Par deux images expressives – la ceinture et les cruches – l’Éternel veut faire comprendre au peuple sa corruption et son aveuglement qui entraînent le jugement.
Sur l’ordre de l’Éternel, Jérémie doit acheter une ceinture de lin et la porter sur ses reins, en signe d’attachement, celui de l’Éternel pour son peuple (verset 11). C’est une ceinture de sacrificateur, symbole de pureté et de séparation pour Dieu.
Puis il doit faire un long voyage pour la cacher dans le creux d’un rocher, au bord de l’Euphrate, et revenir à Jérusalem. Longtemps après, il doit refaire le même voyage. Jérémie obéit sans protester et trouve la ceinture abîmée : elle n’est plus bonne à rien.
Sérieux avertissement pour le peuple rebelle qui allait être déporté au bord de l’Euphrate, à Babylone, bien que l’Éternel lui soit profondément attaché.
Israël tout entier aurait dû être “un royaume de sacrificateurs et une nation sainte” Exode 19. 6. S’il avait été fidèle, le peuple aurait gardé en toute pureté la grâce de sa jeunesse, l’amour de ses fiançailles (2. 2). Dieu voulait qu’il soit pour lui son peuple, un objet de renom, de louange et d’ornement sur la terre. Mais Israël s’était corrompu par l’idolâtrie, comme les nations. Dès lors, comme la ceinture, il n’était plus bon à rien, malgré son orgueil d’être le peuple de Dieu. On ne le voyait pas encore, mais sa déportation à Babylone devait le démontrer. C’est cet orgueil incrédule que Dieu veut détruire pour ramener les cœurs vers lui.
Jérémie doit ensuite dire au peuple cette parole énigmatique : “Toute cruche sera remplie de vin” (verset 12). Il s’attirera la moquerie. C’est évident, diront-ils, mais il leur en donne la terrible signification. Ce n’est pas de joie qu’ils vont être comblés, mais de maux. Ils boiront du vin d’étourdissementPsaume 60. 5. Dans leur égarement, ils sont détruits comme des cruches que l’on brise l’une contre l’autre. Dans sa patience, l’Éternel suspend encore l’exécution du jugement et appelle son peuple à lui donner gloire, avant qu’il ne soit aveugléÉsaïe 6. 10. Sinon ils marcheront dans les ténèbres et trébucheront sur des obstacles qu’ils n’apercevront même pas.
Ceux qui refusent de recevoir la lumière de la parole de Dieu, s’exposent à un aveuglement futur, lorsque les croyants auront été enlevés au ciel2 Thessaloniciens 2. 11, 12. Les incrédules attendront la lumière, mais ils seront séduits par des perspectives de paix et de sécurité1 Thessaloniciens 5. 3, à la veille d’une subite destruction.
Le prophète souffre intensément, car il pressent leur obstination : “Si vous n’écoutez pas ceci, mon âme pleurera en secret à cause de votre orgueil” (verset 17) et de ses effroyables conséquences. “Le troupeau de l’Éternel est allé en captivité”. L’attitude du prophète (8. 23 ; 14. 17) préfigure celle du Seigneur pleurant sur Jérusalem, quand il lui annonce : “Tes ennemis… ne laisseront pas en toi pierre sur pierre, parce que tu n’as point connu le temps de ta visitation” Luc 19. 41-44.
Au roi Jehoïakim et à la reine qui auraient dû donner l’exemple, Dieu fait dire : “Humiliez-vous” (verset 18). C’est un appel qui s’adresse aussi à chacun de nousJacques 4. 10 ; 1 Pierre 5. 6 ; il faut y répondre individuellement et sans attendre. Il vaut mieux s’humilier sous la puissante main de Dieu, que de tarder à le faire et s’exposer à être frappé par elle.
Ensuite Dieu interpelle chacun de ceux qui occupent une place de surveillant ou de berger : “Où est le troupeau qui t’a été donné, le troupeau de ta gloire ?” (verset 20). Leur défaillance recevra sa juste récompense (23. 1, 2). Israël s’interroge : “Pourquoi me sont arrivées ces choses ?” Et Dieu répond : A cause de “la multitude de tes iniquités… parce que tu m’as oublié et que tu t’es confiée au mensonge” (versets 22, 25).
“L’Éthiopien peut-il changer sa peau et le léopard ses taches ?” (verset 23). Cette image expressive montre le caractère incurable du cœur naturel de l’homme et son incapacité totale à se changer lui-même. Le jugement que l’Éternel porte sur le cœur de l’homme sera exprimé plus nettement encore au chapitre 17, verset 9. Dieu a mis l’homme à l’épreuve sous la loi du Sinaï ; il a fait le constat définitif que l’homme “dans la chair” ne peut faire le bienRomains 8. 8. Dès le début de son ministère, Jésus dira à Nicodème : “Il vous faut être nés de nouveau” Jean 3. 7. La nouvelle naissance, la communication d’une vie nouvelle, est la ressource divine que l’œuvre de Christ apporte pour guérir un tel état.