Dieu insiste sur le fait que lui-même donnait à Israël le pays qu’il allait conquérir (versets 1, 2). Il était l’héritage de l’Éternel donné par un acte de grâce (verset 3). Pas question de capacité ou de mérite. Cette pensée devait bannir tout sentiment d’orgueil, mais encourager fortement à l’obéissance celui qui allait habiter le pays.
Après la brève mention des villes de refuge faite au début de son discours (4. 41), Moïse revient sur cette ordonnance pleine d’intérêt. Dans sa justice, Dieu prononce le jugement de celui qui tuerait son prochain avec préméditation (verset 13) ; dans sa miséricorde, il épargne l’homicide involontaire : “J’établirai un lieu où il s’enfuira” Exode 21. 13.
Celui qui, pour venger le mort1, aurait tué l’homicide involontaire, qu’il soit israélite ou étrangerNombres 35. 15, aurait répandu du sang innocent, et par là même serait coupable d’homicide (verset 10).
“L’Éternel hait six choses, et il y en a sept qui sont en abomination à ses yeux… les mains qui versent le sang innocent… et celui qui sème des querelles entre des frères” Proverbes 6. 16-19. Caïn avait tué son frère innocent avec préméditation, et le sang d’Abel criait de la terre à Dieu pour obtenir vengeanceGenèse 4. 10. Les Juifs, associés aux gouverneurs et aux soldats romains, se sont rendus coupables du plus horrible des crimes en mettant à mort le Seigneur Jésus, l’innocent par excellence. La foule a crié : “Que son sang soit sur nous et sur nos enfants !” Matthieu 27. 25
Mais le sang de Jésus parle mieux qu’AbelHébreux 12. 24 : il parle de grâce et de pardon. Par l’effet de la prière du Seigneur sur la croixLuc 23. 34, sa crucifixion est considérée par Dieu comme un péché involontaire lorsque se manifeste la foi qui seule peut obtenir le pardon. On comprend alors que le rejet de la grâce divine et le refus de croire à l’œuvre expiatoire de Christ deviennent l’unique péché volontaire pour lequel il n’y a pas de sacrificeHébreux 10. 26, 27.
Trois villes avaient été désignées à l’est du Jourdain (4. 43). Après la conquête du pays de Canaan, trois autres villes seraient choisies à l’ouest. Mais il ne suffisait pas de désigner ces villes, il fallait aussi qu’elles soient à une distance opportune et rendues accessibles par des chemins faciles (verset 3).
L’homicide volontaire qui aurait cherché à s’enfuir dans une ville de refuge devait être aussitôt démasqué ; les anciens de la ville le livreraient alors aux mains du vengeur du sang pour le faire mourir (versets 11, 12). On ne peut pas profiter de la faveur de Dieu en dehors de la foi en l’œuvre de Christ.
Dieu lui-même voulait étendre les limites du territoire donné à Israël, comme il l’avait juré à ses pères (verset 8), en lui donnant tout le pays ; mais il fallait que le peuple aime l’Éternel et observe tous ses commandements (verset 9). N’en est-il pas ainsi pour nous ? Nous jouissons des bénédictions spirituelles et célestes dans la mesure même où nous aimons et honorons le Seigneur. La désobéissance appauvrit l’âme, contriste le Saint Esprit et entrave l’œuvre de Dieu dans notre vie. L’amour et l’obéissance, au contraire, élargissent les limites de notre sécurité et de notre joie, de la sérénité et de la patience, de la connaissance et de la consécration pour lui.
L’homicide devait demeurer dans la ville de refuge jusqu’à la mort du souverain sacrificateur. Notre libération est déjà garantie, puisque Jésus est mort et ressuscitéHébreux 6. 18-20.
Un domaine allait être accordé en héritage à chaque famille d’Israël après l’entrée dans le pays. Déplacer les bornes délimitant la possession de son voisin signifiait lui voler du terrain, s’enrichir à ses dépens. Les frontières de chaque tribu et de chaque famille devaient être bien déterminées et respectées d’une génération à l’autre. Chaque modification abusive serait considérée comme un grave péché qui appellerait la malédiction de Dieu (27. 17).
La parole de Dieu pose des limites précises que nul n’a le droit de déplacer, en particulier quand elle est exposée justement par le ministère de serviteurs fidèlesProverbes 22. 28. Dans le domaine spirituel, chacun doit pouvoir jouir librement de ce que Dieu lui donne, selon cette parole : “Chacun ne regardant pas à ce qui est à lui, mais chacun aussi à ce qui est aux autres” Philippiens 2. 4.
Le même principe s’applique aussi aux relations courantes avec nos semblables ; prenons donc garde à ne profiter de personne, que ce soit des croyants ou des gens du monde, pour en retirer nous-mêmes un gain quelconque. Les épîtres mettent en garde contre la cupidité et elles abondent en exhortations à l’honnêteté et à la droiture.
Un seul témoin n’était pas suffisant pour porter une accusation contre quelqu’un (verset 15). Dans le cas d’un différend ou d’un conflit entre deux protagonistes, le devoir des juges consistait à bien rechercher si l’accusation correspondait à la vérité (verset 18). Sinon, la punition du faux témoin (verset 19) devait être exemplaire : “Les autres l’entendront et craindront” (verset 20). Il n’y avait pas de circonstances atténuantes : “Ton œil n’épargnera point : vie pour vie, œil pour œil, dent pour dent…” (verset 21).
Le faux témoignage est un péché très grave. L’un des dix commandements de la loi le stipule expressémentExode 20. 16. L’une des sept choses que Dieu a en abomination est “le faux témoin qui profère des mensonges” Proverbes 6. 19, “il ne sera pas tenu pour innocent” Proverbes 19. 9. Le Seigneur sait que cette tendance est dans nos mauvais cœursMatthieu 15. 19, c’est pourquoi nous sommes exhortés à ne pas porter d’accusation contre quelqu’unJacques 4. 11, 12. Le Seigneur Jésus, parfaitement innocent, a été mis en accusation par de faux témoinsMarc 14. 59 ; Étienne aussi, premier martyr de la foiActes 6. 13. Dans l’assemblée, toute discipline est exercée sur la base de deux ou trois témoignages vrais et concordantsMatthieu 18. 16 ; 2 Corinthiens 13. 1 ; 1 Timothée 5. 19.