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Apocalypse
Sondez les Écritures - 5e année

Apocalypse 2. 12-17

Les choses qui sont. L’Assemblée responsable sur la terre

4. Pergame

Voilà un tableau saisissant des caractères prophétiques de l’Église lorsqu’un monde ennemi devient son protecteur. Se déclarant lui-même chrétien (en 313), l’empereur romain Constantin reconnaît la religion chrétienne. Un peu plus tard, l’empereur Théodose (en 392) la déclare seule religion officielle de l’empire romain. Dès lors, l’Église (céleste par appel) n’est plus persécutée par le monde, mais se place au contraire sous sa protection ; elle devient mondaine.

L’assemblée à Pergame1

La lettre à l’assemblée décrit un double état moral bien différent de celui de Smyrne.

  • 1. Au lieu de se séparer du monde pour rendre témoignage à un Christ rejeté, l’assemblée s’est installée dans le monde, domaine de Satan. De nombreux temples d’idoles ont été transformés en temples chrétiens, tandis que des fêtes païennes étaient adoptées par les chrétiens (la fête des Saturnales est baptisée fête de Noël par exemple) 2.
  • 2. Sous la protection du pouvoir civil, l’assemblée a pris le caractère d’une puissance abritant des principes moraux mauvais ou mélangés. Le Seigneur est même obligé de constater que Pergame habite là où Satan, le “dieu de ce siècle” 2 Corinthiens 4. 4 règne !

Le caractère de Christ

Devant cet état de choses, le Seigneur se présente comme ayant “l’épée aiguë à deux tranchants” (verset 12), caractère déjà nommé (1. 16).

L’épée à deux tranchants est la “Parole de Dieu” Hébreux 4. 12. Ce sera le titre du Seigneur de gloire lorsqu’il sortira du ciel pour exercer le jugement des nations avec l’épée sortant de sa bouche (19. 13, 15).

Lorsque l’Église cesse d’être entièrement soumise à sa Parole, le Seigneur se sert de celle-ci comme d’une épée pour sonder les cœurs et même exercer son jugement. Importante leçon pour tous les temps !

Le bien produit par la grâce

Néanmoins, du bien et de la fidélité à Christ subsistaient à Pergame. Pour la première fois, un résidu fidèle est distingué de la masse qui se détourne de Christ. Antipas, un martyr3, comme ceux de la période précédente (Smyrne), avait porté le caractère de son Maître, le “fidèle témoin” (verset 13 ; 1. 5 ; 3. 14). Pergame tenait donc encore ferme le nom et la foi de Christ, en face de l’hérésie d’Arius (l’arianisme) qui niait la divinité du Fils de Dieu et la valeur de la rédemption par son œuvre. Dieu veillait sur ses droits, en dépit du déclin de l’Église !

Les dangers et le blâme

Le Seigneur reproche deux choses à l’assemblée à Pergame ; au milieu d’elle, des personnes “tenaient” deux fausses doctrines ; celle de Balaam (verset 14) et celle des Nicolaïtes (verset 15). Il n’est pas dit que ces doctrines étaient même enseignées ; elles étaient simplement tolérées, sans être jugées et abandonnées. Le mal moral ou doctrinal non jugé souille l’assemblée tout entière.

  • 1. La doctrine de Balaam4 : c’était une tentation extérieure. Par amour pour le salaire d’iniquité2 Pierre 2. 15, Balaam, retenu par Dieu de maudire Israël, avait poussé le peuple à un double péché :
  • L’idolâtrie, un péché spirituel : “Enfants, gardez-vous des idoles” 1 Jean 5. 21.
  • La fornication, un péché dans le corps : les “convoitises charnelles, lesquelles font la guerre à l’âme” 1 Pierre 2. 11. Des “gens” à Pergame tenaient maintenant pour cette doctrine et tendaient des pièges aux chrétiens, dans ce double domaine doctrinal et moral.
  • 2. La doctrine des Nicolaïtes : ici, c’était un mal intérieur. Les pratiques immorales du monde païen, réprouvées à Éphèse, étaient érigées en doctrine à Pergame par des corrupteurs, au sein même de l’assemblée. Sous prétexte de liberté, un laxisme allant jusqu’à l’immoralité y était toléré et pratiqué.

La juxtaposition des versets 14 et 15 (“pareillement”) semble montrer qu’il s’agit d’une seule et même doctrine dont le contenu est éclairé par l’histoire de Balaam.

L’appel à la repentance et l’annonce du jugement

Si l’assemblée ne se repent pas, la lampe sera sans doute ôtée, mais ici, le jugement est particulièrement dirigé sur les éléments corrompus et corrupteurs dans l’assemblée qui sont encore distingués de l’assemblée tout entière.

La promesse au vainqueur

Pour la dernière fois, l’exhortation à écouter est placée avant la promesse au vainqueur ; la corruption avait bien fait des progrès dans l’Assemblée, mais n’y régnait pas encore. L’Assemblée est donc encore vue dans son ensemble, malgré son assujettissement au pouvoir temporel.

La promesse au vainqueur revêt ici deux caractères, tous deux en rapport avec les liens de l’âme avec Christ : la manne cachée et le caillou blanc.

  • 1. La manne cachée : la manne était le pain envoyé du ciel par Dieu pour nourrir son peuple Israël dans le désert ; figure d’une nourriture plus excellente : Christ lui-même dans son humanité. La manne cachée était celle qui avait été placée dans la cruche d’or devant l’ÉternelExode 16. 33 en souvenir de ses soins dans le désert ; elle était dans l’arche, dans le lieu très saint, au-delà du voileHébreux 9. 4. Pour nous, contempler par la foi Christ sur la terre est la nourriture de notre âme. Du ciel où il est caché à la vue du monde, Christ donne au vainqueur la nourriture excellente qui fait grandir dans la communion avec lui.
  • 2. Le caillou blanc5 : l’autre promesse au vainqueur est celle du caillou blanc portant un nom connu seulement de celui qui le reçoit.

Le caillou blanc est ici la marque de l’approbation secrète du Maître : un nom donné par Christ, un nom de tendresse et d’intimité de sa part. Ce nouveau nom, enfin, est un secret entre Christ et le racheté, car le lien de l’âme avec son Sauveur n’est connu que de celui qui en jouit.

Les rapports personnels de l’âme avec Christ comme nourriture et source de joie dans sa communion se forment sur la terre, mais produisent des résultats éternels.

Conclusion

Par manque de vigilance, les saints avaient laissé agir dans l’assemblée des personnes étrangères prêchant la mondanité, l’idolâtrie (“la doctrine de Balaam”) et l’immoralité (“la doctrine des Nicolaïtes”). Souvent, le discernement manque et plus encore l’énergie morale pour juger le mal. La confession et la repentance sont le seul chemin du relèvement, pour nous comme pour Pergame : “Repens-toi donc” (verset 16).

Notes

1Le nom de “Pergame” signifie “une tour”, symbole habituel de puissance, depuis la tour de Babel. En outre, dans la Rome antique, la riche ville de Pergame était devenue le haut-lieu des puissances occultes païennes.
2La fête païenne des Saturnales était célébrée au solstice d’hiver pour marquer la reprise de la course ascendante du soleil et honorer la naissance du fils de la « Reine des cieux ». Elle a été transformée au temps de Constantin en fête chrétienne rappelant la naissance du Christ, fils de Marie. Cent ans plus tard, apparaît le culte de Marie.
3Pour la première fois dans ce livre, le fidèle « témoin » devient un « martyr » (celui qui est mis à mort pour sa foi en témoignage pour Christ). Le mot français « martyr » dérive du mot grec qui signifie « témoin ».
4Balaam signifie « étranger ». Le plus méchant devin a prononcé les plus belles prophéties sur Israël (qui peuvent s’appliquer à l’Église). La Parole parle : 1. du chemin de Balaam (2 Pierre 2. 15) ; 2. de son erreur (Jude 11) ; 3. de sa doctrine (Apocalypse 2. 14). Sa mort est rapportée en Nombres 31. 8 et Josué 13. 21.
5

En Grèce, le caillou blanc était utilisé :

    pour signifier l’acquittement dans un jugement ;
  • pour honorer un hôte à qui il était remis, revêtu d’une inscription ;
  • pour donner la voix ou le suffrage dans certaines élections. Paul utilise le même mot dans le livre des Actes : “J’y donnais ma voix” (Actes 26. 10).

Apocalypse 2

12Et à l’ange de l’assemblée qui est à Pergame, écris : Voici ce que dit celui qui a l’épée aiguë à deux tranchants :

13Je sais où tu habites, là où est le trône de Satan ; et tu tiens ferme mon nom, et tu n’as pas renié ma foi, mêmea dans les jours dans lesquels Antipas était mon fidèle témoin, qui a été mis à mort parmi vous, là où Satan habite. 14Mais j’ai quelques choses contre toi : c’est que tu as là des gens qui tiennent la doctrine de Balaam, lequel enseignait à Balac à jeter une pierre d’achoppement devant les fils d’Israël, pour qu’ils mangent des choses sacrifiées aux idoles et qu’ils commettent la fornication. 15Ainsi tu en as, toi aussi, qui tiennent la doctrine des Nicolaïtes pareillement. 16Repens-toi donc ; autrement je viens à toi promptement, et je combattrai contre eux par l’épée de ma bouche.

17Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées. À celui qui vaincra, je lui donnerai de la manne cachée, et je lui donnerai un caillou blanc, et, sur le caillou, un nouveau nom écrit, que nul ne connaît, sinon celui qui le reçoit.

Notes

apl. omettent : même.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)