Pendant que les forces impressionnantes de Nebucadnetsar, roi de Babylone, combattaient contre Jérusalem et contre toutes les villes du pays, l’Éternel charge Jérémie d’un message personnel pour le roi Sédécias. Il doit lui annoncer quel serait son sort. Il n’échappera pas au roi des Chaldéens, mais Dieu lui promet de l’épargner et de lui accorder une mort paisible. Jérémie doit donc rapporter ici un jugement adouci par la miséricorde. Dieu épargne la vie de Sédécias à cause de sa grâce souveraine, mais sans doute aussi parce que :
Sédécias était si faible que, même quand les paroles de Jérémie étaient sur le point de s’accomplir, il n’avait pas le courage d’obéir à ses meilleures impulsions et de se soumettre en temps voulu au roi de Babylone. En fait, il craignait plus ses princes que Dieu lui-même. “La crainte des hommes tend un piège” Proverbes 29. 25. Jérémie délivre fidèlement son message qui s’accomplira à la lettre. C’est comme prisonnier que Sédécias verra le roi de Babylone et l’entendra lui parler. A Ribla, on lui crèvera les yeux et on l’emmènera à Babylone, lié de chaînes2 Rois 25. 6, 7. Mais il ne mourra pas par l’épée, et l’on se lamentera sur lui comme on s’était lamenté sur ses pères. “Comme on a brûlé des aromates pour tes pères, les rois précédents qui ont été avant toi, ainsi on en brûlera pour toi” (verset 5) 1.
Dieu avait fait alliance avec Israël au jour où il sortit de la maison de servitude en Égypte. Il devait libérer au bout de sept ans les serviteurs hébreuxExode 21. 1-6 ; Deutéronome 15. 12-18. Les pères avaient négligé cet ordre divin ; puis sous l’effet de la crainte, en voyant l’ennemi approcher, les princes et le peuple avaient enfin décidé d’obéir (verset 15). Mais ensuite, comme l’armée du roi de Babylone s’était momentanément éloignée, ils étaient revenus en arrière, comme SédéciasÉzéchiel 17. 18, et avaient profané le nom de Dieu (verset 16). Nous avons ici la confirmation que la parole de Dieu conserve toute son autorité au cours des siècles. Nous sommes en danger de l’oublier et, si l’épreuve nous y ramène, combien facilement nous délaissons la crainte et l’obéissance dues à notre Dieu lorsque les circonstances paraissent redevenir favorables !
Dieu illustre le châtiment qu’il réserve à leur méchante action. Il agit selon le principe de Luc 6. 38 : “de la même mesure dont vous mesurerez, il vous sera mesuré en retour”. Il proclame contre eux “la liberté… à l’épée, à la peste, et à la famine”. Ils seront livrés aux mains d’ennemis implacables et “chassés çà et là par tous les royaumes de la terre” (verset 17).
L’alliance des versets 18 et 19, solennellement contractée par toutes les classes de la population, rappelle, par son cérémonial, celle d’Abraham en Genèse 15 :
Mais l’image est différente en Genèse 15. 17, où c’est un brandon de feu qui passe “entre les pièces des animaux”. Là, Dieu s’engage seul et scelle ainsi sa promesse sans condition à Abraham, qui a cru à sa parole.
Le peuple n’ayant finalement pas respecté l’alliance qu’il voulait faire, Dieu déclare : “Je les livrerai… en la main de ceux qui cherchent leur vie, et leurs cadavres seront en pâture aux oiseaux des cieux et aux bêtes de la terre” (verset 20).