Moïse exhorte les Israélites à se souvenir du long chemin du désert et à considérer les résultats que Dieu avait en vue en les soumettant à une telle discipline. Dans ce chapitre, le récit de la traversée du désert est vu sous un angle nouveau et intéressant. Ces quarante ans ne sont plus envisagés comme un châtiment de leur incrédulité, mais comme un moyen d’instruction et de perfectionnement. Les Israélites sont ainsi conduits à une connaissance plus profonde de ce Dieu qui les avait libérés de l’Égypte, mais éprouvés dans le désert pour leur faire du bien à la fin (verset 16).
Quarante ans d’épreuve pour qu’ils apprennent ce qui était dans leur cœur (verset 2), quelle humiliation ! Les fils d’Israël devaient réaliser, comme nous-mêmes, qu’ils ne pouvaient rien faire par eux-mêmes, qu’en eux n’habitait aucun bien et qu’ils avaient toujours besoin des soins de l’Éternel.
Les Israélites ont éprouvé la faim, mais Dieu, par une intervention miraculeuse, leur a envoyé la manne que leurs pères n’avaient pas connue. C’était le pain que Dieu leur donnait à mangerExode 16. 15, un aliment pour le désert dont ils se sont nourris pendant quarante ans, jusqu’à leur entrée en CanaanExode 16. 35 : “La manne cessa dès le lendemain, après qu’ils eurent mangé du vieux blé du pays” Josué 5. 12.
Dans tout le livre du Deutéronome, ce chapitre seul fait mention de la manne. Cette substance était blanche et elle se répandait de nuit sur la rosée autour du camp. Les Israélites devaient en recueillir une juste mesure, environ deux litres et demi par personne, pour la nourriture de leur famille. Aucune provision ne devait en être faite, car elle était avariée le lendemain. Une exception était prévue la veille du sabbat, car il n’y en avait point le jour du sabbat, et elle se conservait alors miraculeusement un jour de plusExode 16. 24.
La manne représente Christ, nourriture de nos âmes durant notre vie dans ce monde, et aussi la parole de Dieu qui nous parle de lui. Elle avait le goût d’un gâteau au mielExode 16. 31. Un peu plus tard, elle fut estimée comme un gâteau à l’huileNombres 11. 8 et vers la fin du parcours, elle fut méprisée par les Israélites qui la qualifièrent de “pain misérable” Nombres 21. 5. Si nous perdons de vue les promesses du Seigneur et si sa glorieuse personne n’occupe plus la place principale dans nos cœurs, nous courons le même risque que les Israélites. Nos pensées seront alors “corrompues et détournées de la simplicité quant au Christ” 2 Corinthiens 11. 3 ; nous perdrons le goût de la parole de Dieu et finirons par l’adapter à nos pensées ; nous en prendrons ce qui nous plaît et nous exalte, tout en écartant ce qui nous juge et nous condamne. Bien que donnée par Dieu, la manne n’était pas “le véritable pain qui vient du ciel”, car ceux qui en ont mangé sont morts, mais elle symbolisait Jésus “le pain de Dieu… qui descend du ciel, et qui donne la vie au monde… Moi, je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim” Jean 6. 32-35. La manne n’était pas seulement un aliment de survie et une preuve tangible des soins de Dieu ; elle servait aussi à enseigner que “l’homme ne vit pas de pain seulement”, comme le Seigneur le dit à SatanMatthieu 4. 4, mais “de tout ce qui sort de la bouche de l’Éternel” (verset 3).
Dieu avait donné une autre preuve de ses soins envers les Israélites : pendant ces quarante ans de marche leurs vêtements ne s’étaient point usés et leurs pieds ne s’étaient point enflés ; leurs sandales mêmes avaient résisté tout ce temps (29. 4).
Ce long voyage avait été une épreuve en discipline, mais le but de Dieu était le bien du peuple, et sa correction celle d’un père à l’égard du fils qu’il aime (verset 5). Les expériences faites par Israël dans le désert devaient l’enseigner et l’amener à marcher dans la crainte de son Dieu (verset 6). Cette crainte, toutefois, n’était pas la peur, mais le respect qu’impose une relation avec Dieu qui s’était montré comme un père pour lui.
Le chrétien aussi participe à la discipline que Dieu son Père exerce envers les siens : “Ne méprise pas la discipline du Seigneur… car celui que le Seigneur aime, il le discipline… car qui est le fils que le père ne discipline pas ?” Hébreux 12. 5-7 La discipline de Dieu est pour nous une preuve que nous sommes ses enfants. Nous ne devons donc pas la mépriser ni nous décourager, mais l’accepter avec soumission et humilité. Notre Père veille toujours à notre éducation dans un but glorieux, car toutes ses actions envers nous sont dictées par son amour infini : elles sont pour notre bien.
Une description exceptionnelle est faite du pays qu’Israël allait posséder. L’eau et les produits du sol y sont abondants. Il lui était promis du pain à satiété et même du minerai pour ses industries (verset 9). Ensuite, Moïse met en garde les Israélites contre un grave danger qui les guettera quand ils seront bien établis dans le pays et devenus riches : l’oubli de toute l’œuvre de Dieu qui les a amenés là et la pensée que ce bien-être est dû à leur seule capacité (verset 17).
Une nouvelle fois, Moïse dit au peuple : “Tu te souviendras” (verset 18), non seulement du chemin parcouru et des expériences faites, mais de l’Éternel lui-même. La jouissance des dons de Dieu doit perpétuer dans le cœur des Israélites le souvenir de l’Éternel lui-même, de son alliance et de ses promesses.
L’énumération des ressources variées du pays promis nous parle, en figure, de toutes les bénédictions spirituelles qui sont à notre disposition déjà maintenant. Nous saisissons les promesses divines par la foi : nous nous désaltérons à une source rafraîchissante qui abreuve nos cœurs : l’Esprit SaintJean 7. 37-39 ; nous nous nourrissons spirituellement des sept produits excellents (verset 8) qui procurent force et douceur, joie et rafraîchissement. Pour l’avenir, il y a devant nous une patrie céleste dans laquelle nous allons être introduits bientôt. Par la grâce de Dieu, nous en goûtons déjà les fruits, mais prenons garde que rien ne fasse écran entre nos cœurs et la personne du Seigneur Jésus.