Les conséquences pratiques de notre identification avec Christ sont développées dans les versets 6 à 11.
Dieu considère le croyant comme mort avec Christ, identifié avec Christ crucifié au point qu’il est dit : “Notre vieil homme a été crucifié avec Christ”. C’est un fait qui a eu lieu et nous avons à le savoir, à l’accepter par la foi, parce que Dieu le déclare. Tout ce que j’étais comme homme responsable, enfant d’Adam, méritant la mort – le
Notre corps tout entier était l’instrument du péché, cette volonté de mal intérieure à laquelle il ne pouvait résister. Ses facultés, ses sens, étaient comme réduits en esclavage (verset 19), au point qu’il est envisagé comme formant un tout avec le péché : “le corps du péché”. Impossible de l’améliorer, il fallait que cet état soit annulé, que ce corps soit soustrait à la domination du péché.
Ainsi, Dieu a cassé l’emprise irrésistible qu’avait le mal sur l’être tout entier. Ceci ne veut pas dire que cette source intérieure de mal soit ôtée, mais que le croyant n’en est plus esclave. Celui qui est “mort au péché” n’est plus tenu de lui obéir, il n’est plus sous l’obligation de le servir.
Ceci ne concerne pas seulement certains croyants pieux, les autres demeurant esclaves du péché. L’apôtre a rappelé au verset 3, que nous avons tous été baptisés pour la mort de Christ.
“Celui qui est mort est justifié du péché”. Il est très important de bien comprendre qu’il ne s’agit pas ici des péchés, car un homme mort demeure responsable devant Dieu des péchés qu’il a commis pendant sa vie. Mais on ne peut plus l’accuser d’avoir en lui le péché – volonté de mal. Il en est définitivement quitte. Un mort n’est plus esclave du péché et ne lui doit plus rien. Le croyant a été justifié des péchés par l’œuvre de Christ pour lui, par la foi en son sang ; il est justifié du péché parce qu’il est mort avec Christ.
Il est clair que le but de Dieu n’est pas de nous laisser dans la mort. Si nous avons été identifiés avec Christ dans sa mort, c’est pour le suivre dans sa nouvelle condition d’homme ressuscité, pour vivre avec lui. “À moins que le grain de blé, tombant en terre, ne meure, il demeure seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit” Jean 12. 24. Cette image est d’une expressive beauté. Il était impossible que Christ durant sa vie soit uni à nous, pécheurs. Il devait entrer dans la mort pour nous et là nous sommes identifiés, faits une même plante avec lui. Comme du grain de blé mourant en terre sort la plante qui porte un plein épi, Christ sort du tombeau en amenant avec lui, liés à lui, tous ceux qui désormais participent à sa vie en résurrection.
Ce n’est pas un objectif qui nous est proposé ni un devoir : “Nous croyons que nous vivrons aussi avec lui”. C’est un fait assuré qu’il nous faut recevoir par la foi, et qui repose sur ce que Dieu a fait, non pas nous. Or Christ a passé par la mort une fois pour toutes et la puissance de la mort a été détruite par sa résurrection. Il vit et nous vivons avec lui dans une vie sur laquelle la mort n’a aucun pouvoir. Cette conviction, cette certitude intérieure, repose sur la connaissance personnelle d’un Christ ressuscité, celui que la mort ne pouvait retenirActes 2. 24, que Dieu a glorifié. Quelle assurance pour le croyant ! Si Christ ne meurt plus, la vie qu’il a donnée à ceux qui croient en lui ne peut pas cesser non plus ; elle est éternelle.
Christ avait une œuvre à accomplir à l’égard du péché. Il est venu pour cela, pour prendre en grâce notre place de pécheur. Et il n’est pas mort parce qu’il ne pouvait plus vivre, mais volontairement en s’offrant lui-même comme sacrifice pour le péché. Une fois son sacrifice accompli, il vit maintenant ressuscité, uniquement en relation avec Dieu. “Il vit à Dieu” (ou pour Dieu), n’ayant plus rien à faire avec le péché.
Jusqu’à la croix, homme sans péché vivant sur la terre dans une étroite intimité avec Dieu, Christ avait cependant affaire au péché en souffrant parce qu’il était juste. Sur la croix, ayant livré son âme en sacrifice pour le péchéÉsaïe 53. 10, il a été abandonné de Dieu en portant nos péchés, mais maintenant, il en a fini avec le péché. Combien il était “à l’étroit” Luc 12. 50, serré de toutes parts sur la terre, quoique rien n’ait pu l’empêcher de répandre abondamment sa grâce sur tous. Maintenant, ayant achevé l’œuvre, Christ est entièrement libre pour vivre pour Dieu. Par la mort, le croyant est aussi libéré du péché pour vivre pour Dieu. C’est un fait, mais difficile à saisir : aussi trouvons-nous ici la première des exhortations qui lui sont adressées : “De même, tenez-vous vous-mêmes pour morts au péché”. C’est en s’appuyant sur ce qu’il sait être vrai de Christ que le croyant peut et doit s’approprier ce qui est maintenant sa part en lui. L’apôtre dit : “de même” parce que nous avons été identifiés avec Christ. Là est la source de toute bénédiction.
Remarquons encore qu’il ne s’agit pas de faire mourir ou de mortifier son corps, mais bien d’accepter ce que Dieu a fait. L’exhortation du verset 11 peut se lire : “Faites votre compte que vous êtes morts au péché”. Il serait impossible de recevoir cela s’il n’y avait la bienheureuse contrepartie : “mais pour vivants à Dieu dans le Christ Jésus”, vivants dans la conscience et l’activité bénie de cette relation avec Dieu qui nous est donnée en Christ. C’est en lui seul que nous avons la source de la vie et les ressources journalières pour marcher d’une manière digne de lui.
Soulignons encore la valeur et la nécessité pratique de ce lien vivant par quelques passages bibliques :
“Nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ” (5. 1).
“Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est dans son Fils” 1 Jean 5. 11.
“Séparés de moi, vous ne pouvez rien faire” Jean 15. 5.