Une grande prophétie occupe la partie centrale de ce livre. Elle vient après les avertissements répétés concernant la chute de Jérusalem et le jugement des nations. La ville sera bientôt dévastée et le châtiment est imminent. A l’heure la plus sombre de l’histoire du peuple, en contraste avec l’angoisse et l’humiliation du moment, le prophète va parler d’espérance.
Une question importante se posait. Qu’en serait-il, dans l’avenir, de l’attente constante des pères, qui reposait sur l’alliance éternelle, “les grâces assurées de David” Ésaïe 55. 3 ? Ces promesses étaient-elles caduques, n’y avait-il plus d’espérance pour la nation égarée ?
Dieu va révéler à son serviteur les perspectives glorieuses qu’il tient en réserve pour les siens. Jérémie doit les écrire dans un livre. Elles concernent un avenir encore lointain. Elles serviront à l’édification et à la consolation des générations futures. Dieu prend soin de conserver sa parole, seule source de vérité pour notre âme.
Depuis le chapitre 4, le prophète ne s’était plus adressé qu’à Juda. Mais maintenant, l’Éternel parle au peuple tout entier. Le nom de Jacob, souvent répété, met ce fait en évidence (versets 7, 10, 18 ; 31. 7, 11). Aujourd’hui encore, Israël est dispersé au milieu des nations. Le retour temporaire d’un résidu de Juda après les soixante-dix ans de captivité, n’a pas été la réponse aux promesses. La parole révèle ce qui précédera la restauration complète. “Tous ceux qui habitent sur la terre”, et Israël lui-même, traverseront un temps extrêmement troublé, que la parole appelle “la détresse de Jacob” ou encore “la grande tribulation” (verset 7) Matthieu 24. 21. Mais le résidu sera sauvé de cette épreuve par le retour du Seigneur qui lui apportera la délivrance dans son pays.
En contraste, Dieu promet à l’assemblée chrétienne : “Je te garderai de l’heure de l’épreuve qui va venir sur la terre habitée tout entière, pour éprouver ceux qui habitent sur la terre” Apocalypse 3. 10.
Le pouvoir, qui était jusqu’alors confié aux nations, sera brisé. C’est l’empire romain, sous sa dernière et terrible forme, une bête à dix cornes, qui détiendra alors le pouvoir dominant sur la terreDaniel 7 ; Apocalypse 13. Désormais Israël et les nations serviront le vrai David, celui que la parole de Dieu présente comme le Seigneur de David, tout en étant aussi son Fils, notre Seigneur (verset 9 ; 33. 15-17) Matthieu 22. 42-45. A son royaume, il n’y aura pas de finLuc 1. 32, 33.
Suit un message réconfortant : Dieu corrigera Israël, mais il le fera avec mesure (verset 11) Psaume 118. 18. Sa sainteté et sa bonté brillent du même éclat. Dieu ne peut pas laisser le mal impuni. “Je ne te tiendrai point pour innocent” (verset 11), déclare-t-il à son peuple. Mais s’il le frappe, les coups sont mesurés pour produire un effet salutaire (31. 19).
“Ta blessure est incurable” (verset 12), dit l’Éternel. D’ailleurs, personne ne cherche à lui venir en aide ! Ceux qui autrefois recherchaient ses faveurs s’en détournent. C’est Dieu qui l’a frappée “d’une plaie d’ennemi, d’une correction d’homme cruel” (verset 14). Pourquoi donc agit-il ainsi ? Il le répète par deux fois : à cause de la grandeur de son iniquité (versets 14, 15). Il peut agir ainsi avec un croyant, pour qu’il ne soit pas jugé avec le monde1 Corinthiens 11. 32 ; 1 Pierre 4. 17.
Israël est encore un peuple dispersé et affligé, mais au temps fixé, en réponse à des prières ferventes qui monteront vers lui, l’Éternel aura compassion et usera de grâcePsaume 102. 14, 18.
“Tous ceux qui te dévorent seront dévorés. Tous tes ennemis, oui, tous, iront en captivité” (verset 16). Ce sera le cas en particulier de ces nations « chrétiennes », arrogantes et incrédules, qui l’ont appelée “la Chassée… que personne ne recherche” (verset 17). Déjà, au cours des siècles écoulés, quand elles ont persécuté Israël, elles n’ont pas prospéré. Même si le peuple est appelé “Lo-Ammi”, il reste l’objet des soins providentiels d’un Dieu toujours fidèleRomains 11. 28, 29.
L’Éternel promet : “Je te guérirai de tes plaies” (verset 17). La puissance est dans son bras et l’amour dans son cœur. On sent combien il se réjouit à une telle perspective. Il aura à son égard la même activité que le Samaritain dont parle l’ÉcritureLuc 10. 33, 34. Alors Jérusalem sera appelée “la recherchée, la ville non abandonnée” Ésaïe 62. 12.
Les captifs reviennent, la ville est rebâtie sur son emplacement, le palais est habité selon sa coutume (verset 18). “Il en sortira la louange et la voix de gens qui s’égaient” (verset 19) Ésaïe 65. 18, 19. Comme autrefoisÉsaïe 1. 26, des bénédictions temporelles sont en réserve pour Israël repentant. Dieu les multipliera et les glorifiera.
Mais au milieu de ces versets, déjà si riches en promesses, est comme enchâssée une prophétie parmi les plus belles concernant le Messie. Nous apprenons d’abord qu’un chef, un dominateur, sortira du milieu du peuple de Dieu (verset 21). C’est une perspective très consolante, au moment même où la nation va se trouver, et pour longtemps, sous une domination étrangère. “Il germera de son propre lieu” Zacharie 6. 12. Dieu ajoute : “Je le ferai approcher, et il viendra à moi” (verset 21). Il aura le privilège suprême de s’approcher de Dieu. Il n’aura nul besoin d’un médiateur, il sera donc plus grand que David ou Salomon. Comme Melchisédec, il sera sacrificateur sur son trône.
Pour faire ressortir combien il est important de s’approcher ainsi de Dieu, Jérémie pose ici une question qui, de fait, implique une réponse négative. Qui oserait s’approcher ainsi de Dieu au péril de sa vie, sans y être invité ? Hébreux 5. 4 Même pour un roi, c’était se mettre en péril. Jéroboam1 Rois 13. 1-6 et Ozias2 Chroniques 26. 16-20 ont subi les conséquences de leur orgueil insensé. Le seul qui peut s’approcher est celui que Dieu a choisi, l’Oint, le ChristPsaume 2. 6.
Il s’agit donc bien du Messie ; il sera de la lignée de David (verset 9) et les bénédictions qui découleront de son règne sont immédiatement précisées (verset 22). Le peuple d’Israël jouira d’une réelle communion avec Dieu et remplira enfin vraiment son service d’adorateurExode 19. 6.
Les derniers versets de ce chapitre montrent que la fureur de l’Éternel, “une tempête continue”, s’exerce contre les méchants – les rebelles du peuple – (verset 23) et cela jusqu’à ce qu’Il ait exécuté toutes ses pensées. Nous le comprendrons à la fin des joursDeutéronome 29. 28.