Ce chapitre s’ouvre par une description touchante de la sécheresse prolongée qui frappe le pays. Envoyés par les nobles, les petits se sont rendus aux citernes. En vain, car il n’y a plus d’eau (voir 2. 13). Honteux, confus, les cultivateurs, comme les grands, mènent deuil. Cette détresse est ressentie dans toute la création. La biche, connue pourtant pour sa tendresse envers ses petits, en vient à abandonner son faon nouveau-né, faute d’herbe verte (verset 5) Joël. 1. 20.
Jérémie s’associe au peuple et reconnaît son péché : “nous avons péché contre toi” ; il presse l’Éternel d’agir à cause de son nom, en faveur de son peuple (versets 7, 20). Dieu est sa confiance. Il est l’attente d’Israël, celui qui le sauve dans l’affliction. Pourrait-il être sur sa propre terre comme un voyageur qui ne porte que peu d’intérêt au lieu où il ne passera qu’une nuit ? Il connaît les affections et la fidélité de Dieu et, plein de confiance, il s’écrie : “Tu es au milieu de nous, ô Éternel, et nous sommes appelés de ton nom ; ne nous délaisse pas” (verset 9).
Dans sa réponse, Dieu s’adresse directement à ce peuple qui a pris plaisir à rechercher et à suivre les étrangers (2. 23). S’il ne l’a pas abandonné et reste son Sauveur et son espérance, il se doit maintenant de rétribuer leurs péchés ; sa sainteté l’exige. C’est très solennel de l’entendre répéter à Jérémie : “Ne prie pas pour ce peuple pour son bien” (verset 11 ; 7. 16 ; 11. 14). Le N.T. parle aussi d’un péché à la mort, commis par un frère. Et, dans un tel cas, il n’est plus temps de demander pour lui1 Jean 5. 16. L’Esprit de grâce a été offensé, la discipline méprisée, la mort du corps va intervenir.
Le retour apparent de Juda, leurs sacrifices multipliés, n’étaient que mensonge (3. 10). L’Éternel n’écoutera pas leur cri. Ils seront consumés par ces trois fléaux souvent mentionnés ensemble dans l’Écriture : l’épée, la famine et la pesteLévitique 26. 25, 26 ; 2 Chroniques 20. 9 ; Ézéchiel 14. 21 ; Apocalypse 6. 8.
Jérémie continue à plaider pour le peuple. N’ont-ils pas été séduits par les promesses trompeuses des faux prophètes qui leur ont affirmé qu’il n’y avait rien à craindre, ni par l’épée, ni par la famine ? Ils ont même été jusqu’à promettre une “vraie paix” (verset 13). Les faux docteurs agissent de même de nos jours. Toute cette activité n’était pourtant fondée que sur des visions de mensonge (23. 25, 26). L’Éternel ne les avait pas envoyés, il ne parlait pas par leur moyen ; les écouter était coupable. Ils seraient bientôt consumés par cette épée et cette famine qu’ils tournaient en ridicule. Le peuple, prompt à écouter des choses douces, partagerait leur châtiment.
Le prophète ne pouvait plus que pleurer amèrement en voyant la ville, “fille de mon peuple… ruinée d’une grande ruine, d’un coup très douloureux” (verset 17 ; 8. 18 ; 8. 23 ; 13. 17). Avons-nous aussi à cœur de pleurer sur la ruine de l’Église, dans tout ce que Dieu a confié à la responsabilité des hommes ?
Pourtant Jérémie, infatigable, adresse encore un appel ardent qui fait suite à la confession des versets 7 à 9. “Nous reconnaissons, ô Éternel ! notre méchanceté… car nous avons péché contre toi. A cause de ton nom, ne nous dédaigne point, n’avilis pas le trône de ta gloire” (versets 20, 21). C’est le langage de la foi qui, en reconnaissant le péché contre Dieu, ne perd pas de vue que le nom de Dieu et sa gloire sont liés à son peuple. Cette foi brille en comptant sur Dieu quoi qu’il puisse arriver : “Et nous nous attendons à toi” (verset 22).