Pour la troisième fois, ce livre mentionne les grandes villes fortifiées qui avaient tant épouvanté les Israélites. Villes murées jusqu’aux cieux, est-il dit, pour souligner la difficulté de les investir. Trente-huit ans auparavant, dix des espions avaient dit, en voyant ces villes fortifiées et ces géants : “Nous ne sommes pas capables de monter contre ce peuple, car il est plus fort que nous” Nombres 13. 31. Nous comprenons cette peur, car ils n’étaient pas plus forts que lors de l’exploration du pays, mais ce n’est pas l’attitude de la foi. Maintenant, Moïse rappelle que Dieu passera devant eux et combattra pour eux, détruisant en un moment ces puissants ennemis, comme il l’avait promis dès le commencement (1. 21).
La même présence et la même puissance divine sont promises à nous aussi, aujourd’hui, croyants du temps de la grâce : “Lui-même a dit : Je ne te laisserai point et je ne t’abandonnerai point” ; en sorte que, pleins de confiance, nous disions : “Le Seigneur est mon aide et je ne craindrai point : que me fera l’homme ?” Hébreux 13. 5, 6 “Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?” Romains 8. 31
Pourquoi l’Éternel chasse-t-il ces nations devant son peuple ? Est-ce à cause de la justice d’Israël ? Certainement pas. Une telle raison est impensable, car c’est un peuple souvent rebelle, c’est pourquoi Moïse dit par trois fois : “Ce n’est pas à cause de ta justice”. Les vrais motifs en sont indiqués :
Le risque de s’enorgueillir est toujours présent, parce que l’orgueil est enraciné dans tout cœur humain. Pour éviter toute présomption, Moïse indique une double ressource :
Oublier la grâce de Dieu et penser que le bien-être est une chose normale, presque due ou, pire encore, qu’il est le résultat de notre fidélité, est un danger auquel nous sommes tous sérieusement exposés. “Qu’as-tu, que tu n’aies reçu ? Et si aussi tu l’as reçu, pourquoi te glorifies-tu, comme si tu ne l’avais pas reçu ?” 1 Corinthiens 4. 7
“N’oublie pas comment tu as excité à colère l’Éternel, ton Dieu” (verset 7). Les infidélités commises par le peuple durant la traversée du désert sont rappelées plusieurs fois dans l’Écriture. Dès le départ d’Égypte, Israël fut un peuple rebelle ; Moïse fait ici un triste tableau de l’infidélité des Israélites avec le récit de l’affaire du veau d’or. Le peuple s’était fait une image de fonte et s’était prosterné devant elle alors que Moïse était sur la montagne pour recevoir les deux tables de la loi. “Laisse-moi, et je les détruirai”, avait dit l’Éternel (verset 14). Mais Moïse, après avoir brisé les deux tables devant les yeux du peuple, s’était prosterné devant l’Éternel quarante jours et quarante nuits, sans manger de pain et sans boire d’eau (versets 17, 18).
L’intercession de Moïse avait sauvé le peuple de la destruction et Aaron de la mort, car l’Éternel s’était irrité aussi contre Aaron. Nous savons par le récit de l’Exode, avec quels accents pathétiques et suppliants, Moïse avait imploré le pardon pour ce peuple désobéissantExode 32. 11-13.
À ce triste rappel, Moïse ajoute encore la mention de trois étapes douloureuses (verset 22) : À Tabhéra, les plaintes du peuple avaient amené un jugement par le feu de l’Éternel, mais une fois encore, l’intercession de Moïse avait arrêté le châtimentNombres 11. 1-3. À Massa les fils d’Israël avaient contesté contre Moïse car l’eau manquait. Ils avaient tenté Dieu, disant : “Dieu est-il au milieu de nous, ou n’y est-il pas ?” Exode 17. 1-7 et Dieu avait fait jaillir l’eau du rocher. À Kibroth-Hattaava, ils avaient murmuré parce qu’il n’y avait pas de viande, et la colère de l’Éternel s’était embrasée ; mais Moïse s’était adressé à l’Éternel, et Dieu avait donné de la chair à manger pour tout le peuple, des cailles en tel nombre qu’il y en eut pour un mois entierNombres 11. 4-23.
En rappelant avec tant d’insistance ces épisodes humiliants, Moïse veut faire ressortir premièrement la culpabilité du peuple, ensuite la valeur et la puissance de l’intercession, et par dessus tout, l’immense grâce de Dieu qui a pardonné le péché et supporté un peuple rebelle durant quarante ans (verset 24).
Après l’évocation des révoltes répétées du peuple, Moïse parle encore des quarante jours et quarante nuits passés en prière pour invoquer le pardon et la miséricorde de Dieu. Moïse avait alors articulé son intercession sur quatre points :
Cette intercession de Moïse était une prière pleine d’amour et d’intelligence. Elle devrait inspirer les nôtres quand nous intercédons en faveur de nos frères et sœurs. Puissions-nous toujours nous placer du côté des intercesseurs, car à l’opposé se trouve celui qui est appelé “l’accusateur de nos frères”, c’est-à-dire Satan lui-mêmeApocalypse 12. 10.