Agrippa a demandé d’entendre Paul. L’apôtre est prêt à donner les raisons de son espérance. Son attitude illustre ce que Pierre nous enseigne : “Soyez toujours prêts à répondre, mais avec douceur et crainte, à quiconque vous demande raison de l’espérance qui est en vous” 1 Pierre 3. 15. Le mot “crainte” implique à la fois le respect envers celui qui pose une question et l’attitude d’humilité que nous devons avoir devant notre DieuÉsaïe 8. 13. Paul ne relève donc pas les fautes des autorités, contrairement à ce qu’un avocat aurait fait. Il fonde son argumentation sur des choses connues d’Agrippa et vécues par lui.
“Il t’est permis de parler pour toi”. Par ces mots, Agrippa accorde à Paul une faveur qu’il n’avait jamais obtenue auparavant. L’apôtre accepte l’invitation à défendre sa cause et salue respectueusement le roi par un geste de la main. Il ne craint pas Agrippa mais respecte son autorité puisqu’elle est instituée par DieuRomains 13. 1-7. Sachant Agrippa expert dans les coutumes religieuses juives, Paul le met à l’aise en soulignant sa capacité de comprendre ce qu’il va dire. Il réclame son attention jusqu’au bout, sachant par expérience qu’il peut être interrompu à tout moment (22. 22 ; 23. 7 ; 24. 25).
Dans un grec élégant et bien adapté à un auditoire « distingué », l’apôtre rappelle quelle a été sa conduite parmi son peuple. Il était connu de ses compatriotes comme pharisien zélé, tant dans son pays natal qu’à Jérusalem.
Paul parle ensuite de son espérance. Elle implique la résurrection du Messie. Il n’est coupable d’aucune « innovation » dans ce domaine puisque Dieu avait fait cette promesse aux pères en affirmant à Abraham que sa postérité deviendrait une source de bénédiction universelle. Paul est aussi en accord avec Moïse et les prophètes car ils ont tous annoncé la même espérance (verset 23). Cette espérance n’est pas incongrue, puisque les douze tribus attendent son accomplissement. Le point capital, souligne Paul, est que cette promesse s’est réalisée. Pour ce seul fait il est mis en accusation, et cela par des Juifs !
Paul ne cache rien car Dieu nous veut transparents. Il continue en confessant son fanatisme pendant une période tragique de sa vie. Il n’a jamais hésité à rappeler ce qu’il était avant sa conversion, même devant les grands personnages de ce monde. Il s’accuse lui-même plutôt que d’accuser autrui.
Paul rappelle qu’il n’hésitait pas à utiliser tous les moyens à sa disposition pour lutter contre les disciples de Jésus, allant même jusqu’à les traquer à l’étranger. Il croyait bien faire mais reconnaît que ses actes étaient uniquement dirigés par ses propres pensées. C’est exactement la base de toute religion humaine. Elle ne contient que ce que l’homme pense de lui-même, de Dieu, du péché, du salut, des Écritures.
Le rappel de ces faits devait être très pénible pour l’apôtre, mais il était un exemple vivant d’un homme totalement transformé par la puissance de Dieu. Par lui-même l’homme est incapable de se réformer, de s’améliorerRomains 3. 9-20. Mais ce que l’homme ne peut faire dans son incapacité totale, Dieu l’accomplit.
Dans sa hâte à atteindre Damas pour persécuter les chrétiens, Paul n’hésitait pas à voyager en pleine chaleur du jour. Il n’a été pour rien dans sa rencontre avec Jésus. Elle s’est faite inopinément sur le chemin de Damas, à midi, au vu de tous ceux qui l’accompagnaient. Jésus s’est soudainement révélé à lui et Paul a été bouleversé dans tout son être. Il avait la preuve de la réalité de la résurrection de Jésus Christ car le Seigneur s’était révélé en personne. Paul n’était pas forcé d’obéir mais a compris que s’il regimbait contre les aiguillons qui l’obligeaient comme un bœuf à changer de direction, il ne ferait que se blesser davantage. L’apôtre souligne qu’il ne peut s’agir d’une hallucination. Ceux qui l’accompagnaient peuvent en témoigner, ayant été terrassés comme lui.
Comme Paul l’a fait, il est important, dans notre témoignage, de ne pas cacher l’état où Dieu nous a trouvés par grâce, car cela enlève tout propre mérite et exalte la grâce.
Le caractère sous lequel Dieu se révèle à un homme pour la première fois indique souvent l’orientation qu’il veut donner à sa vie entière. Paul en est un exemple frappant. Sa conversion est le symbole de son ministère apostolique. Il sera marqué essentiellement par deux révélations qui ont accompagné sa conversion :
Le Seigneur a donné à Paul la raison de son salut et l’objet de sa mission : un message de liberté, d’affranchissement du péché, de pardon.
Après de telles révélations, Paul pouvait-il désobéir à la vision venue du ciel ? Il avait commencé son voyage à Damas comme envoyé des principaux sacrificateurs, il quitte cette ville comme envoyé (apôtre) du Christ.
En parlant de sa mission, Paul résume avec une concision admirable l’œuvre de salut et de régénération nécessaire à tout pécheur : conviction de péché, repentance, justification, sanctification. Le moyen pour y parvenir est unique : la foi en Jésus Christ.
Paul ajoute qu’il a été obéissant et a propagé l’évangile dans de nombreux endroits, en commençant à Damas, le lieu de sa conversion, puis à Jérusalem, là où il avait étudié et en Judée parmi son peuple, enfin chez les païens. A tous, il a annoncé le même message : se repentir et se tourner vers Dieu en faisant des œuvres qui prouvent l’authenticité de leur repentanceLuc 3. 8.
L’apôtre termine en démontrant que l’espérance d’Israël est le Christ. Il ne dit rien de plus que ce que les prophètes ont toujours annoncé, savoir que le Christ devait souffrir et mourir, et que, ressuscité le premier d’entre les morts, il apporterait la lumière non seulement aux Juifs, mais aussi aux païens.
Pendant cette audience, Paul a su profiter de l’occasion pour changer sa défense en un témoignage qui invite à la foi. Le but de l’apôtre n’était pas de se justifier mais d’amener son auditoire à obéir à Christ2 Corinthiens 10. 4-9. Les paroles de Jésus ont résonné dans la salle. Paul savait que seule la Parole de Dieu peut pénétrer dans l’être intérieur et discerner les pensées et les intentions du cœurHébreux 4. 12, 13.