L’Éternel enjoint d’abord à Jérémie de rappeler son alliance aux hommes de Juda et aux habitants de Jérusalem. Cette alliance qu’il avait conclue avec Israël lors de la sortie d’Égypte devait être gardée. Ils auraient dû écouter et mettre en pratique la parole entendue, pour être vraiment son peuple et le connaître comme leur Dieu. Ce dernier avait accompli son serment de leur donner un pays ruisselant de lait et de miel. Mais ils avaient rompu l’alliance en servant des dieux étrangers.
Ce peuple avait déclaré au pied du Sinaï : “Tout ce que l’Éternel a dit, nous le ferons”. Exode 19. 8 Puis, à la lecture des paroles de l’alliance, tout le peuple avait répondu : Amen (ou : qu’il en soit ainsi) Deutéronome 27. 26 ; Josué 8. 35. Mais cela a été bien vite oublié. Jérémie est maintenant seul à dire : “Amen, ô Éternel” (verset 5). Jérémie doit proclamer à nouveau les paroles de l’alliance dans les villes de Juda. Depuis longtemps, elles ne sont plus écoutées ; pourtant leur rappel avait eu un grand effet sur Josias2 Rois 22. 11. Maintenant, elles ne rencontrent plus qu’un refus obstiné, et l’Éternel doit leur rappeler que cette alliance entraînerait aussi des jugements sévères si le peuple ne la gardait pas.
Dieu revient toujours à ce qu’il a dit au commencement et il juge notre conduite et notre état présent d’après ce qu’il a donné.
Nous ne sommes plus placés sous une loi qui maudit celui qui lui désobéit, mais devant l’enseignement de “la grâce de Dieu qui apporte le salut” Tite 2. 11. Où en sommes-nous quant à l’obéissance de cœur à la volonté de Dieu, révélée dans sa Parole ? Suis-je sensible à ses avertissements ?
Josias s’était humilié en entendant les paroles de la loi retrouvée. Il avait reconnu combien le peuple tout entier avait désobéi. Nombreux sont ceux qui, à sa suite, sont entrés à nouveau dans l’alliance. Mais pour beaucoup, cela n’avait été que de pure forme. Ils étaient bien vite retournés aux iniquités de leurs pères qui avaient “marché chacun dans l’obstination de leur mauvais cœur” (verset 8) pour servir d’autres dieux et leur brûler de l’encens (versets 10, 12, 17). Aussi le jugement est prononcé contre eux et Jérémie reçoit l’injonction plusieurs fois répétée de ne pas prier pour eux, car le temps de la repentance est passé. (verset 14 ; 7. 16 ; 14. 11 ; 15. 1). Le pot bouillant va se déverser (1. 13) ; le “mal dont ils ne pourront pas sortir” (verset 11), l’invasion des Chaldéens, va venir sur eux et, quand ils crieront à lui, l’Éternel n’écoutera pas. Ce ne seront pas leurs idoles qui les sauveront. C’est une chose grave que de mettre sa confiance dans des appuis trompeursÉsaïe 45. 20.
L’Éternel regarde son peuple venir dans sa maison pour apporter des offrandes et des sacrifices tout en pratiquant le mal. Ce peuple demeure le bien-aimé de l’Éternel, à cause des promesses faites à leurs pères. Mais Dieu ne peut supporter une telle attitude hypocrite, aujourd’hui comme hier ! Quelle que soit l’affection qu’il lui porte, il doit envoyer contre lui le feu du jugement.
Israël demeure pour Dieu l’olivier des promesses jusqu’au jour de sa pleine restauration : “Sa magnificence sera comme l’olivier” Osée 14. 7. L’apôtre Paul fait allusion au verset 16 pour montrer que Dieu n’a pas rejeté Israël pour toujours, mais qu’il saura accomplir ses promesses en greffant à nouveau sur l’olivier les branches qui ont été arrachéesRomains 11. 16-29.
Ne pensons pas que l’amour de Dieu pour ses enfants leur épargne sa discipline, bien au contraire ; c’est à cause de son amour qu’il l’exerce avec fidélité. La sévérité parfois nécessaire du châtiment n’altère ni ses affections ni ses promesses.
Instruit par l’Éternel, Jérémie découvre la perfidie de ceux qui l’entourent. Ses proches faisaient des complots contre lui, alors qu’il était au milieu d’eux “comme un agneau familier” (verset 19). La vérité, dure à entendre, est, par là même, dangereuse à dire. Un croyant fidèle rencontrera inévitablement l’incompréhension, voire la persécution de la part des incrédules. Sa foi dérange dans la famille, à moins que chacun y aime le SeigneurMatthieu 10. 35, 36. Le prophète persécuté ouvre son cœur à l’Éternel et appelle la vengeance sur ses persécuteurs. L’Éternel lui répond en annonçant la punition des hommes d’Anathoth (des sacrificateurs de sa propre ville), qui cherchaient à le faire mourir. La position de Jérémie préfigure ici de façon remarquable celle de Christ en butte à la haine des Juifs qui ont comploté contre lui pour le faire mourirMatthieu 26. 4 ; 27. 1 ; Psaume 38. 12.
Une différence apparaît pourtant : l’Esprit de Dieu reconnaît comme légitime l’appel de Jérémie à la vengeance. C’était “sous la loi”. Mais nous n’entendons jamais pareille invocation de la part du Seigneur qui dira sur la croix : “Père, pardonne-leur” Luc 23. 34. Et pour le chrétien, dans le temps de la grâce, c’est aussi la parole du Seigneur qui doit diriger nos pensées : “Priez pour ceux qui vous font du tort et vous persécutent” Matthieu 5. 44.