Jérémie reconnaît humblement la justice divine : “Tu es juste” (verset 1). Mais il a grand besoin d’ouvrir son cœur devant Dieu. Comme AsaphPsaume 73 et HabakukHabakuk 1. 13, il se pose des questions douloureuses et son esprit est tourmenté devant ce mystère qui nous a sans doute souvent arrêtés. Pourquoi, se demande-t-il, oui, pourquoi les justes doivent-ils souffrir tandis que les méchants prospèrent ? Jérémie s’indigne, car les méchants progressent et voient du fruit de leurs mauvaises actions. Et pourtant, dit-il, si “tu es près, dans leur bouche” (ils ont une apparence religieuse), “tu es loin de leurs reins” (verset 2) 1, comme l’Éternel dit en Ésaïe 29. 13 : Ce peuple m’honore des lèvres, “mais leur cœur est éloigné de moi”. En contraste, le prophète est heureux de savoir que Dieu connaît ses pensées les plus secrètes (voir aussi le Psaume 139).
Jérémie demande à Dieu d’intervenir contre ses persécuteurs : “Traîne-les comme des brebis à la tuerie” (verset 3 ; voir aussi 17. 18 ; 18. 21-23 ; 20. 12). Bien des psaumes contiennent de tels appels à la vengeance préfigurant la prière du résidu juif qui sera délivré quand ses ennemis seront détruits.
Le prophète s’interroge encore. Pourquoi la création doit-elle aussi souffrir “à cause de l’iniquité de ceux qui y habitent” ? (verset 4) Romains 8. 20-22. Il a besoin d’apprendre la patience, et nous avec luiHébreux 10. 36. Dans sa réponse, Dieu lui dit en substance : Ce que tu as enduré jusqu’ici (de la part des piétons qui t’ont lassé) est peu de chose à côté des rudes épreuves qui t’attendent. Si tu es déjà à bout de forces, comment le supporteras-tu ?
Les membres de sa famille avaient déjà agi perfidement à son égard, ils avaient crié contre lui sans retenue et maintenant, même s’ils lui disaient de bonnes paroles, il ne devait pas les croire.
Dieu comprend le désarroi de son serviteur, mais comme plus tard à Baruc (45. 4, 5), il montre à Jérémie que lui-même doit maintenant abandonner sa maison, délaisser son héritage. Il doit dire : “J’ai livré le bien-aimé de mon âme en la main de ses ennemis” (verset 7). C’est du peuple coupable qu’il s’agit, mais cette expression de profonde douleur s’appliquera avec toute sa force lorsque Dieu devra livrer son Fils bien-aimé qui s’avancera pour prendre sur lui tous nos péchés e. Des destructeurs sont venus, mais ils sont “l’épée de l’Éternel” qui dévore d’un bout à l’autre du pays (verset 12).
Certes ce n’est pas volontiers qu’il afflige les siens. Voyez avec quelle insistance il parle de “mon héritage… ma vigne… le lot de mon désir” (versets 9, 10). C’est du peuple coupable qu’il s’agit au verset 7, mais cette expression de profonde douleur s’appliquera avec toute sa force lorsque Dieu devra livrer son Fils bien-aimé qui s’avancera pour prendre sur lui tous nos péchésRomains 8. 32.
Aussi l’Éternel est-il indigné en pensant aux mauvais voisins d’Israël qui se sont empressés d’aider au malZacharie 1. 15 et ont usé de la liberté que Dieu leur laissait pour piller l’héritage que l’Éternel avait donné à Israël. Il agira en jugement contre eux, comme il l’a fait pour Juda, en les arrachant de leur pays. Dieu a promis de faire de nouveau miséricorde à son peuple et de faire retourner chacun à son héritage sous le règne glorieux du Messie. Si ceux qui ont autrefois séduit Israël pour l’entraîner à l’idolâtrie, se tournent vers Dieu pour lui obéir, ils seront bénis avec le peuple de Dieu et habiteront chacun son pays.