Philadelphie a aussi gardé la parole de la patience du Seigneur. C’est la “patience d’espérance de notre Seigneur Jésus Christ” 1 Thessaloniciens 1. 3, liée à la promesse de son retour, car maintenant les regards de la foi se dirigent vers ce moment. Dieu est patient, il est le Dieu de patience et de consolationRomains 15. 5. Le Seigneur aussi a manifesté une patience parfaite dans la souffrance et la soumission sur la terre, et maintenant il attend encore avec patience. Pour les chrétiens, la patience selon Dieu traduit l’état d’un cœur soumis et confiant dans le Seigneur, qui permet de surmonter la souffrance dans l’attente de la délivrance. L’assemblée de Philadelphie l’a réalisé ; aussi sera-t-elle gardée de l’heure de l’épreuve qui viendra “sur la terre habitée tout entière” après l’enlèvement de l’Église. Il s’agit des jugements qui atteindront “ceux qui habitent sur la terre”, à la fois le peuple juif et les nations1, à l’exception de ceux qui seront épargnés pour jouir du royaume. Au contraire, l’Église, céleste dans son caractère, son origine et ses destinées, est enlevée au ciel avant les jugements2.
Ainsi, Philadelphie a gardé la parole de la patience du Seigneur. Au milieu des multiples activités fébriles du monde chrétien, cette patience sans bruit n’est pas moins précieuse pour Christ que des actes brillants. Elle n’est ni de l’indifférence à l’égard des circonstances ni de la résignation, mais le fruit d’un cœur qui s’attend au Seigneur. Gardé du danger de la routine, un croyant (ou une assemblée) fidèle manifestera la vraie patience selon Dieu en ne cherchant pas constamment le changement ou les nouveautés. L’Écriture est une eau vive, toujours nouvelle, qui révèle des trésors qui y sont contenus depuis toujours. C’est un caractère de Philadelphie que souligne l’expression : “Tiens ferme ce que tu as”.
Révélée spécialement à l’apôtre Paul1 Thessaloniciens 4. 15-18, la venue du Seigneur a été vite oubliée par l’Église assoupie. C’est au siècle dernier que le cri de minuit a retenti : “Voici l’époux ; sortez à sa rencontre” Matthieu 25. 6. L’attente du retour du Seigneur en grâce pour prendre ses rachetés nous lie à sa personne et éprouve la réalité de notre amour pour lui. Car c’est Christ lui-même qui vient : “Je viens bientôt” ; à la fin du livre, lui-même répond personnellement au cri de son Église : “Oui, je viens bientôt” (22. 20).
La venue du Seigneur est présentée aux quatre dernières assemblées, et les fidèles de Thyatire, Sardes, Philadelphie et Laodicée seront tous enlevés en même temps. Toutefois, pour Philadelphie seulement, la promesse de la venue du Seigneur est présentée comme la récompense particulière pour ceux qui auront gardé la parole de sa patience. En face de l’opposition et du mépris du monde, le retour de Christ est le moment essentiel vers lequel se dirigent les regards des fidèles.
La venue du Seigneur est aussi présentée à Philadelphie comme un appel à la vigilance. “Tiens ferme ce que tu as”. Il n’est pas question ici de révélations ou de lumières nouvelles, mais uniquement de garder ce qui a été révélé et confié, mission qui paraît peu importante, mais qui l’est en réalité, parce que c’est ce que le Maître demande. “Si quelqu’un me sert, qu’il me suive… Si quelqu’un me sert, le Père l’honorera” Jean 12. 26. Tenir ferme ce que l’on a, c’est, en particulier, ne pas élargir le chemin, ou ne pas reculer “la borne ancienne” Proverbes 22. 28 ; c’est maintenir la séparation du mal en reconnaissant les droits du Seigneur.
“Afin que personne ne prenne ta couronne”. Au milieu du déclin qui suit le temps du réveil, l’enjeu du combat est de perdre ou de conserver ce que le Seigneur nous a confié. La
Le combat est ici beaucoup plus intérieur et moins apparent que dans les phases précédentes de l’histoire de l’Église (le fidèle à Smyrne devait résister jusqu’à la mort) ; pour autant, il n’en est pas moins difficile ni moins important. Vaincre, pour le chrétien, c’est avant tout remporter la victoire sur lui-même en mettant sa volonté propre de côté avec le secours de Dieu. Si le combat est intérieur, les victoires aussi le sont : c’est dans notre cœur que se réalisent l’obéissance, la soumission et la dépendance.
Trois promesses sont faites au vainqueur de Philadelphie ; d’un ordre céleste, elles sont liées de façon particulière au Dieu de notre Seigneur Jésus Christ. Celui-ci est présenté comme homme ayant parfaitement remporté la victoire sur la terre.
Cette triple promesse se réalisera dans la gloire à venir qui nous sera révélée. Nous pouvons anticiper ce moment en jouissant dès maintenant de la gloire et de la grâce qui nous sont données par Dieu en Christ.
Placée après la promesse au vainqueur, elle rappelle que l’Esprit Saint s’adresse à un résidu distingué d’une masse professante. Mais toute l’assemblée de Philadelphie constitue ici ce résidu. Pour en manifester quelque caractère moral, il faut continuer le combat ; la séparation extérieure du mal ne suffit pas, bien qu’elle soit indispensable. Il faut toujours laisser la chair dans la mort, en se livrant au Seigneur dans sa vie personnelle et au sein même de l’assemblée.