Dans Thyatire, la quatrième assemblée, le Saint Esprit décrit la suite et la fin de l’histoire de l’Église, telle qu’elle avait été formée au temps des apôtres. Son terme, “jusqu’à la fin” (verset 26), est le retour du Seigneur. C’est à Thyatire et, pour la première fois à une assemblée, que son retour est présenté. L’Église primitive avait abandonné son premier amour (Éphèse), puis, après les persécutions (Smyrne), s’était alliée au monde (Pergame) ; le mal avait alors envahi l’Église tout entière pour prendre le caractère d’adultère, d’infidélité envers Christ. À la suite de Pergame, de l’an 600 environ A jusqu’au retour du Seigneur, l’histoire de Thyatire sera le symbole de l’église où l’homme aura tellement pris la place de Christ que, suscités par le Seigneur dans ce but, d’autres témoins apparaîtront à l’occasion de deux réveils (la Réforme et Philadelphie).
Dans l’histoire prophétique de l’Église sur la terre, Thyatire se place ainsi au milieu des sept assemblées. Les trois premières la précèdent et se succèdent pour aboutir à elle ; les trois dernières sont issues d’elle, pour coexister parallèlement avec elle jusqu’à la fin. Thyatire s’étend sur la plus longue période (environ quatorze siècles jusqu’à aujourd’hui). Et pendant près de huit cents ans (la majeure partie du Moyen âge), le seul témoignage que Christ ait réservé à son nom était caché en son sein. Quelle extraordinaire histoire !
Le Seigneur se présente comme le Fils de Dieu et non pas comme le Fils de l’homme (comme en 1. 13), justement parce que Thyatire n’a pas su reconnaître les droits du Christ, le Fils du Dieu vivantMatthieu 16. 16, sur son Assemblée. Jésus Christ en est le seul fondement1 Corinthiens 3. 11, non pas un homme, fût-il l’apôtre Pierre, comme l’enseigne l’église romaine. Il est aussi établi sur la maison de Dieu, comme grand sacrificateurHébreux 3. 6 ; 7. 28. Tous les systèmes qui ont érigé un clergé dans l’Église ont substitué l’homme au Fils de Dieu. Christ est aussi revêtu des attributs de la connaissance divine de tout et de l’exercice du jugement : ses yeux sont comme une flamme de feu et ses pieds sont semblables à de l’airain brillant.
Au milieu de Thyatire, le Seigneur discernait et approuvait les œuvres, le service, la patience, les fruits de l’amour et de la foi (deux vertus chrétiennes qui avaient déjà disparu dans la première assemblée d’Éphèse). Néanmoins, l’ordre moral trouvé chez les Thessaloniciens n’était plus réalisé : œuvres de foi, travail d’amour, patience d’espérance1 Thessaloniciens 1. 3 ; et l’espérance semblait oubliée à Thyatire.
Pourtant, on y trouvait un dévouement croissant : “Tes dernières œuvres… dépassent les premières”. Dans les jours sombres d’une corruption générale, la sainteté, l’énergie et le dévouement des fidèles brillaient avec d’autant plus de clarté. Comment douter que l’Esprit annonce déjà ici prophétiquement le témoignage de croyants faibles et persécutés, tels que les Vaudois du Piémont, maintenus fidèles en face d’un ensemble puissant, tyrannique et implacable conduit par des chefs se réclamant même de la succession apostolique. Dans la lignée de cette “si grande nuée de témoins” Hébreux 12. 1 qui avaient manifesté la puissance de la foi et la patience dans l’épreuve, le Seigneur suscite pour lui des témoins, qui, pourchassés dans ce monde et parfois au prix de leur vie, ont assuré la pérennité de l’Assemblée sur la terre, en face des portes du hadèsMatthieu 16. 18. Les persécutions de l’Inquisition, plus violentes et plus raffinées que les pires violences du monde païen, n’ont pu faire céder ceux qui “n’ont pas aimé leur vie, même jusqu’à la mort” (12. 11). Et Christ conserve dans son livre de souvenir écrit dans le ciel, le nom et les œuvres de ceux qui ont eu tant de prix pour lui. Certes, ils ne perdront pas leur récompense au jour des rétributions, mais ils goûteront à jamais l’approbation et la joie de leur MaîtreMatthieu 25. 21.
Le Seigneur interrompt son message aux fidèles de Thyatire, pour juger et condamner le système dans lequel l’Église dans son ensemble était tombée. Le levain du mal moral, religieux et ecclésiastique, avait fait lever la pâte tout entièreMatthieu 13. 33. Le caractère moral de ce faux système est figuré par Jésabel, fille du roi des Sidoniens, femme d’Achab, qui l’avait poussé à se vendre pour faire le mal et à tomber dans l’idolâtrie1 Rois 16. 30-33 ; 21. 25, 26. Cette femme1 impure et impie prend ici, en figure, la place de prophétesse (elle prétend parler de la part de Dieu), avant d’usurper la domination sur les nations et les rois de la terre comme reine (14. 8 ; 18. 3, 7) et d’être jugée comme la grande Babylone, la fausse épouse et la grande prostituée assise sur plusieurs eaux (17. 1-5).
Les péchés imputés à Balaam au sein de Pergame (verset 14), caractéristiques du mal venant du dehors (commettre la fornication et manger des choses sacrifiées aux idoles), sont maintenant portés au compte de Jésabel qui symbolise un système établi dans l’Église et qui, en fait, la représente. Quelle terrible aggravation ! Ce qui s’appelle l’Église prétend donc prendre la place de Christ, de l’Esprit Saint et de la parole de Dieu, pour dispenser un faux enseignement qui égare les croyants (“mes esclaves”, les esclaves de Christ). Les alliances profanes avec le monde et ses idoles sont qualifiées par l’apôtre Paul d’enseignements de démons (le célibat des prêtres et l’abstention de certaines nourritures, etc.) 1 Timothée 4. 1-3. Telle est la tyrannie de ce système ecclésiastique corrompu.
Le Seigneur laisse du temps pour la repentance (versets 21, 22), car le jugement divin n’est jamais exécuté avant que
Ce jugement revêt ici deux formes différentes :
Ce double jugement confirme l’omniscience de Christ, “qui sonde les reins et les cœurs”, et son caractère de “l’Éternel, le Dieu des rétributions”, qui “rend certainement ce qui est dû” (22. 12) Jérémie 51. 56.