Ce chapitre reproduit presque mot à mot1 le texte de 2 Rois 24. 18-20 ; 25. 1-2, 27-30. L’Esprit de Dieu l’a placé ici comme conclusion morale du livre de Jérémie, bien qu’il ait pu être écrit par un autre, comme le suggère le dernier verset du chapitre précédent. La troisième partie du livre de Jérémie s’occupe du jugement de Dieu sur les nations, sur Babylone en particulier, toujours en relation avec Israël ; cet appendice confirme le jugement sur Jérusalem et sur le royaume de Juda en rapport avec la conduite de son peuple et de son roi.
Tout ce chapitre nous montre les conséquences de la responsabilité. Celle de Sédécias est entière. Placé adulte sur le trône, il aurait dû profiter, et de l’exemple de son père Josias, et de la discipline déjà exercée par l’Éternel sur ses frères (Joakhaz et Jehoïakim) et son neveu (Jehoïakin) qui ont régné avant lui. Mais il n’a pas imité son père, dont le nom n’est pas même mentionné ici ; au contraire, il a imité Jehoïakim.
En revanche, le nom de sa mère, Hamutal, est indiqué, ce qui souligne sa responsabilité : ses deux fils, Joakhaz et Sédécias, ont fait ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel. Sédécias avait dix ans lorsque Joakhaz a été emmené en Égypte2 Rois 23. 31. Hamutal n’a pas su profiter de cet avertissement pour se repentir et instruire Sédécias dans la crainte de l’Éternel. Pourtant, le nom de Libna, sa ville d’origine, laisse supposer qu’elle appartenait à une famille de sacrificateursJosué 21. 13.
Plusieurs dangers sont mis en évidence :
La responsabilité est aussi collective. C’est l’état de Jérusalem et de Juda qui motive la colère de l’Éternel. Il laisse alors la révolte de Sédécias entraîner le peuple à sa ruine. (Comparer avec le cas de David en 2 Samuel 24. 1).
A la suite de cette révolte, le roi de Babylone est venu assiéger Jérusalem. Le siège a duré dix-huit mois, jusqu’à ce que ses habitants soient réduits à la famine et qu’une brèche soit faite dans la muraille. Sédécias a laissé passer le temps d’écouter les avertissements. Sa fuite désespérée ne conduit qu’à précipiter son jugement. Il doit assister à la mort de ses fils et des chefs du peuple avant d’avoir les yeux crevés. Il est emmené captif à Babylone, chargé de chaînes d’airain2.
Ces chaînes d’airain sont la démonstration du juste gouvernement de Dieu en châtiment. SamsonJuges 16. 21 et Manassé2 Chroniques 33. 11 ont été liés de la même manière ; nous ne savons pas si Sédécias est revenu de cœur vers Dieu comme Samson ou Manassé.
Un mois seulement après la capture de Sédécias, l’armée des Chaldéens, conduite par Nebuzaradan, a entrepris la destruction totale de Jérusalem. Le temple, la maison de l’Éternel, a été brûlé en premier, signe de l’arrogance du roi de Babylone qui s’est élevé contre l’Éternel en pensant faire triompher ses idoles.
La destruction est complète. Les colonnes, dont les noms étaient Jakin (il établira) et Boaz (en lui est la force) ont été brisées et emportées. Elles symbolisaient la certitude de l’accomplissement des promesses, basée sur la puissance de l’Éternel2 Chroniques 3. 17. Les vases du service sont allés rejoindre ceux que Nebucadnetsar avait dérobés dix-sept ans plus tôt et placés dans la maison de son dieuDaniel 1. 2. Cet affront au seul vrai Dieu s’est encore aggravé lorsque Belshatsar a employé ces vases3 pour boire le vin à la louange de ses idolesDaniel 5. 2. Il ne pouvait rester impuni et a motivé “la vengeance de l’Éternel” (51. 11).
Selon la parole de l’Éternel que Sédécias n’a pas voulu écouter (21. 9 ; 38. 17), les transfuges qui s’étaient rendus ont eu la vie sauve et ont été transportés à Babylone.
Trois étapes de la déportation des Juifs à Babylone nous sont rapportées ici. Il s’y ajoute celle qui avait eu lieu sous Jehoïakim, la troisième année de son règne, au tout début du règne de NebucadnetsarDaniel 1. 1.
Il n’est plus parlé de Sédécias qui est resté en prison jusqu’au jour de sa mort. En revanche, après trente-sept ans de captivité, Jehoïakim a été libéré de prison par Evil Mérodac, fils et successeur de Nebucadnetsar. Il a été honoré parmi d’autres rois, mais il est resté captif comme eux, entretenu à Babylone jusqu’à sa mort.
Cette mention de la bonté dont Jehoïakim a été l’objet à la fin du livre de Jérémie, est un touchant témoignage des compassions de Dieu pour ceux qu’il doit châtier. Jehoïakim ne pouvait prospérer, la parole prononcée demeure (22. 30). Mais cet exemple prouve que Dieu peut toujours incliner le cœur des hommes, même des roisProverbes 21. 1 et changer les circonstances lorsque cela paraît impossible. “La miséricorde se glorifie vis-à-vis du jugement” Jacques 2. 13.