En annonçant l’évangile, Paul risquait sa vie pour un message que les Juifs trouvaient offensant et les païens incroyable. Festus traite Paul d’insensé. Jésus n’a pas été mieux traitéMarc 3. 21. Pire, ses concitoyens l’ont accusé d’avoir un démonJean 10. 20. Pour un monde matérialiste et égoïste, il semble stupide de tant risquer pour gagner si peu. Mais en suivant fidèlement le Seigneur, on découvre rapidement que la sagesse humaine n’est que folie devant Dieu1 Corinthiens 3. 19 et qu’en Christ seul se trouvent cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissanceColossiens 2. 3.
Festus ne peut accepter que quelqu’un puisse ressusciter des morts. Pour lui, c’est insensé, comme encore aujourd’hui pour beaucoup d’autres. Il explose et interrompt Paul : “Tu es hors de sens, Paul ; ton grand savoir te met hors de sens” ! Festus perd la retenue qui l’avait caractérisé jusqu’à ce moment. La puissance des paroles de Paul l’a réduit à son état naturel. Festus est l’exemple de l’homme qui, animé par ses propres sentiments, ne peut recevoir les choses de Dieu car elles lui sont folie1 Corinthiens 2. 14.
L’apôtre répond avec politesse, sobriété et humilité. C’est la meilleure preuve de la santé de son esprit. Il sait qu’il ne pourra jamais gagner Festus, si ce n’est par une attitude humble et soumise. Non, il n’est pas fou. Ce qu’il dit a un sens. Du reste, le roi qui l’écoute aussi connaît ces choses.
Paul peut comprendre l’ignorance de Festus qui ne saisit rien à cette affaire. Par contre, Agrippa n’ignore rien de ce qui s’est passé. Comment l’aurait-il pu, même s’il avait vécu sa jeunesse à Rome ? Il connaissait le christianisme par les rapports des Juifs et certainement par le témoignage des chrétiens.
L’apôtre domine encore la scène. Avec tact mais fermeté, Paul rappelle à Festus qu’il parle devant le roi, à sa demande. Bien qu’Agrippa ne puisse démentir les propos de Paul, il tarde à prendre position. C’est donc vers lui que Paul se tourne soudainement.
Les mots tombent, pénétrants : “O roi Agrippa ! crois-tu aux prophètes ? Je sais que tu y crois” !
Par cette question, Paul retourne les rôles. Il est des moments où il ne faut pas hésiter à encourager solennellement une âme à s’engager. C’est au tour d’Agrippa d’être assigné, mais devant Dieu ! C’est sa propre culpabilité qu’il devrait confesser. Le roi n’est pas étranger aux Écritures. Il connaît les évidences et les exigences attachées à la personne du Messie et à sa venue. Il ne peut éluder la question s’il veut se prononcer sur l’affaire. Comme Saul sur le chemin de Damas, Agrippa se trouve face à face avec Jésus le Nazaréen. Comment va-t-il réagir ? S’il répond oui, le roi se rapproche de Paul. S’il dit non, il s’aliène les Juifs.
Comme beaucoup d’autres, Agrippa était curieux d’entendre un chrétien mais il ne fallait pas toucher à sa conscience et parler des droits de Christ sur sa vie. Pratiquant la religion juive avec un cœur vide, il cache sa gêne en éludant la question : “Tu me persuaderas bientôt d’être chrétien” ! Agrippa sent qu’il ne faudra pas beaucoup de temps à Paul pour le persuader totalement mais il refuse d’aller jusqu’au bout. Pour mieux cacher son trouble, il utilise le sobriquet attaché aux disciples de Jésus et donne un tour léger à sa réponse. Comme quelqu’un l’a dit : « Hélas ! être à peu près convaincu, devenir presque un chrétien, c’est être encore tout à fait perdu ». Festus a raillé, Agrippa a hésité. Les deux, pourtant si différents, se rejoignent en refusant l’évangile.
Paul sait que l’audience approche de son terme. Le temps presse. Il s’adresse au roi puis à tous en les suppliant de se laisser persuader, que cela prenne peu ou beaucoup de temps. Qu’ils deviennent comme lui, des serviteurs de Dieu, à l’exception des chaînes qui le retiennent prisonnier ! Malgré les liens, Paul est libre dans son esprit. Les deux ans de captivité n’ont fait que renforcer son amour pour les âmes qui est plus grand que son souhait d’être délivré de ses chaînes. Demandons à Dieu qu’il nous donne le réel désir de voir des personnes amenées à Jésus, un désir si fort qu’il relègue nos propres problèmes dans l’ombre.
En adressant au roi et à la salle une dernière parole, Paul invite en fait toute l’humanité à venir à Christ. Moralement, le prisonnier méprisé est au-dessus des gouverneurs et des rois et de tous ceux qui l’écoutent. Quelle dignité dans cette âme remplie de la vie divine !
Au lieu d’accepter l’offre de salut présentée par Paul, le roi, le gouverneur, Bérénice, les notables de la ville, tous se lèvent les uns après les autres et quittent la salle. Ils ont décidé de refuser Jésus Christ. Ils n’auront pas d’excuse devant le trône blanc quand Dieu jugera les vivants et les mortsApocalypse 20. 11-15.
Ils confèrent entre eux et concluent à l’innocence de Paul. Implicitement ils reconnaissent que les affirmations de Paul ne sont pas frauduleuses mais vraies. Mais à quoi bon innocenter l’apôtre ? Paul ira à Rome puisqu’il en a appelé à César, comme pour dire : il s’est condamné lui-même. Pilate a reconnu Jésus juste et s’est lavé les mains, croyant rejeter toute la responsabilité du crime sur le peuple juifMatthieu 27. 24. Agrippa sait Paul innocent mais rend l’apôtre responsable de la prolongation de son emprisonnement. Comme serviteur d’un Seigneur rejeté par les hommes, Paul ne pouvait s’attendre à une autre issue.