Avec le chapitre 7 commence une nouvelle série de déclarations qui vont jusqu’à la fin du chapitre 10. Elles ont pour point de départ la maison de l’Éternel, considérée comme le lieu où les prétentions du peuple et de ses chefs se joignent aux pires iniquités.
Jérémie reçoit l’ordre de se tenir dans la porte de la maison de l’Éternel afin d’y lancer un appel à ceux qui entrent pour se prosterner devant l’Éternel : “Amendez vos voies et vos actions” (verset 3). Le peuple cachait son état moral déplorable derrière une forme de piété. Plus que cela, il essayait de se persuader que “le temple de l’Éternel” constituait une garantie contre les menaces de l’envahisseur car Dieu serait obligé de le protéger !
C’étaient des paroles de mensonge, révélatrices d’une terrible dépravation de cœur qui consiste à abriter toute sorte de mal sous ce qui porte le nom de Dieu, en pensant échapper à son juste châtiment.
“Cette maison qui est appelée de mon nom, est-elle une caverne de voleurs à vos yeux ?” (verset 11). Le Seigneur rappellera cette parole à la fin de son ministèreMatthieu 21. 13. Que Dieu nous garde d’un semblable égarement, hélas souvent répété dans l’histoire de la chrétienté ! Souvenons-nous qu’on ne peut associer le nom de Dieu au mal sans provoquer sa colère. Invoquer son nom appelle à la sanctification pratique et non à l’indifférence au mal.
Dieu rappelle à son peuple qu’il a dû retirer sa demeure de Silo après que les fils d’Éli, qui péchaient sans retenue, ont pensé contraindre l’Éternel à les délivrer des Philistins en amenant l’arche de Dieu à la bataille1 Samuel 4. 3, 4, 11. Mais quelle avait été leur fin ! Depuis lors, l’Éternel avait parlé bien des fois, avec beaucoup de patience et d’insistance, mais la prétention et la perversité étaient devenues telles que Jérémie reçoit l’injonction de ne plus prier pour le peuple, car l’Éternel ne se laissera pas fléchir.
Toute personne qui pèche s’expose aux conséquences de son péché, même si elle le cache ou le nie. De plus, le mal est aggravé lorsqu’il s’étale publiquement et que tous sont d’accord pour y participer. “Les deux mains sont prêtes au mal, afin de le bien faire… ensemble ils trament la chose” Michée 7. 3. C’est le spectacle que donnent les familles de Juda, en se donnant la main pour s’adonner à l’idolâtrie et provoquer la colère de l’Éternel.
De quelle manière aujourd’hui ne tente-t-on pas de donner une acceptation publique à certaines formes de mal pour en ôter la honte ? C’est provoquer Dieu à la colère.
Il ne servira de rien aux fils d’Israël de continuer à apporter des holocaustes et des sacrifices. L’Éternel leur a demandé depuis le commencement d’écouter sa voix et d’obéir à sa parole. “Mais ils ne m’ont point écouté”, depuis la sortie d’Égypte jusqu’à ce jour, quels que soient les prophètes qu’il leur ait envoyés. Samuel avait déjà déclaré à Saül : “Voici, écouter est meilleur que sacrifice, prêter l’oreille meilleur que la graisse des béliers” 1 Samuel 15. 22. Mais, au lieu de se laisser instruire par ce qui est arrivé à leurs pères, à Saül par exemple1 Chroniques 10. 13, ou à Manassé, ils ont agi plus mal encore que leurs pères, comme l’avait fait Amon2 Chroniques 33. 22, 23. Ils n’ont pas voulu accepter la correction et il n’y a plus de remède.
Couper sa chevelure était un signe de deuilJob 1. 20 ; Ésaïe 22. 12. Jérémie était profondément affligé de la rébellion de son peuple contre Dieu et de sa ruine (4. 17-19). Il est invité à en porter publiquement la marque, maintenant qu’il doit déclarer la sentence prononcée par l’Éternel sur ceux qui “ont mis leurs abominations dans la maison qui est appelée de mon nom, pour la rendre impure” (verset 30). Dans le lieu souillé où ils ont offert leurs abominables sacrifices aux idoles1, là leurs cadavres seront enterrés et même livrés aux oiseaux des cieux et aux bêtes de la terre. Rien n’est plus saisissant que cette description de la dévastation du peuple que l’Éternel aime, mais qu’il doit châtier si sévèrement, parce qu’il “n’a point accepté la correction” (verset 28).