Plusieurs milliers de pages accessibles en format adapté aux lecteurs dyslexiques. Essayer maintenant
Bannière
Le premier livre de Moïse dit la Genèse
Sondez les Écritures - 1re année

Genèse 44

Joseph, restaurateur de ses frères

3. La coupe de Joseph. Le plaidoyer de Juda

L’accusation du vol de la coupe : versets 1-8

Les frères de Joseph ont été rassasiés ; ils peuvent partir satisfaits après la réception dont le seigneur du pays les a gratifiés. Leurs sacs regorgent de blé ; Benjamin pour lequel ils tremblaient revient avec eux ; Siméon leur a été rendu. Ils s’en vont heureux ; mais leur soulagement sera de courte durée, car ils n’ont pas encore visité le fond de leur cœur. Ils devront à nouveau comparaître devant Joseph, et cette dernière épreuve sera la plus redoutable.

L’intendant (figure du Saint Esprit) continue son travail persévérant dans la conscience de ces coupables. Il commence par mettre l’argent de chacun à l’ouverture de son sac. Joseph n’a jamais accepté une seule pièce de l’argent de ses frères. Il a été vendu pour de l’argent, il ne veut pas être acheté par de l’argent, au contraire il paie leur dette de blé ces deux fois ; il est celui qui donne. Cet argent remis par deux fois dans leurs sacs est là pour toucher leur conscience, non pas pour être redemandé, ni pour qu’ils soient accusés de vol. Cette fois-ci, lorsque les sacs sont ouverts et fouillés, il n’est même pas question de cet argent placé à l’ouverture. C’est de la coupe du seigneur qu’il s’agit, et ces hommes sont accusés de l’avoir dérobée, accusation plausible puisqu’ils avaient été reçus dans la maison où elle se trouvait.

L’intendant insiste sur la valeur sacrée de ce vase, non point que Joseph l’utilisât à la manière des devins de l’Égypte dans des pratiques païennes – Joseph recevait directement les révélations divines – mais en étant soupçonnés de s’être emparés de l’objet le plus précieux qui soit dans la maison du seigneur du pays, les frères de Joseph reçoivent le coup le plus terrible qui puisse leur être porté. La rudesse de l’accueil lors du premier voyage, comme la bonté manifestée lors du second, n’ont pas suffi à leur faire reconnaître leur iniquité. Ils vont maintenant être convaincus de péché, et c’est là le travail secret mais puissant du Saint EspritJean 16. 8.

La parole de condamnation : versets 9-13

Persuadés d’être innocents, ils prononcent unanimement sur eux, sans s’en douter, une condamnation terrible. La sentence fatale tombe ce jour-là sur Benjamin, le seul qui soit innocent. Cependant Benjamin sera épargné, comme Joseph l’a été à Dothan ; Jésus le seul juste, lui mourra pour les injustes1 Pierre 3. 18.

La découverte de la coupe dans le sac de Benjamin plonge les fils de Jacob dans une angoisse profonde, mais salutaire. Ils déchirent leurs vêtements, signe de douleur et de honte profonde. Ils reviennent en hâte devant Joseph sans y être contraints, puisqu’un seul doit être ramené. Ils pensent instinctivement qu’ils ne peuvent trouver leur salut qu’en celui qui peut condamner. Pour la quatrième fois, ils se prosternent devant lui, mais cette fois en se jetant par terre. La parole prophétique est ainsi parfaitement confirmée.

Celui qui sait toutes choses : versets 14-15

Cette scène va plus loin encore : ces hommes ne sont pas seulement courbés dans la reconnaissance de la dignité de Joseph, mais dans le sentiment de leur propre indignité et de la gravité de leur péché. C’est dans cette profonde humiliation que Dieu veut recevoir tout homme.

“Quelle action avez-vous faite ?” dit Joseph. La question les sonde, comme autrefois les flèches de Dieu dans la conscience d’Ève puis de Caïn. “Ne savez-vous pas qu’un homme tel que moi sait deviner ?” Terrible découverte pour ces malheureux qui ont ainsi la clef de tous les mystérieux événements qu’ils ont vécus. Ils se trouvent sous le faisceau de cette terrible lumière et ne peuvent plus rien cacher.

C’est devant Jésus qu’il faut venir un jour pour confesser tout ce que nous avons fait, tout ce que nous sommes, et recevoir son pardon, le salut qu’il offre gratuitement parce qu’il a payé pour nous. Nous ne pouvons comprendre la gravité du péché aux yeux de Dieu, qu’en apprenant comment Christ l’a pris sur lui en grâce infinie, et en a porté tout le jugement devant Dieu.

L’iniquité reconnue : verset 16

Juda prend la parole au nom de ses frères. Ils avaient autrefois caché leur culpabilité par un mensonge indigne. Maintenant ils ne désirent même pas faire état de leur innocence au sujet du vol de la coupe. Ils comprennent que pour Dieu la question n’est pas là ; ils cesseront de chercher à se justifier. Ils avaient péché contre Dieu ; ils vont s’humilier sous sa puissante mainPsaume 51. 6 ; 1 Pierre 5. 6. Ils sont ramenés en pensée près de la citerne de Dothan, et près de leur vieux père déchiré dans sa douleur ; merveilleux travail de l’Esprit de Dieu.

Ce travail s’opérera aussi dans le résidu de Juda plus tard, lorsqu’il confessera ses fautes au nom de tout Israël, non pas tant à l’égard de la loi outragée que plus particulièrement à l’égard du Messie rejeté et mis à mort ; ce sont là les très beaux accents d’Ésaïe 53.

Ainsi les fautes passées pèsent plus désormais sur la conscience des frères de Joseph que les accusations présentes, et ils s’en déchargent. Le temps des “honnêtes gens” est passé. Mais “Dieu a trouvé leur iniquité” en présence de Joseph ; c’est une position salutaire pour eux, car maintenant Joseph va agir de la part de Dieu, et la grâce aura le dernier mot.

Le seul juste condamné : versets 10-17

Juda (verset 16) revient à la proposition qu’ils avaient faite à l’intendant (verset 9), tout en la pondérant pour Benjamin maintenant présumé coupable. Mais Joseph ne l’entend pas ainsi : seul Benjamin est accusé de vol ; seul il restera serviteur (versets 10, 17). Quelle tragique conclusion pour ces dix hommes coupables ! Ils sont tenus pour innocents et invités à repartir en paix, alors que leur jeune frère innocent est tenu pour coupable et condamné. Quelle admirable leçon nous donne là notre Dieu sauveur, et quelle divine manière de nous l’enseigner ! Car c’est ainsi qu’il a opéré en notre faveur, et qu’étant justifiés maintenant nous avons la paix avec lui.

La supplication de Juda : versets 18-34

Une question se pose maintenant pour les dix fils de Jacob : vont-ils abandonner leur frère innocent à l’esclavage, comme Joseph autrefois, et inventer une nouvelle histoire à son sujet devant Jacob ? Non, et c’est là que nous voyons le profond travail opéré dans leurs cœurs. Juda, leur porte-parole, va s’approcher de Joseph pour dévoiler combien le cœur de pierre qu’ils avaient montré à Dothan a été brisé, combien ils sont devenus sensibles à l’injuste captivité de leur jeune frère Benjamin, et au chagrin qui pourrait atteindre leur père.

Ce plaidoyer de Juda est une des pages admirables de l’Écriture ; elle ne peut être lue sans émotion. L’affection que cet homme porte maintenant à son jeune frère et à son vieux père dont il parle constamment, se traduit en termes bouleversants, car c’est d’eux que son cœur est plein. Nous trouvons là non pas une confession détaillée des fautes passées, mais une preuve irréfutable du changement complet du cœur de ces hommes. Il est maintenant loin le temps où ils avaient brisé le cœur de Jacob, en lui faisant parvenir une tunique ensanglantée !

Juda fait ressortir d’une manière poignante l’amour du père pour son fils, auquel son âme est étroitement liée. Comme cela doit parler au cœur de Joseph ! Au verset 28, Juda va plus loin dans la confession. Il ne dit pas seulement : l’un n’est plus ; son frère est mort (verset 20), mais il rapporte les paroles de Jacob : “Certainement il a été déchiré ; et je ne l’ai pas revu jusqu’à présent”. Juda rappelle et confesse le mensonge inique des dix frères, et Joseph apprend ainsi de la propre bouche de Juda la supercherie qu’ils ont été capables d’employer pour cacher leur forfait. Le cœur de Joseph doit se serrer douloureusement à l’instant de cette révélation, en pensant à la détresse de son père.

Tout a été dit maintenant, et Juda s’apprête à se porter coupable à la place de Benjamin. L’amour a remplacé la haine, l’égoïsme et la cruauté. Joseph va pouvoir déployer sa grâce.

Genèse 44

1Et il commanda à celui qui était [préposé] sur sa maison, disant : Remplis de vivres les sacs de ces hommes, autant qu’ils en peuvent porter, et mets l’argent de chacun à l’ouverture de son sac ; 2et mets ma coupe, la coupe d’argent, à l’ouverture du sac du plus jeune, avec l’argent de son blé. Et il fit selon la parole de Joseph, qu’il avait dite. 3Le matin ayant lui, ces hommes furent renvoyés, eux et leurs ânes. 4Ils sortirent de la ville ; ils n’étaient pas loin, que Joseph dit à celui qui était [préposé] sur sa maison : Lève-toi, poursuis ces hommes, et quand tu les auras atteints, dis-leur : Pourquoi avez-vous rendu le mal pour le bien ? 5N’est-ce pas la [coupe] dans laquelle mon seigneur boit, et par laquelle il devine ? Vous avez mal agi dans ce que vous avez fait. 6Et il les atteignit, et leur dit ces paroles-là. 7Et ils lui dirent : Pourquoi mon seigneur parle-t-il ainsi ? Loin de tes serviteurs de faire une telle chose ! 8Voici, l’argent que nous avons trouvé à l’ouverture de nos sacs, nous te l’avons rapporté du pays de Canaan ; et comment aurions-nous volé de la maison de ton seigneur de l’argent ou de l’or ? 9Que celui de tes serviteurs chez qui [la coupe] se trouvera, meure ; et nous aussi, nous serons serviteursa de mon seigneur. 10Et il dit : Maintenant donc, qu’il en soit selon vos paroles : Celui chez qui elle sera trouvée sera mon serviteur, et vous, vous serez innocents. 11Et ils se hâtèrent, et descendirent chacun son sac à terre, et ouvrirent chacun son sac. 12Et il fouilla ; il commença par l’aîné, et finit par le plus jeune ; et la coupe fut trouvée dans le sac de Benjamin. 13Alors ils déchirèrent leurs vêtements, et chacun rechargea son âne, et ils retournèrent à la ville.

14Et Juda entra avec ses frères dans la maison de Joseph, qui y était encore, et ils se prosternèrentb devant lui. 15Et Joseph leur dit : Quelle action avez-vous faite ? Ne savez-vous pas qu’un homme tel que moi sait deviner ? 16Et Juda dit : Que dirons-nous à mon seigneur ? Comment parlerons-nous, et comment nous justifierons-nous ? Dieu a trouvé l’iniquité de tes serviteurs. Voici, nous sommes serviteurs de mon seigneur, tant nous que celui dans la main duquel la coupe a été trouvée. 17Et il dit : Loin de moi de faire cela ! Celui en la main duquel la coupe a été trouvée, lui, sera mon serviteur ; et vous, montez en paix vers votre père.

18Et Juda s’approcha de lui, et dit : Hélas, mon seigneur, je te prie, que ton serviteur dise un mot aux oreilles de mon seigneur, et que ta colère ne s’enflamme pas contre ton serviteur ; car tu es comme le Pharaon. 19Mon seigneur a interrogé ses serviteurs, en disant : Avez-vous un père, ou un frère ? 20Et nous avons dit à mon seigneur : Nous avons un père âgé, et un enfant de sa vieillesse, [encore] jeune ; et son frère est mort, et il reste seul de sa mère, et son père l’aime. 21Et tu as dit à tes serviteurs : Faites-le descendre vers moi, afin que je le voie de mes yeux. 22Et nous avons dit à mon seigneur : Le jeune homme ne peut quitter son père ; s’il le quitte, son père mourra. 23Et tu dis à tes serviteurs : Si votre jeune frère ne descend pas avec vous, vous ne reverrez pas ma face. 24Et il est arrivé, quand nous sommes montés vers ton serviteur, mon père, que nous lui avons rapporté les paroles de mon seigneur. 25Et notre père dit : Retournez, achetez-nous un peu de vivres ; 26mais nous avons dit : Nous ne pouvons descendre. Si notre plus jeune frère est avec nous, alors nous descendrons ; car nous ne pouvons voir la face de cet homme, si notre plus jeune frère n’est pas avec nous. 27Et ton serviteur, mon père, nous dit : Vous savez que ma femme m’a enfanté deux [fils] ; 28et l’un s’en est allé d’avec moi, et j’ai dit : Certainement il a été déchiré ; et je ne l’ai pas revu jusqu’à présent. 29Et si vous prenez aussi celui-ci de devant moi, et qu’un accident lui arrive, vous ferez descendre mes cheveux blancs avec tristesse au shéolc. 30Et maintenant, si je viens vers ton serviteur, mon père, et que le jeune homme à l’âme duquel son âme est étroitement liée ne soit pas avec nous, 31il arrivera qu’il mourra en voyant que le jeune homme n’y est pas ; et tes serviteurs feront descendre les cheveux blancs de ton serviteur, notre père, avec douleur au shéol. 32Car ton serviteur a répondu du jeune homme auprès de mon père, en disant : Si je ne te le ramène, je serai coupable envers mon père tous mesd jours. 33Et maintenant, que ton serviteur, je te prie, reste serviteur de mon seigneur, à la place du jeune homme, et le jeune homme montera avec ses frères ; 34car comment monterai-je vers mon père, si le jeune homme n’est pas avec moi ? – de peur que je ne voie le malheur qui atteindrait mon père !

Notes

aou : esclaves.
blitt. ici : se jetèrent par terre.
cexpression très vague pour désigner le séjour des âmes séparées du corps.
dlitt. : les.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)