L’apôtre entend les mêmes paroles que précédemment (17. 1 ; 21. 9), prononcées par l’un des sept anges portant les sept coupes de jugement. La première fois, c’était pour voir la cité terrestre, et entendre la sentence de jugement de la seconde Babylone, la prostituée. Maintenant, il s’agit de la cité céleste, la femme de l’Agneau. En effet, la sainte cité est identifiée avec la femme de l’Agneau (versets 9, 10). Ainsi, la cité n’est pas l’habitation de l’Assemblée ; elle constitue, en elle-même, l’Assemblée. En même temps, les rachetés ont le droit d’entrer dans la cité, par opposition à tous les méchants qui sont dehors (22. 15).
Pour jouir d’une juste perspective de la scène, l’apôtre doit monter sur une grande et haute montagne1, comme autrefois Balaam pour voir la beauté du peuple de DieuNombres 23. 9, 28, comme Moïse pour contempler le pays de la promesseDeutéronome 34. 1 ou enfin comme Ézéchiel, pour voir la terre renouvelée d’Israël, la Jérusalem terrestre et le temple nouveau au milieu d’elleÉzéchiel 40. 2.
Le prophète invitait autrefois les gens de la maison d’Israël à être “confus à cause de leurs iniquités” devant la vision prophétique du temple nouveau et de la gloire de l’Éternel revenant au milieu de son peupleÉzéchiel 43. 10. Que la contemplation par la foi des gloires à venir de la nouvelle Jérusalem produise dans nos cœurs le même esprit de tristesse, en face de nos infidélités et du déclin de l’Église !
La sainte cité, nouvelle Jérusalem, présente deux caractères relatifs à son origine (versets 10, 11) :
La muraille, grande et haute, est posée sur douze fondements et possède douze portes.
La muraille d’une ville marque ses limites géographiques et administratives. Elle en assure la sécurité, grâce à la présence des gardiensÉsaïe 62. 6. Elle sépare aussi ce qui est saint de ce qui est profaneÉzéchiel 42. 20. Ainsi, la sainte cité demeure exempte de toute souillure (verset 27 ; 22. 14).
Les portes permettent d’entrer dans la ville ou d’en sortir, et de contrôler ainsi les relations avec l’extérieur. Il était important autrefois à Jérusalem de les maintenir en bon état, avec les battants, les verrous et les barres, et de ne les ouvrir qu’à bon escient, lorsque le soleil était chaudNéhémie 3. 3 ; 7. 3. Ces précautions ne seront plus nécessaires pour la sainte cité (verset 25).
La porte était aussi le lieu où se rendait le jugement ; c’était le centre administratif de la villeRuth 4. 1. La sainte cité en possède douze, symbole connu de la perfection administrative divine dans l’homme.
À chaque porte, un ange veille. Ils sont seulement serviteurs maintenant, et n’exercent plus le pouvoir administratif qui leur était confié autrefois ; ce n’est pas à eux que doit être soumis le monde habité à venir, mais à l’AssembléeHébreux 2. 5. Sur les douze portes, on voit le nom des tribus des fils d’Israël. Souvent les portes d’une ville sont nommées d’après la destination des routes qu’elles contrôlent. Ainsi, les bénédictions issues de la sainte cité se déverseront d’abord sur le peuple d’Israël pour s’étendre ensuite aux nations de la terre. La succession des points cardinaux présentée ici (est, nord, sud et ouest) rappelle la disposition des tribus d’Israël autour du tabernacle dans le désert2.
Les douze fondements de la muraille portent les noms des douze apôtres de l’Agneau, et non pas, comme les douze portes, celui des tribus d’Israël. Les croyants de l’Église ont été collectivement édifiés sur le fondement des apôtres et prophètes (du N.T.), Jésus Christ lui-même étant la maîtresse pierre du coinÉphésiens 2. 20 ; 1 Corinthiens 3. 11. En leur temps, les douze apôtres ont établi par leur ministère ce que serait le gouvernement et l’administration du royaume millénaire par l’assemblée. Ce n’est pas le point de vue du mystère caché concernant Christ et son Église (son corps) révélé par les écrits de l’apôtre Paul, qui n’était pas des douze1 Corinthiens 15. 9.
L’ange qui parlait à l’apôtre Jean disposait d’un roseau d’or (verset 15) pour mesurer la cité, selon des mesures d’ange (verset 17). C’est une perfection humaine évaluée par une créature céleste. Pour nous, mesurer les dimensions de la cité, c’est comprendre et connaître les mesures du dessein de Dieu et de l’amour du ChristÉphésiens 3. 18. Pour cela, il faut un roseau d’or, un instrument de mesure divin. Par contraste, l’homme, peut-être un ange, qui accompagnait le prophète Ézéchiel pour mesurer Jérusalem, ne disposait que d’une canneÉzéchiel 40. 5. Lorsque cette même ville est livrée aux nations avant le règne, l’apôtre Jean est invité à n’en mesurer qu’une partie, avec un roseau qui n’est pas d’or (11. 1).
D’ordre divin, les dimensions de la cité sont parfaites ; mais elles restent finies, car l’homme y est engagé et Dieu seul est infini. Bâtie sur un plan carré (la longueur et la largeur sont égales), la cité est un cube dans l’espace (la hauteur est égale aux dimensions de sa base) : toutes les arêtes sont identiques et toutes les faces sont d’égale surface. Cette perfection se retrouvait déjà dans les dimensions du lieu très saint du tabernacle dans le désert ou du temple dans le pays. La mesure de 12 000 stades (soit 1 500 milles romains ou 2 220 km) suggère plutôt une valeur symbolique que réelle. En comparaison, la dimension de la muraille est très faible (144 coudées, soit 70 mètres environ). Peut-être s’agit-il plutôt de son épaisseur que de sa hauteur ?
La répétition du nombre 12 et de ses multiples (144 ou 12 000) pour la cité, sa muraille, ses portes, ses fondements, les anges et les apôtres n’est pas fortuite. La cité est bien un joyau de l’œuvre de Dieu, exprimant en elle la perfection administrative de ses voies.
L’ordre était le suivant (Nombres 2), trois tribus se plaçant à chacun des quatre points cardinaux :
Est : Juda, Issacar et Zabulon,
Sud : Ruben, Siméon et Gad,
Ouest : Éphraïm, Manassé et Benjamin,
Nord : Dan, Aser et Nephthali.
Joseph est scindé en deux pour respecter le nombre 12, et compenser l’absence de Lévi avec les autres tribus. La tribu sacerdotale était au milieu du camp, pour ainsi dire associée au tabernacle. De même, dans la sainte cité, les saints célestes seront sacrificateurs de Dieu et du Christ (20. 6).