C’est le message le plus court adressé aux sept assemblées, mais il est certainement très touchant.
Son nom signifie “myrrhe”, un symbole de la souffrance dans la parole de Dieu. La myrrhe porte en elle-même une odeur d’affliction. Avec l’aloès (figure de la mort), elle était utilisée par les Juifs pour embaumer les corpsJean 19. 39, 40.
L’épître à Smyrne présente un tout autre caractère que celle à Éphèse. Elle s’adresse à une assemblée fidèle qui doit traverser de terribles souffrances. Elle est soumise :
Prophétiquement, elle annonce une période d’environ cent cinquante ans (de 167 à 313) au cours de laquelle l’église a supporté dix persécutions successives de la part de l’empire romain, symbolisées par la période de “dix jours” (verset 10) 1.
Le Seigneur se présente d’abord à l’assemblée à Smyrne comme “le premier et le dernier, qui a été mort et qui a repris vie”. Ces attributs de Christ ont déjà été mentionnés dans la vision du Fils de l’homme, comme liés aux gloires de la rédemption (1. 17, 18). Ils sont merveilleusement adaptés à la situation présente des saints : le Seigneur, ayant annulé la mort par sa croix, tient en main la puissance de la vie2 Timothée 1. 10. En ayant devant lui la perspective de connaître la mort du corps comme martyr, le croyant fidèle peut ainsi réaliser que la mort, comme la vie, lui appartient1 Corinthiens 3. 22.
Les afflictions supportées par les chrétiens de Smyrne avaient un triple caractère : tribulation, pauvreté et outrage des prétendus Juifs. Christ entrait en sympathie dans chacune d’elles, car il les avait connues avant eux.
Les tribulations endurées par Smyrne étaient permises par le Seigneur pour développer chez les saints la vie divine à la gloire de Dieu, et ramener le cœur de l’assemblée à l’état antérieur qu’elle avait abandonné. Chose solennelle, le Seigneur avait laissé Satan exercer sa puissance dans de telles circonstances (verset 10). Il en avait été de même pour Job dans son épreuveJob 1. 12, pour Pierre et les disciples criblés comme le blé aux heures de la croix de ChristLuc 22. 31, ou enfin pour Paul qui devait supporter son écharde avec patience2 Corinthiens 12. 7.
Aucun blâme n’est adressé à cette assemblée dans la souffrance, appelée justement l’église des catacombes ; aucune invitation non plus à la repentance. Tout au contraire, elle entend un touchant encouragement : “Ne crains en aucune manière les choses que tu vas souffrir”.
Devant Smyrne, Satan se présentait comme le lion rugissant : il fallait tenir ferme et demeurer fidèle jusqu’à la mort. Dans d’autres temps et d’autres circonstances (en particulier dans nos pays aujourd’hui), Satan se déguise en ange de lumière pour séduire les saints : alors il faut aussi tenir ferme et demeurer fidèle, mais pendant toute la vie. Dans les deux cas, la couronne de vie est promise à celui que le Seigneur maintient dans la fidélité :
La couronne de vie exprime la plénitude de la vie éternelle, déployée dans ses perfections au-delà de la vie d’épreuve et de la mort du martyr, dans la présence de Christ, couronné lui-même de plusieurs diadèmes (19. 12).
La promesse faite à celui qui vaincra dans l’assemblée à Smyrne est en rapport avec les circonstances que traversait celle-ci. Satan pouvait bien se déchaîner contre les fidèles et lever contre eux l’épée de l’Empereur impie et persécuteur, il ne pouvait rien contre l’âme des saints, même si ceux-ci devaient connaître la mort du corps, la première mort.
La seconde mort, c’est l’étang de feu (20. 14), la part de ceux qui seront jugés devant le grand trône blanc, parmi lesquels seront les lâches, les incrédules, les idolâtres et les menteurs (21. 8). Il ne s’agit pas de la destruction de l’âme qui a une existence éternelle, car pour Dieu tous viventLuc 20. 38, mais d’une séparation définitive d’avec Dieu.
Tous ceux qui ont la vie de Dieu n’auront pas à souffrir de la seconde mort ; cette promesse est particulièrement rappelée ici pour soutenir la foi des martyrs qui étaient appelés à être fidèles jusqu’à la mort.
Les dix empereurs romains responsables de ces persécutions sont, dans l’ordre historique : Néron (déjà du temps de Paul), Domitien, Trajan, Marc-Aurèle, Septime-Sévère, Alexandre-Sévère, Décius, Valérien, Aurélien, Dioclétien (le plus acharné après Néron).
Les dix jours suggèrent peut-être aussi la durée de la dernière persécution, la plus violente.