Dès ce chapitre 12, le peuple est instruit sur la manière dont il devra se comporter une fois entré en Canaan. La première chose à faire sera de purifier le pays de toutes les idoles et des lieux de culte des Cananéens : “Vous détruirez entièrement tous les lieux où les nations que vous déposséderez auront servi leurs dieux” (verset 2). Le nom même de ces faux dieux devra disparaître (verset 3). L’Éternel savait que la présence de ces abominations susciterait, tôt ou tard, l’intérêt des Israélites et les ferait tomber dans l’idolâtrie ; toutes ces choses devaient donc être détruites. Plusieurs rois, comme Asa par exemple, firent disparaître les idoles du pays mais n’éliminèrent pas les hauts lieux1 Rois 15. 11-14, de sorte que le peuple retomba plus tard dans l’idolâtrie.
Dieu avait dit à Moïse que les habitants avaient rendu impur le pays. Les traces mêmes de ces impuretés devaient être éliminées. La leçon est claire : l’objet matériel n’est rien par lui-même ; mais s’il s’y attache le souvenir de quelque perversion, il devient un piège pour le croyant, ou pour ses enfants. L’élimination radicale est la seule façon de s’en purifier et de préserver nos familles.
Les Israélites avaient, pour le culte, un ensemble de cérémonies basées sur des offrandes et des sacrifices sanglants. Ils devaient rechercher le lieu choisi par Dieu où ils pourraient rendre culte. C’est là seulement qu’ils devaient apporter leurs offrandes et sacrifier leur gros ou leur menu bétail. Le tabernacle fut dressé en ce lieu désigné : Silo d’abordJosué 18. 1, 10, puis Gabaon1 Chroniques 21. 29.
Du temps de David, l’autel était encore à Gabaon, mais l’arche de l’alliance avait été transportée de Kiriath-Jéarim à Jérusalem, jusqu’au moment où Salomon construisit le temple. Quand l’arche de l’alliance y fut placée, la nuée remplit la maison1 Rois 8. 6-11 : Dieu reconnut ainsi le lieu qui devait être son habitation et qui deviendrait le centre de rassemblement des Israélites.
Dieu n’est jamais débiteur de personne ; il promet aux fidèles qui lui apportent leurs dîmes et leurs offrandes une abondance de joie et de bénédiction, pour eux et leur famille : “Là, vous mangerez devant l’Éternel, votre Dieu, et vous vous réjouirez… vous, et vos fils, et vos filles, et vos serviteurs, et vos servantes, et le Lévite qui est dans vos portes” (versets 7, 12). Il y a de la joie à donner à Dieu, en le servant, même si l’on doit renoncer à quelque chose.
Les Lévites n’avaient aucune possession dans le pays. Ils étaient la tribu consacrée au service de l’Éternel et vivaient des dons et des offrandes de leurs frères des autres tribus. Il fallait donc se souvenir d’eux, et les faire participer avec joie aux offrandes présentées à l’Éternel (verset 12).
Tout croyant consacré au Seigneur a expérimenté la joie de présenter à Dieu une louange collective au nom de tous les rachetés.
Le Seigneur Jésus, dans sa conversation avec la femme samaritaine, a déclaré qu’une nouvelle période allait s’ouvrir, caractérisée par une nouvelle relation établie entre Dieu et le croyant : “Femme, crois-moi : l’heure vient que vous n’adorerez le Père ni sur cette montagne, ni à Jérusalem… les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité” Jean 4. 21, 23.
Pour nous, chrétiens, il n’y a pas de temple ou d’édifice particuliers ; chacun de nous, individuellement, a déjà le privilège d’offrir sans cesse à Dieu, par Jésus Christ, un sacrifice de louangeHébreux 13. 15.
Nous sommes aussi invités à le faire collectivement. Dans ce cas, le Seigneur promet que, même si nous ne sommes que deux ou trois assemblés en son nom, il est lui-même présent au milieu de nousMatthieu 18. 20. Il est pour nous le centre de rassemblement, soit pour la commémoration de sa mort, soit pour la prière, soit pour l’édification réciproque et l’étude de la Parole comme l’enseigne le N.T. 1 Corinthiens 10-14. Cette présence du Seigneur détermine le “lieu” où l’adoration collective peut être présentée à notre Dieu et Père1.
Les animaux offerts à l’Éternel et les dîmes des récoltes devaient donc, comme cela est répété plusieurs fois dans ce chapitre, être portés et mangés exclusivement dans le lieu prescrit. Mais chacun, qu’il soit impur ou qu’il soit pur, pouvait manger de la chair à son gré dans sa propre maison, si le lieu était trop éloigné (versets 15, 21). Cependant dans ce cas, Dieu donne des indications et pose des limites à l’égard du sang : “Vous ne mangerez pas le sang : tu le verseras sur la terre comme de l’eau… tiens ferme à ne pas manger le sang, car le sang est la vie” (versets 16, 23).
Il y a donc une distinction importante entre ce qui est dû à Dieu et ce qui nous est donné pour notre usage. Les enseignements de la Parole sont souvent impératifs pour ce qui concerne nos relations avec Dieu, car il est souverain : ses choix et ses décisions ne peuvent pas être contestés. Ce qui nous est donné est confié à notre responsabilité, à notre discernement et à la sensibilité de notre conscience, même si rien ne peut être soustrait au regard du Seigneur. Dieu nous laisse la liberté d’action, dans le respect des principes généraux énoncés dans la Parole : “Soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez, ou quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu” 1 Corinthiens 10. 31.
Le peuple est sérieusement mis en garde contre le danger de tomber dans l’idolâtrie par simple curiosité : “Comment ces nations servaient-elles leurs dieux ?” (verset 30). Des pratiques abominables étaient choses courantes parmi les nations cananéennes. S’y intéresser était un danger pour Israël. Plus tard, un roi de Juda est tombé dans ce piège : il a copié un autel idolâtre pour y sacrifier personnellement2 Rois 16. 10-16. Le moyen d’être préservé de ce piège est indiqué : prendre garde à la Parole, ne rien y ajouter et n’en rien retrancher (verset 13. 1).
Il est très dangereux de vouloir scruter les choses que le Seigneur réprouve, car nous entrons alors dans un domaine où Satan a beaucoup de pouvoir ; nous pouvons rester enchevêtrés dans les filets tendus par l’Ennemi. Il est périlleux de nous fier à nous-mêmes, à notre capacité de résistance et à nos bonnes résolutions ; Pierre avait de bonnes intentions – il avait dit vouloir rester avec son Maître jusqu’à la mort – et il a fini par renier le SeigneurMatthieu 26. 35, 58, 69-75. Dina, la fille de Jacob, était sortie “pour voir les filles du pays”, mais cette curiosité naïve et imprudente a eu de lourdes conséquences, pour elle et pour toute sa familleGenèse 34.
“La chair est faible” face à la tentation ; c’est pour cela que nous devrions ôter de notre vie et de nos habitudes tout ce qui pourrait nous induire au mal. Toute occasion de chute doit être évitée ; et malheur à nous si nous sommes une occasion de chute pour notre frèreMatthieu 18. 7 ; Romains 14. 13 ; 1 Corinthiens 8. 13 !
Non seulement la loi de Moïse, mais la parole de Dieu entière est sainte et parfaite ; un être aussi misérable que l’homme qui voudrait ajouter ou ôter quelque chose (verset 13. 1), fusse même avec les meilleures intentions, ne peut que la falsifier !