Une fois installé dans le pays de Canaan, l’Israélite devait apporter à l’Éternel les premiers fruits récoltés. Les ayant déposés dans une corbeille, il les apportait au lieu que l’Éternel avait choisi pour y faire habiter son nom (verset 2). Il se présentait devant le sacrificateur et déclarait solennellement être entré dans le pays promis à ses pères (verset 3). Le sacrificateur prenait alors la corbeille et la posait devant l’autel. L’Israélite retraçait ensuite en quelques mots l’histoire du peuple de Dieu, depuis l’épisode de Jacob à Paddan-Aram1, jusqu’à son installation en Canaan.
Ce discours exaltait la bonté et la puissance de Dieu qui entend la voix de l’opprimé et le délivre merveilleusement. Les circonstances douloureuses du désert étaient passées sous silence pour ne laisser place qu’à la joie et à la reconnaissance envers Dieu. Le Lévite et l’étranger étaient associés à cette joie, bien qu’ils n’aient eu aucune possession en Canaan.
Tout le chapitre met l’accent sur la relation entre l’Éternel et l’Israélite fidèle. L’expression “ton Dieu” ou “mon Dieu” revient quatorze fois au cours de ces dix-neuf versets : le pays, son produit, le lieu choisi et le peuple lui-même appartiennent à l’Éternel “ton Dieu”, comme aussi chaque individu personnellement. En prenant conscience de cette vérité, l’Israélite se constituait adorateur du seul vrai Dieu, le dispensateur de tout bien qui reste fidèle à ses promesses.
Il était nécessaire d’être entré dans le pays, d’en avoir pris possession et d’y habiter (verset 1) pour pouvoir réaliser ce service d’adoration que demandent ces versets. Pour le chrétien aussi, nous ne pourrons rendre culte que dans la mesure où nous aurons pris conscience des bénédictions célestes qui nous sont données en Jésus ChristÉphésiens 1. 3. Le croyant qui aura préparé son cœur comme une corbeille remplie présentera sa louange devant son Dieu. Le rappel de sa condition de pécheur coupable ne fera que donner plus de ferveur à ses accents de reconnaissance. Les fruits présentés devant Dieu, “sacrifice de louange… fruit des lèvres qui confessent son nom” Hébreux 13. 15, seront d’abord ce que le Saint Esprit lui a fait découvrir dans la Parole concernant son Sauveur et Seigneur Jésus Christ. Collectivement, dans la communion fraternelle et l’humilité, ayant conscience de l’absence de mérite, chacun donnera gloire à Dieu le Père et à son Fils, Jésus Christ.
La dîme annuelle était complétée tous les trois ans par un autre dixième du revenu donné directement au Lévite, à l’étranger, à l’orphelin et à la veuve (14. 22, 28). À cette occasion, comme lors de la présentation des prémices, l’Israélite parlait à son Dieu. Sa prière était d’abord une déclaration d’entière obéissance formulée en quatre points qui soulignent la générosité, la sanctification et la séparation :
L’adorateur sincère affirmait qu’aucune circonstance, au cours de sa vie, n’avait compromis ou altéré ses activités de bienfaisance. Le fidèle pouvait ensuite demander à Dieu la bénédiction, non seulement pour lui-même, mais pour tout le peuple. Il était conscient que les choses offertes provenaient d’une terre que l’Éternel avait donnée à Israël par fidélité aux promesses faites aux pères. Un tel engagement de cœur était apprécié par Dieu, et s’il était tenu, une surabondante bénédiction était assuréeMalachie 3. 10-12.
Le chrétien est libéré de la loi par ChristÉphésiens 2. 15, 16, mais l’amour versé dans son cœur par le Saint Esprit le pousse à donner, non pas la dîme légale, mais peut-être plus, pour subvenir aux divers besoins des croyants et des pauvres en général. Il reflète ainsi concrètement quelques caractères de Christ et montre la réalité de sa foiHébreux 13. 16. N’ayant aucun droit à la faveur de Dieu ou à ses bénédictions, nous dirons comme David : “Tout vient de toi ; et ce qui vient de ta main, nous te le donnons” 1 Chroniques 29. 14.
La pensée de Dieu à l’égard d’Israël était de placer ce peuple “très haut en louange et en renommée et en beauté, au-dessus de toutes les nations” (verset 19). L’Israélite devait être conscient de ce privilège, aussi était-il engagé par une promesse réciproque (versets 17, 18). L’obéissance était la condition de cette bénédiction.
Il y a bien eu une réalisation partielle de cela : “Israël était saint à l’Éternel, les prémices de ses fruits” Jérémie 2. 3. Cet état était caractérisé par la fraîcheur du premier amour, bientôt flétri pour Israël, comme plus tard pour l’ÉgliseApocalypse 2. 4. La grandeur d’Israël n’a pas duré bien longtemps. Il a fallu qu’apparaissent David et Salomon pour qu’elle éclate à nouveau. Leur règne a été une figure du règne futur de Christ. Dans ce temps à venir, les promesses divines se réaliseront en faveur de son peuple, car il sera réellement à la tête des nationsÉsaïe 60. 3. Cette prééminence ne sera pas le résultat de sa parfaite obéissance, mais un fruit produit par la miséricorde et la fidélité de son Dieu, après qu’Israël se sera tourné vers celui qui a été cloué à la croixZacharie 12. 10.
L’Église, constituée aujourd’hui par tous les rachetés du Seigneur, a une histoire bien différente de celle du peuple d’Israël. Malgré ses défaillances, elle témoigne de la sagesse de Dieu en face des autorités célestesÉphésiens 3. 10. Elle est associée à Christ qui se la présentera dans sa gloire comme son épouse pour l’éternitéÉphésiens 5. 27. Israël a failli par sa désobéissance, mais Dieu, dans sa miséricorde, reprendra des relations bénies avec son peuple. L’Église a failli sur le plan de sa responsabilité2, mais son union avec Christ, par grâce, reste inaltérable.