Isaac est maintenant éprouvé par une famine qui survient. L’Esprit Saint nous rappelle la précédente famine du temps d’Abraham (12. 10). Dieu éprouve les siens ; il est navrant de voir que les expériences passées ne servent pas toujours d’avertissement, les mêmes causes produisant encore les mêmes effets. Nous sommes facilement conduits à rechercher les ressources humaines, au lieu de marcher par la foi.
Cependant l’Éternel ne permet pas à Isaac de descendre en Égypte, vers un monde idolâtre. Il lui rappelle qu’il ne peut être avec lui et le bénir que dans les limites du pays promis. C’est dans ce cadre que les promesses faites à Abraham sont renouvelées à Isaac son fils ; celui-ci, en figure ressuscité, est à l’origine d’une semence céleste (verset 4). Ces promesses sont identiques dans leur caractère à celles formulées après l’offrande d’Isaac (22. 15-18). Mais elles sont confirmées non seulement en fonction de la foi d’Abraham qui les avait saisies, mais aussi en rapport avec l’obéissance de ce patriarche, car Abraham a pleinement manifesté sa foi par ses œuvres.
Mais Isaac s’établit à Guérar, dans une zone occupée par les Philistins. Ceux-ci habitent un territoire limitrophe de celui des Cananéens (10. 19), dans les limites de l’héritage. Ils représentent pour la période actuelle un monde établi de nom seulement dans la profession chrétienne, mais ne participant en aucune manière aux exercices de la foi. Ces gens religieux n’ont pas la vie divine ; ils ne connaissent pas le Dieu de gloire et son appel ; ils n’ont ni tente ni autel, aucun vrai lien avec le témoignage de Dieu.
Ce chapitre enseigne donc la place que le croyant pieux doit prendre vis-à-vis d’un monde religieux formaliste. Si la piété d’Isaac avait été en éveil, il aurait saisi dans les paroles de l’Éternel le danger qu’il y avait non seulement à marcher en direction de l’Égypte, mais aussi à séjourner au milieu d’une peuplade qui lui serait en piège. Certes, l’ordre ne lui est pas donné de rebrousser chemin, mais l’Éternel va l’éprouver en le laissant là où sa propre volonté l’a conduit. A l’évidence, sa conscience n’est pas à l’aise, il a peur. Nous ne le voyons pas prier, ni compter sur la grâce de Dieu. Il recommence dans ce même lieu l’histoire de son père avec la même tromperie, le même reniement : “c’est ma sœur”.
Évitons, nous croyants, toute situation équivoque où nous n’aurions pas la liberté de demander au Seigneur de nous garder. Sinon, le manque d’assurance, la peur de l’opprobre, peuvent nous conduire à rendre un mauvais témoignage. Le monde nous observe bien souvent à notre insu, comme Abimélec observait la famille d’Isaac ; il discerne vite une position ambiguë. Il évalue notre conduite non au regard de la sienne propre, mais à la mesure de ce que nous professons être ; soyons vigilants.
Malgré la faiblesse de la foi d’Isaac, Abimélec a cependant reconnu en lui la dignité de l’homme de Dieu et la puissance de celui qui le protège. L’Éternel le confirme en bénissant abondamment son serviteur, mais cela provoque la jalousie d’un monde au contact duquel vit Isaac. Les Philistins envieux bouchent avec de la terre les puits creusés aux jours d’Abraham.
Aujourd’hui encore c’est le travail insidieux et néfaste de l’ennemi. Il veut occuper nos cœurs des choses de la terre. Si notre vie est remplie de ces choses, même légitimes, nous serons progressivement privés des bienfaits de la Parole vivante, cette eau de la vie indispensable à notre prospérité spirituelle.
Isaac doit maintenant subir la honte d’être chassé par Abimélec qui reconnaît pourtant en lui l’homme béni de l’Éternel. Il part, mais il a le tort de s’arrêter dans le voisinage. Lui est-il si difficile de s’éloigner de cette peuplade après avoir frayé avec elle ? Malgré cela, Isaac a le bon geste et recreuse les puits. Dieu demande au croyant un effort personnel pour s’approprier les vérités inaltérables de la Parole, celles du commencement. Les noms des puits ne changent pas, il n’y a rien à moderniser : l’eau est toujours la même. Les bergers de Guérar contestent avec ceux d’Isaac. Toute époque connaît des malveillants qui critiquent, contestent, falsifient. Les apôtres recommandent de “ne pas contester, d’enseigner avec douceur les opposants” 2 Timothée 2. 24. Pour vivre en paix, mieux vaut prendre de l’espace (Rehoboth). Enfin Isaac s’élève moralement en montant au puits du serment (21. 31 ; 22. 19). A Guérar, l’Éternel avait pu bénir son serviteur, mais ici il se révèle à lui. Rien ne peut remplacer une heureuse communion avec un Dieu connu ; l’adoration en est la suite naturelle. Isaac retrouve donc la tente et l’autel, ainsi que l’eau du puits (versets 25, 32). Heureux Isaac, heureux les serviteurs d’un tel homme ! C’est lorsqu’il est établi dans ces conditions que le monde doit reconnaître que l’Éternel est avec lui. Israël sera ainsi reconnu au temps du milléniumZacharie 8. 23.
Ésaü montre qu’il est totalement étranger aux pensées divines. Il avait appris quelles étaient ces nations méchantes que Dieu allait détruire. Mais Ésaü s’en moque ; il ne veut pas entendre la parole que Dieu avait communiquée à ses pères, celle qu’il ordonnera également à son peuple IsraëlDeutéronome 7. 3. Il fait entrer dans la famille sanctifiée ces étrangères idolâtres et impies, qui consumeront ses parents dans une amertume d’esprit permanente. D’autres “aînés” depuis lors, enfants privilégiés de parents croyants, ont montré la véritable religion de leur cœur par leur conduite, particulièrement en rapport avec le mariage. Cependant certains parents, priant avec persévérance en reconnaissant peut-être devant Dieu les erreurs passées, peuvent avoir la joie de voir venir au Sauveur des enfants égarés.