. 3). Le lecteur est invité à suivre la trace des affections indéfectibles de Dieu tout au long du livre, pour comprendre que “celui que l’Éternel aime, il le discipline, comme un père le fils auquel il prend plaisir” Proverbes 3. 12. S’il doit châtier son peuple, tous ceux qui seront employés comme verge dans sa main, seront jugés quant à la manière dont ils ont accompli leur mission (30. 16) à cause de leur haine contre Israël.
Dans ce chapitre, l’Éternel doit déclarer à plusieurs reprises qu’Israël l’a abandonné (versets 5, 13, 17, 19, 27, 32) malgré tous les soins qu’il lui a donnés. La triste condition de l’homme vient de ce qu’il a abandonné la bénédiction dans laquelle Dieu l’avait placé. L’Éternel juge d’après la position initiale, d’après ce qu’il avait donné au commencement. C’est pourquoi il rappelle ici :
En vain chercherait-on quelque motif : l’Éternel a-t-il manqué à leur égard ? (verset 5) Ésaïe 5. 4. Tout ce qu’il leur a donné pour le bien a été souillé ou s’est retourné contre lui : le pays fertile, les sacrificateurs, les docteurs de la loi, les pasteurs, les prophètes. L’Éternel était leur gloire ; ils se sont détournés de lui pour se tourner vers les idoles qui ne sont d’aucun profitÉsaïe 44. 9, 10 ; Habakuk 2. 18. Bien au contraire, elles conduisent à la ruine. 2 Chroniques 28. 23
Les cieux sont appelés à témoin de cette folie caractérisée par deux maux :
Quel tableau de la misère dans laquelle l’oubli de son créateur a plongé non seulement le peuple d’Israël du temps de Jérémie, mais aussi l’humanité tout entière telle que nous la voyons maintenant !
N’y a-t-il donc aucune cause à un tel déclin ? “Ton iniquité te châtie… c’est une chose mauvaise… que ma crainte ne soit pas en toi… tu as dit : Je ne servirai pas”. La racine du mal est ici découverte : c’est l’iniquité, l’activité d’une volonté indépendante, qui ne reconnaît ni loi ni maître, qui refuse l’obéissance envers Dieu. “Si je suis maître, où est la crainte qui m’est due ?” Malachie 1. 6 C’est une marque indélébile : “ton iniquité reste marquée devant moi” ; et le prophète devra revenir plusieurs fois sur ce point (13. 23 ; 16. 12 ; 17. 9). Mais le peuple coupable nie l’évidence et se séduit lui-même. Aussi cette injonction lui est-elle adressée : “Regarde ton chemin dans la vallée, reconnais ce que tu as fait”. Ne pensons pas que nos actions s’effacent sans laisser de traces. Rien n’est oublié par Dieu, mais il invite aujourd’hui à reconnaître et à juger nos voies pour nous donner son pardon et nous détourner du mal.
Un autre trait vient souligner la gravité de l’état moral du peuple : après avoir reçu l’avertissement, il dit : “C’est en vain”. “Ils ne reçoivent pas la correction” (versets 25, 30 ; 5. 3 ; 6. 29, 30 ; 7. 28). Ce refus persistant signe un état irrémédiable qui conduit à la ruine. “L’homme qui, étant souvent repris, raidit son cou, sera brisé subitement, et il n’y a pas de remède” Proverbes 29. 1. En Actes 7. 51, c’est aussi ce qu’Étienne devra déclarer au peuple coupable.
Enfin un dernier caractère achève ce triste tableau. Non content de refuser la répréhension, le peuple s’élève jusqu’à dire : “Nous sommes maîtres” (verset 31) Deutéronome 8. 17 et “Je n’ai point péché” (verset 35). Mais aucune de ces prétentions orgueilleuses ne peut l’empêcher d’avoir à rendre compte à Dieu : “J’entrerai en jugement avec toi sur ce que tu as dit : Je n’ai point péché”. Il n’y a pas d’échappatoire, tout effort pour chercher du secours d’un côté ou de l’autre sera vain en présence du jugement de Dieu.
Ces avertissements ont été prononcés par Jérémie devant le peuple de Juda et Jérusalem, mais nous y entendons la voix de Dieu qui, pour le temps actuel comme alors, découvre les traits essentiels de l’état des hommes devant lui et les conséquences qui en découlent. Souvenons-nous qu’elle s’adresse en premier lieu à ceux qui sont en relation avec lui, à ceux qui invoquent son nom.