Après l’anticipation de la scène céleste et des gloires de l’Agneau (chapitres 4 et 5), l’Esprit Saint nous présente, par les visions révélées à l’apôtre Jean (chapitres 6 à 11), ce que seront les voies de Dieu envers le monde, depuis l’enlèvement de l’Église jusqu’à la venue de Christ en gloire.
Le Fils de l’homme doit entrer personnellement en possession de son héritage ; il désire y associer ses rachetés, les enfants de Dieu, qui sont déclarés être : “héritiers de Dieu, cohéritiers de Christ” (Romains 8. 17).
Le Fils avait été établi par Dieu “héritier de toutes choses” (Hébreux 1. 2). Mais l’usurpateur, Satan, s’était emparé de l’héritage par ruse, et prétendait le garder pour le gérer à sa guise (Luc 4. 6). Dans ce but, il avait même poussé les hommes à mettre à mort l’héritier en leur promettant que l’héritage serait à eux (Luc 20. 14). Pendant près de soixante siècles, Dieu a supporté cette injustice ; mais le temps vient où Christ va faire valoir ses justes droits sur toute la création, à la fois comme Dieu Créateur et comme Dieu Rédempteur. C’est là l’un des grands sujets de l’Apocalypse.
Autrefois en Israël, le contrat d’acquisition d’un héritage (un champ par exemple) faisait l’objet de deux documents écrits : une lettre scellée attestée par des témoins (le prix d’achat ayant été payé) et une lettre ouverte (Jérémie 32. 10-11, 14).
Il en sera de même pour Christ lorsqu’il prendra possession de la création :
Ainsi, toute l’histoire future de la terre commence par l’ouverture des sceaux qui introduisent les jugements de Dieu sur les habitants de la terre pour établir le royaume de son Fils.
Les sept sceaux annoncent des événements successifs. L’ouverture du septième sceau introduit les jugements des trompettes. De même, le son de la septième trompette introduira les jugements des coupes. Tous les jugements sont annoncés et décrits dans les chapitres 6 et 11. Certains détails seront repris plus loin dans le chapitre 16 pour les coupes.
Dans la succession des jugements, il s’agit d’abord de “l’heure de l’épreuve” (3. 10). Sa durée est indéterminée, mais elle s’achève par la soixante-dixième semaine d’années de Daniel inaugurée par l’ouverture du sixième sceau. Cette semaine est caractérisée au début par l’alliance entre la Bête (Rome) et le faux prophète (l’Antichrist), ces deux instruments de Satan (13. 12) Ésaïe 28. 15.
Pendant la seconde moitié de la dernière semaine (11. 3 ; 12. 6, 14 ; 13. 5), la grande tribulation atteindra plus particulièrement les Juifs. C’est “la détresse pour Jacob” Jérémie 30. 7. Au début de cette période, Satan est précipité du ciel sur la terre (12. 7), et le sacrifice continuel cesse dans le temple à JérusalemDaniel 9. 27. Ce sera alors, à proprement parler, le temps de la
Pendant cette période d’épreuve si intense, l’évangile du Royaume, déjà présenté par Jean-Baptiste et par le Seigneur Jésus, est à nouveau prêchéMatthieu 24. 14. Parmi ceux qui l’accepteront, plusieurs seront maintenus en vie pour jouir du règne terrestre du Seigneur, tandis que d’autres passeront par la mort et seront ressuscités pour y entrer (20. 4).
Tout ce qui est décrit ici est encore futur, mais les événements du passé et de la période actuelle donnent un avant-goût de ce qui va se dérouler : le despotisme, les guerres, les famines et la mort sont déjà à l’œuvre. Jusqu’ici, le jugement avait été à l’échelle d’une ville, d’un pays, éventuellement d’un continent. Mais à ce moment-là, les effets du jugement seront à l’échelle planétaire.
L’Agneau est investi de toute autorité pour exécuter le jugement. Cette période correspond à ce que le Seigneur appelle “un commencement de douleurs” Matthieu 24. 8. Les sceaux du livre qu’il tient dans ses mains vont être ouverts ; ce sont les mains de celui que l’homme avait cloué à la croix.
À l’ouverture du premier sceau, le premier vivant (semblable à un lion) déclare d’une voix de tonnerre : “Viens”. Ce commandement, qui sera répété quatre fois, s’adresse-t-il à Jean ou à l’un de ceux que l’on a appelés les quatre cavaliers de l’Apocalypse ? Il est difficile d’en décider.
Les chevaux dans l’Écriture représentent des forces que l’homme peut utiliser à son service. Toutefois le cheval requiert toujours la main ferme d’un cavalier pour canaliser son énergie, qui peut servir soit pour le bien, soit pour le mal. Les chevaux de la prophétie de ZacharieZacharie 1. 8-17 ; 6. 1-8 se promenaient simplement sur la terre. Ici, les quatre chevaux sont des canaux du jugement divin et sortent pour punir la terre. Leurs couleurs évoquent les différents agents dont Dieu va se servir : de vaines philosophies mondialement répandues ont dévasté les nations ; de terribles guerres ont ravagé les continents ; d’affreuses famines ont balayé les pays ; des pestes de diverses sortes ont décimé les populations. Ces choses ne sont donc pas nouvelles, mais elles vont maintenant se répéter à une échelle qui n’a jamais encore été atteinte. Les hommes peuvent bien appeler tout cela les caprices inévitables du sort, mais Jean montre que c’est l’Agneau sur le trône qui décide de tous ces événements providentiels sur la terre.
À l’ouverture du premier sceau, Jean “entend” et “voit” simultanément. Apparaissent d’abord un cheval blanc et son cavalier. La couleur du cheval symboliserait un pouvoir triomphant et prospère. Ce conquérant irrésistible sort pour vaincre1, sans pour autant répandre de sang. Il possède un arc, arme qui sert dans le combat à distance, mais pas de flèches. Il reçoit déjà une couronne, ses victoires seront rapides.
L’ouverture de ce sceau, annoncé par le second vivant (semblable à un veau) fait apparaître un cheval roux, couleur du sang, comme aussi du dragon, Satan (12. 3). Le cavalier reçoit une grande épée, arme utilisée dans le combat corps à corps. Ordre lui est donné d’ôter la paix apparente et précaire que le cavalier précédent avait établie. La paix universelle dont le monde rêve, tout en refusant l’autorité du Prince de paix, ne peut être que de courte durée1 Thessaloniciens 5. 3. Elle ne sera établie durablement que sous le sceptre de Christ pendant son règne.
Une terrible guerre (civile peut-être) s’ensuivra. Les hommes s’entre-tueront, comme au temps de Gédéon ou de SaülJuges 7. 22 ; 1 Samuel 14. 16. Il ne s’agira pas seulement des guerres qui éclatent aujourd’hui dans un secteur limité de la planète, mais d’un règne mondial de la terreur, dans lequel le sang sera versé sur toute la surface de la terre. Le Seigneur avait déjà annoncé à ses disciples ces grands conflits de nation contre nation et de royaume contre royaumeMatthieu 24. 7.
Sur l’ordre du troisième vivant (semblable à un homme), un cheval noir, symbole de deuil, apporte une grande famine. Le Seigneur en avait aussi parlé : “Il y aura des famines” Matthieu 24. 7. Avec ces jugements de Dieu qui tombent alors sur la terre, il n’est pas étonnant qu’une grande famine succède à un grand conflit.
“Une voix” au milieu des quatre vivants annonce qu’on ne pourra pas obtenir désormais plus d’une mesure de froment ou plus de trois mesures d’orge2 pour un denier. Seuls, l’huile et le vin échappent à ces restrictions. Celui qui prononce cette parole n’est pas désigné, fait qui se renouvelle assez fréquemment dans l’Apocalypse.
Au lieu d’armes de guerre, le cavalier tient maintenant une balance, destinée à mesurer soigneusement la nourriture, comme dans une ville assiégéeÉzéchiel 4. 16, 17 ; Lévitique 26. 26. C’est indispensable du fait de la disette et du prix prohibitif atteint par la nourriture de première nécessité. Du temps du Seigneur, un denier correspondait au salaire d’un ouvrier pour une journée entière de travailMatthieu 20. 2. On recevait alors huit mesures de froment contre un denier ; maintenant, on n’en obtient qu’une seule (un litre environ).
Des produits moins indispensables, mais très utiles à la subsistance des hommesOsée 2. 8. 22, resteront disponibles, sur cet ordre divin : “Ne nuis pas à l’huile ni au vin”. L’huile sert pour la cuisine, l’éclairage et les soins corporels. Le vin, en l’absence d’eau potable, est la boisson normale pour les repas. Bien qu’encore disponibles, ces produits ne pourront être achetés qu’avec parcimonie, faute de moyens matériels. La famine prédite n’est pas rigoureuse au point d’engendrer la mort comme à l’ouverture du sceau suivant (verset 8). Elle permet encore de survivre, mais péniblement. Il n’y aura plus la prospérité à laquelle une partie du monde, et plus particulièrement la civilisation occidentale, s’est si largement accoutumée. Peut-être, ce passage fait-il aussi allusion au contraste, dans le monde occidental, entre les pays pauvres et les pays riches, qui seront frappés les premiers.
Il est clair que les événements se succèdent pour serrer de près ceux qui habitent sur la terre. Les choses s’aggravent à mesure que l’Agneau ouvre les sceaux. D’abord, c’est la prétention d’un conducteur usurpant la place qui est refusée à Christ. Il en résulte des conflits qui font rage à travers la terre, du fait que les hommes rejettent l’autorité qui cherche à s’imposer. La destruction de l’économie et la famine se généralisent.