“Et il arriva dans ce temps-là” : triste temps en vérité ! Le nom du Dieu de Jacob est constamment profané. Joseph le juste est banni de la famille ; le péché et le désordre s’installent au grand jour. N’avons-nous pas constaté que lorsque le Seigneur n’a plus sa place dans des familles chrétiennes, la porte peut alors s’ouvrir à toutes sortes de mauvaises choses ?
La famille de Jacob abandonne la voie de l’Éternel enseignée par ses pères (18. 19). Juda notamment se sépare de ses frères, et se retire. Il descend vers Adullam, au contact d’une nation condamnée d’avance à cause de ses pratiques iniques. Il semble avoir été séduit par cet Adullamite, idolâtre sans doute, dont il fera son ami (versets 12, 20) et le confident de sa mauvaise conduite.
Ce n’est pas dans un tel milieu que Juda peut trouver une épouse digne de la famille d’Abraham (24. 3). Juda oublie aussi ce que furent les femmes d’Ésaü pour Isaac et Rebecca (26. 35), et sans doute aussi pour Jacob son père. Il pèche gravement, en connaissance de cause, en s’unissant à la fille de Shua, cet homme de Canaan. “Il la vit ; il la prit” ; cela ne rappelle-t-il pas l’odieuse manière de faire de Sichem lorsqu’il prit Dina ? On s’était empressé alors de parler d’infamie en Israël (34. 2, 7, 31).
Mais la conscience endurcie de Juda ne parle plus, et sa famille, créée sur de telles bases, va s’installer dans le mal. En vérité, quand le péché entre dans une famille chrétienne par la voie de son chef, c’est une grâce si Dieu intervient, comme ici, en jugement pour en tirer finalement sa gloire.
Juda a donc trois fils ; et c’est lui-même qui se charge de mettre dans les bras de son premier-né une Cananéenne. A cette école-là, Er fait vite ses preuves et l’Éternel doit le retrancher, jugement solennel dont la mémoire est conservée1 Chroniques 2. 3. Quelle terrible responsabilité pour Juda d’avoir conduit ce fils dans la voie de l’iniquité, et d’avoir attiré sur lui le châtiment suprême !
Puis vient Onan, tout aussi méchant que son frère ; il témoigne d’un égoïsme parfait, du mépris de la femme de son frère et du nom du défunt qu’il refuse de relever dignement.
Quel était donc ce devoir de
Tamar reste veuve dans la maison de son père. Onan l’avait trompée ; Juda la trompe aussi en lui promettant Shéla ; il sait bien qu’il ne l’enverra jamais. Il a trop peur de perdre son troisième fils, et préfère laisser dans l’affliction sa belle-fille qu’il avait pourtant lui-même choisie pour son premier-né. Juda compte sur Shéla pour sa propre postérité ; mais Dieu ne l’entend pas ainsi, et Tamar non plus ; elle ne se résigne pas. Il ne lui était pas interdit de se remarier, et Juda ne pouvait indéfiniment l’en empêcher (verset 11), mais nous pouvons deviner dans le cœur de cette Cananéenne une autre décision, dictée par une foi qui va s’affirmer.
Elle ne revendique pas le mariage à tout prix, soit avec Shéla selon la promesse de Juda, soit avec un autre homme en demandant à Juda de se délier de sa promesse. Ce qu’elle veut à l’évidence, c’est une place et une part dans la famille d’Israël. Comment a-t-elle pris connaissance des privilèges attachés à la descendance de cette famille ? Nous ne le savons pas ; les voies de grâce de Dieu sont quelquefois mystérieuses. Tamar n’a rien obtenu d’Onan selon son devoir de beau-frère (verset 8) ; elle sait qu’elle n’obtiendra rien de Shéla ; le cœur de Juda à cet égard est dur et injuste envers elle (verset 26).
Mais Dieu va lui faire justice et lui accorder une postérité de Juda lui-même. Certes la manière employée peut surprendre, mais sa foi n’était pas suffisamment éclairée pour ne compter que sur la pleine suffisance du Dieu d’Israël pour sa postérité. L’Éternel lui accorde miraculeusement ce qu’elle désire, ce qu’elle attend maintenant au péril de sa vie (verset 24). Juda lui, est aussi dur (verset 24) qu’égoïste et soucieux de sa réputation devant le monde (verset 23) ; mais il est forcé de reconnaître toute l’iniquité de sa conduite (verset 26) dénoncée par l’acte de foi de sa belle-fille.
Tamar est maintenant comblée par cette double naissance ; ce n’est pas une surprise pour elle comme ce le fut pour Rebecca, mais une récompense de sa foi. Si Ésaü a été écarté de la postérité de droit divin, Pérets et Zérakh en feront tous deux partie. Pérets lui-même aura le premier rang, avant les enfants de Shéla. Il entre dans la lignée du Christ. On ne peut qu’admirer la grâce de Dieu à l’égard de cette pauvre Cananéenne, qui a été retirée de cette nation condamnée, pour entrer dans le cercle des bénédictions divines et engendrer une postérité glorieuse et enviéeRuth 4. 12 au même titre que celle de Rachel et Léa. On peut admirer aussi la foi de cette femme ; alors que tout était contre elle, elle n’a jamais renoncé aux justes privilèges (verset 26) qu’elle avait acquis non par naissance mais par la grâce divine. Elle s’est inscrite non seulement dans la famille d’Israël, mais dans la lignée du Messie avec ces trois autres femmes venues de loinMatthieu 1. 3-6 : Thamar, Rahab, Ruth et Bath-Shéba : quatre monuments de la miséricorde divine.