Le Deutéronome relate les paroles prononcées par Moïse la quarantième année après la sortie des fils d’Israël du pays d’Égypte. Le peuple se trouve à l’est du Jourdain, “dans le pays de Moab” (verset 5). Il avait déjà vaincu Sihon et Og, rois des Amoréens et s’était emparé de leurs territoiresNombres 21. 21-35. L’Éternel lui ouvre maintenant la voie pour conquérir le pays de la promesse dans toute son étendue, jusqu’au fleuve Euphrate. Ce territoire ne sera vraiment la possession d’Israël que dans un temps futur, mais Dieu met sa puissance à la disposition de la foi. Sera-t-elle suffisante pour s’emparer de tout l’héritage (11. 24) Genèse 15. 18 ; Josué 1. 4 ?
Moïse s’adresse maintenant à Israël de la part de Dieu, “selon tout ce que l’Éternel lui avait commandé pour eux” (verset 3), comme un serviteur fidèle doit le faire. Il relève avant tout, dans ces premiers chapitres, la fidélité de Dieu à l’égard de son peuple. Il reprend le cours des événements depuis le départ d’Horeb, à la montagne de Sinaï (verset 6). L’Éternel a mis devant son peuple tout le pays de Canaan : “Entrez et possédez le pays que l’Éternel a juré à vos pères… de leur donner” (verset 8). La fidélité de Dieu ouvre ainsi devant les siens les vastes horizons de ses promesses et de ses bénédictions.
Entre Horeb, le lieu de l’alliance de Sinaï, et la frontière de Canaan, l’héritage promis, il n’y a pas une grande distance à parcourir : “onze journées” (verset 2). Pour Dieu, le chemin était direct et court, mais le voyage a duré quarante ans à cause de l’incrédulité du peuple. Quel avertissement pour nous qui sommes en route vers le ciel ! Dieu nous destine à la gloire, et non pas à errer dans le désert. Nous avons tous, un jour ou l’autre, manqué de foi ; Dieu veut que nous retracions le passé pour en tenir compte, comme Moïse le fait ici. Il nous conduit à des étapes où nous sommes capables de faire le point.
Le peuple est donc en marche, et l’Éternel s’attend à ce que tout se passe à son honneur au milieu des tribus, dans un esprit de justice, d’ordre et de paix. Il est humiliant de constater que des contestations fâcheuses peuvent avoir lieu au sein du peuple de Dieu (verset 12). Elles ne se produiraient pas si l’amour de Dieu présidait dans des cœurs disposés à se soumettre à sa volonté. Mais une provision de grâce est fournie pour faire face à tous ces différends. Soyons certains qu’il en est de même aujourd’hui.
Moïse fait allusion, dans ce paragraphe, à la scène où, dans un moment de crise, fatigué et déçu des murmures continuels du peuple, il avait demandé à l’Éternel de confier à d’autres une partie de ses lourdes responsabilitésNombres 11. 14. Les dispositions prises lors de la scène mentionnée en ExodeExode 18. 13-27 semblent y être aussi évoquées, sans qu’il soit fait allusion à Jéthro1. De ces deux scènes, deux principes valables en tout temps peuvent être relevés :
Ici, Moïse souligne ce que Dieu a fait pour son peuple et ce qu’il attend de lui. Il l’a béni et multiplié comme les étoiles des cieux, selon sa promesseGenèse 15. 5 ; 22. 17. Il a permis qu’un ordre judiciaire soit établi pour que le jugement soit prononcé à sa gloire, à tout niveau : “Le jugement est de Dieu” (verset 17). Personne ne doit être favorisé et nul ne doit exercer pression ou menace : “Vous n’aurez peur d’aucun homme” (verset 17). Aujourd’hui, si des différends entre deux croyants sont résolus dans le même esprit, ils ne déboucheront pas sur des litiges portés devant les autorités judiciaires de ce monde1 Corinthiens 6. 1-8.
Moïse reprend les tristes faits qui ont motivé les quarante ans dans le désert, avant d’entrer dans le pays. Le peuple part d’Horeb et arrive à la montagne des Amoréens, juste à la frontière du pays de Canaan. Il n’y a plus qu’à monter et prendre possession (verset 20). Le grand et terrible désert est franchi et Dieu met le bon pays devant lui : “Ne crains point et ne t’effraie point” (verset 21). Mais Israël manque de foi pour s’approprier les promesses divines et compter sur l’aide de Dieu. Une apparente prudence humaine masque en réalité cette absence de foi en Dieu. La main qui l’avait guidé dans le désert voulait et pouvait aussi le faire entrer en possession du pays.
Il en est de même pour nous croyants qui avons part à “l’appel céleste” Hébreux 3. 1. Le Seigneur nous dit : “Entrez et prenez possession”. En Christ, nous avons toutes les promesses de bénédiction pour cette vie et pour la vie futureÉphésiens 1. 3 ; 1 Timothée 4. 8. Nous pouvons en jouir aujourd’hui en les saisissant par la foi, dans une obéissance fidèle à sa Parole.
Les Israélites, méfiants et craintifs, avaient voulu envoyer des espions pour explorer le pays. Moïse souligne ici leur responsabilité dans cette initiative (verset 22). Dans le livre des Nombres, l’Éternel dit à Moïse d’envoyer ces espions, car en fait, cela répondait à leur désir profond. Dieu connaissait leur cœur incrédule et rebelle qui fut effectivement manifesté par cette épreuve. Moïse avait donc accédé à leur demande en envoyant douze hommes. Leur mission terminée, ils rapportent des fruits de Canaan, preuve évidente de la richesse du pays promis. Mais la description des habitants du lieu, forts et de haute stature, la mention des cités murées “jusqu’aux cieux” (verset 28) les avaient épouvantés. Ils avaient même eu l’audace et l’insolence d’affirmer : “C’est parce que l’Éternel nous hait qu’il nous a fait sortir du pays d’Égypte… pour nous détruire” (verset 27).
Dieu a été magnifique dans sa bonté et sa patience pour son peuple, mais les fils d’Israël ne les ont pas appréciées. L’homme dans son état naturel ne le peut jamais. S’ils avaient eu confiance en son amour et en sa puissance, comme Josué et Caleb, ils n’auraient pas été effrayés par les obstacles apparents. Au contraire, ils auraient pu dire comme David : “En Dieu je me confie : je ne craindrai pas, que me fera l’homme ?” Psaume 56. 12 Croyants, pouvons-nous le dire, nous aussi sincèrement ?