Sans tarder, une quarantaine de Juifs se liguent dans une conjuration le lendemain de la comparution de Paul devant le sanhédrin. Ils jurent de ne rien manger ni boire avant d’avoir assassiné Paul et demandent à Dieu de maudire les parjures. Quelle folie ! Ils ne peuvent savoir que Paul est invulnérable jusqu’à ce qu’il ait accompli son service car Dieu est avec luiÉsaïe 8. 10. Les conjurés réussirent à impliquer dans leur plan les principaux sacrificateurs et les anciens, la partie la plus hostile du sanhédrin, qui deviennent ainsi leurs complices. Aberrante attitude que de vouloir maintenir une religion par le meurtre ! Mais leur haine ne fait que hâter l’accomplissement du plan de Dieu.
Comme citoyen romain, Paul peut recevoir des visites en prison. Par un jeune neveu qui vient le voir, Paul apprend l’existence d’un complot. Même s’il se sait sous bonne garde comme prisonnier dans la forteresse, mieux encore dans la main du Seigneur qui l’a fortifié la nuit précédente, Paul n’hésite pas à utiliser cette information pour échapper une nouvelle fois à la mort. Il fait communiquer la nouvelle au commandant. La manière dont le jeune homme est reçu par ce commandant montre que ce dernier avait une certaine estime pour Paul.
Dieu maîtrise les circonstances. Pour avertir Paul du guet-apens, Dieu permet que le neveu de Paul en entende parler. Rien n’est fortuit, tout est providentiel et divinement simple dans ce récit ! Dans cette affaire un jeune homme neutralise une quarantaine de conspirateurs déterminés à aller jusqu’au bout de leurs intentions. Pour nous délivrer des ruses de l’ennemi, Dieu ne se sert pas nécessairement de miracles ou de prophéties2 Rois 6. 32. Il dirige les événements et utilise les circonstances de la vie comme Il le veut en recourant souvent à des moyens naturels.
Le verset 21 semble indiquer que le commandant avait fait quelque promesse au sanhédrin au sujet de l’affaire de Paul. Il change maintenant ses plans de telle manière que le complot soit déjoué.
Comme commandant de la forteresse, Claude Lysias ne veut pas prendre la responsabilité de l’assassinat d’un citoyen romain à Jérusalem. Il préfère transférer Paul de la juridiction juive à la juridiction romaine en l’envoyant à Césarée, le quartier général de l’administration provinciale de la Judée. Il ne lésine pas sur les moyens : 470 soldats, cavaliers et porte-lances sont réunis sous la conduite de deux centurions pour faire sortir Paul dès 9 heures du soir hors de Jérusalem ! Plus de dix fois le nombre des conspirateurs ! La protection du Romain, un païen aux yeux des Juifs, contraste étonnamment avec la haine de chefs religieux du peuple de Dieu.
La troupe est nombreuse, particulièrement dans la première partie du voyage jusqu’à Antipatris, car dans cette région montagneuse, les embuscades sont faciles. Le commandant rédige aussi une lettre adressée au “très excellent gouverneur” (le titre officiel de Félix1). Il arrange la version des faits à son avantage à la fois pour redorer son blason et pour se débarrasser d’un prisonnier gênant. Mais il reconnaît Paul innocent comme tous les autres magistrats qui s’occuperont ensuite de cette affaire.
La lettre officielle de Lysias ne change en rien la situation de Paul. Peu à peu, les avertissements et les prophéties donnés à Paul se réalisent selon le plan de Dieu.
Paul arrive sain et sauf à Césarée. Le danger est passé. Il est délivré du guet-apens, mais reste assigné en prison préventive, dans le prétoire qui servait de quartier général au procurateur. Le service chrétien implique beaucoup de souffrances, de renoncement et de déceptions mais le serviteur est accompagné des soins journaliers du Seigneur, de son réconfort et de ses encouragements.
Dans toute cette affaire, Luc reste aussi muet sur le sort des conspirateurs, qui n’ont certainement pas hésité à rompre leur serment, que sur les réactions des frères de Jérusalem. Aucun frère n’est venu au secours de Paul. Ils s’étaient pourtant bien empressés de proposer un compromis à Paul afin qu’il passe publiquement pour un bon Juif.
Dans sa solitude, Paul a certainement pensé à celle de son Seigneur, laissé seul par ses propres disciples en face de ses jugesMarc 14. 50. Dans l’épreuve, rappelons-nous ces paroles du Seigneur : “Je ne te laisserai point et je ne t’abandonnerai point”. Pleine de confiance, l’âme peut alors affirmer : “Le Seigneur est mon aide et je ne craindrai point : que me fera l’homme ?” Hébreux 13. 5, 6
Au moment de l’arrestation de Paul, Félix gouverne la Judée depuis cinq ans. Il est maintenu dans ce poste encore deux ans avant d’être renvoyé. Né esclave, il doit son affranchissement et son poste de gouverneur à l’empereur Claude grâce à l’influence de son frère, un affranchi de la mère de l’empereur. Sans scrupule, il n’hésitait pas à faire assassiner ses propres partisans. Il fut gouverneur de la Judée de 52 à 59 ap. J.-C. et se rendit odieux par ses massacres répétés, ses crimes et son immoralité. Tacite dit de lui qu’il exerçait l’autorité d’un roi avec un esprit d’esclave. C’est devant un tel homme que Paul doit comparaître à Césarée.
Malgré ses origines humbles, Félix eut successivement trois femmes d’origine royale. La dernière, Drusille, était la plus jeune fille d’Hérode Agrippa I.