Voilà un tableau saisissant des caractères prophétiques de l’Église lorsqu’un monde ennemi devient son protecteur. Se déclarant lui-même chrétien (en 313), l’empereur romain Constantin reconnaît la religion chrétienne. Un peu plus tard, l’empereur Théodose (en 392) la déclare seule religion officielle de l’empire romain. Dès lors, l’Église (céleste par appel) n’est plus persécutée par le monde, mais se place au contraire sous sa protection ; elle devient mondaine.
La lettre à l’assemblée décrit un double état moral bien différent de celui de Smyrne.
Devant cet état de choses, le Seigneur se présente comme ayant “l’épée aiguë à deux tranchants” (verset 12), caractère déjà nommé (1. 16).
L’épée à deux tranchants est la “Parole de Dieu” Hébreux 4. 12. Ce sera le titre du Seigneur de gloire lorsqu’il sortira du ciel pour exercer le jugement des nations avec l’épée sortant de sa bouche (19. 13, 15).
Lorsque l’Église cesse d’être entièrement soumise à sa Parole, le Seigneur se sert de celle-ci comme d’une épée pour sonder les cœurs et même exercer son jugement. Importante leçon pour tous les temps !
Néanmoins, du bien et de la fidélité à Christ subsistaient à Pergame. Pour la première fois, un résidu fidèle est distingué de la masse qui se détourne de Christ. Antipas, un martyr3, comme ceux de la période précédente (Smyrne), avait porté le caractère de son Maître, le “fidèle témoin” (verset 13 ; 1. 5 ; 3. 14). Pergame tenait donc encore ferme le nom et la foi de Christ, en face de l’hérésie d’Arius (l’arianisme) qui niait la divinité du Fils de Dieu et la valeur de la rédemption par son œuvre. Dieu veillait sur ses droits, en dépit du déclin de l’Église !
Le Seigneur reproche deux choses à l’assemblée à Pergame ; au milieu d’elle, des personnes “tenaient” deux fausses doctrines ; celle de Balaam (verset 14) et celle des Nicolaïtes (verset 15). Il n’est pas dit que ces doctrines étaient même enseignées ; elles étaient simplement tolérées, sans être jugées et abandonnées. Le mal moral ou doctrinal non jugé souille l’assemblée tout entière.
La juxtaposition des versets 14 et 15 (“pareillement”) semble montrer qu’il s’agit d’une seule et même doctrine dont le contenu est éclairé par l’histoire de Balaam.
Si l’assemblée ne se repent pas, la lampe sera sans doute ôtée, mais ici, le jugement est particulièrement dirigé sur les éléments corrompus et corrupteurs dans l’assemblée qui sont encore distingués de l’assemblée tout entière.
Pour la dernière fois, l’exhortation à écouter est placée avant la promesse au vainqueur ; la corruption avait bien fait des progrès dans l’Assemblée, mais n’y régnait pas encore. L’Assemblée est donc encore vue dans son ensemble, malgré son assujettissement au pouvoir temporel.
La promesse au vainqueur revêt ici deux caractères, tous deux en rapport avec les liens de l’âme avec Christ : la manne cachée et le caillou blanc.
Le caillou blanc est ici la marque de l’approbation secrète du Maître : un nom donné par Christ, un nom de tendresse et d’intimité de sa part. Ce nouveau nom, enfin, est un secret entre Christ et le racheté, car le lien de l’âme avec son Sauveur n’est connu que de celui qui en jouit.
Les rapports personnels de l’âme avec Christ comme nourriture et source de joie dans sa communion se forment sur la terre, mais produisent des résultats éternels.
Par manque de vigilance, les saints avaient laissé agir dans l’assemblée des personnes étrangères prêchant la mondanité, l’idolâtrie (“la doctrine de Balaam”) et l’immoralité (“la doctrine des Nicolaïtes”). Souvent, le discernement manque et plus encore l’énergie morale pour juger le mal. La confession et la repentance sont le seul chemin du relèvement, pour nous comme pour Pergame : “Repens-toi donc” (verset 16).
En Grèce, le caillou blanc était utilisé :